Et de cinq. Un mois après le Tour de Romandie, Lenny Martinez a signé son retour à la compétition de la plus belle des manières ce mercredi sur la Mercan’Tour Classic. Sur son petit nuage depuis le début d’année, le jeune grimpeur tricolore s’est adjugé la victoire, sa cinquième en 2024, et ce malgré une chute dans l’ascension du Col de la Couillole. Il a finalement disposé de Clément Berthet dans les derniers hectomètres menant à Valberg. David Gaudu a lui pris la 18e place après avoir animé l’avant-dernière ascension, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a décroché son neuvième bouquet de l’année.

À l’occasion de sa quatrième édition, la Mercan’Tour Classic opérait quelques changements à son tracé ce mercredi. Si la Colmiane (16km à 5,4%) et la Couillole (16 km à 7,3%) demeuraient au programme de cette Classique pour grimpeurs, l’arrivée était en revanche située dès le premier passage à Valberg, dans la foulée de la Couillole. Exit, donc, la montée finale de Valberg. En revanche, l’ascension de la Baisse de Cabanet à travers le Col de la Porte entrait dans l’équation en début de course. Au bout du compte, le dénivelé positif restait donc relativement similaire avec plus de 4500 mètres à escalader. En présentant Lenny Martinez et David Gaudu au départ, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’attendait à endosser le poids de la course, ce qui s’est confirmé très tôt alors qu’une échappée de six s’est dégagée et que Pierre Latour a tenté d’anticiper dès la première ascension. « Vu l’équipe qu’on avait, on a assumé, confirmait Benoît Vaugrenard. On voulait durcir, notamment dans la dernière ascension, afin d’avoir le moins de coureurs présents au sommet car il restait ensuite treize kilomètres et on savait que ça pouvait être tactique. On préférait durcir, quitte à perdre ». Dès la montée de La Colmiane, Reuben Thompson et Quentin Pacher ont donc été mis à contribution et Valentin Retailleau, dernier échappé, a été rapidement avalé. « Ils ont fait le travail de sape, puis les gars ont fait une belle descente, ajoutait Benoît. Dans la dernière ascension, on avait prévu que Kevin prenne le manche dès le pied puis que Rudy prenne le relais. C’était du tableau noir de ce point de vue-là ».

« C’était du grand Lenny », Benoît Vaugrenard 

Grâce à un solide travail collectif, le peloton s’est réduit à une vingtaine d’unités, et Lenny Martinez a donc décidé de placer son premier démarrage à dix kilomètres du sommet de la Couillole. « L’objectif était d’imprimer un gros tempo puis d’attaquer avec David, explique le Cannois. J’ai attaqué mais le niveau était assez homogène, donc je n’ai pas réussi à sortir comme ça ». Le groupe de tête s’est en revanche résumé à une dizaine d’hommes, et les deux leaders de la Groupama-FDJ se sont chargés d’accompagner chaque mouvement. David Gaudu venait d’ailleurs juste de suivre une accélération quand son jeune coéquipier s’est retrouvé à terre. « Je suis tombé très bêtement en touchant une roue, confiait Lenny. J’ai regardé si tout allait bien avec le vélo et je suis reparti. Ça m’a quand même contraint à un gros effort pour rentrer et j’y ai laissé une petite cartouche ». « On s’est fait une petite frayeur, mais j’ai vu à ce moment-là qu’il marchait vraiment très fort car il est rentré avec une facilité impressionnante, racontait Benoît. C’était du grand Lenny ». Alors que le jeune homme recollait, David Gaudu a répondu à une attaque de George Bennett, et le duo a pris quelques longueurs d’avance sur le reste, jusqu’à ce que le Breton ne décroche à cinq bornes du sommet. « Je me sentais vraiment bien, et ça m’a lâché d’un coup », confiait-il.

Lenny Martinez a donc repris le relais, et s’est en allé chercher Bennett, avec Matthew Riccitello, Clément Berthet et bientôt Harm Vanhoucke dans son sillage. Un quintette s’est dégagé à trois bornes du but, et Berthet a ensuite profité d’un certain marquage pour prendre quinze secondes d’avance. « C’était difficile de sortir avec les deux Israel-Premier Tech, confiait Lenny. C’était un peu tactique. J’ai tenté de sortir une dernière fois avant le sommet, et j’ai réussi. J’ai tout mis pour rentrer sur Clément et je me suis dit que ça pouvait être pas mal de finir à deux. Je craignais le jeu d’équipe dans le cas où on se retrouvait avec les deux coureurs d’Israel en haut ». Grâce à une franche accélération, le coureur de la Groupama-FDJ a pu avaler son compatriote et même le distancer légèrement avant le sommet de la Couillole. Le duo s’est finalement reformé dans la courte descente précédant la remontée sur Valberg. « Je lui ai dit qu’il fallait qu’on s’entende et que ce serait bête que ça rentre de l’arrière, ajoutait Lenny. On a bien collaboré, c’était super ». Leur avantage s’est consolidé autour des trente secondes sur leurs plus proches poursuivants, puis Lenny Martinez a patienté jusqu’à la flamme rouge pour produire son ultime et décisive estocade. « J’ai essayé de lancer mon sprint plus tôt, et ça l’a fait », complétait-il.

« C’est une course que je voulais gagner cette année », Lenny Martinez

Dominateur malgré sa chute et ses nombreux efforts, Lenny Martinez s’est ainsi offert son cinquième succès de la saison. Et pas n’importe où. « Ce n’est pas très loin de la maison et c’est une course que je voulais gagner cette année, confiait-il. Je suis très content que ça se finisse comme ça. Il y a deux ans, j’ai fait huitième, j’ai fait quatrième l’an dernier et premier cette année. Ça démontre mes progrès et il y a aussi eu une très belle équipe, donc ça fait plaisir ». David Gaudu a rejoint la ligne environ cinq minutes plus tard, en 18e position. « J’ai explosé, c’est comme ça, mais le principal est qu’on ait gagné, assurait le Breton. J’avais de bonnes jambes le reste de la journée, je pense que le job a été fait et l’objectif est rempli ». « Il y a eu une bonne course de toute l’équipe, concluait Benoît. Lenny a été impérial, à l’image de son début de saison sur les courses d’un jour. Il les maîtrise bien, il sait faire, il court intelligemment et il a aussi cette pointe de vitesse qui lui permet de s’en sortir dans tous les scénarios. Il est aussi en confiance. Tout lui réussit. Il est épatant, car cinq victoires ce n’est pas donné. C’est un sniper, il ne se loupe quasiment pas. Pour l’équipe, c’est une victoire qui compte car on va arriver dans une phase importante pour nous avec le Critérium du Dauphiné, le Tour de Suisse, le championnat de France et le Tour. L’objectif était de se mettre sur les bons rails dès aujourd’hui, et ça a été fait ».

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