Lors de la dix-huitième étape du Tour d’Espagne ce jeudi, Thibaut Pinot aura de nouveau tout essayé. Le grimpeur de Melisey n’a néanmoins pu conclure sa belle journée à l’avant par la victoire que lui et l’Équipe cycliste Groupama-FDJ recherchent tant. Ressorti de l’échappée initiale à cinquante kilomètres du but au sein d’un groupe réduit, le Franc-Comtois a été rattrapé par les favoris du classement général à moins de trois kilomètres du sommet de l’Alto del Piornal, mais il s’est malgré tout accroché pour signer une sixième place méritante sur la ligne. En sa compagnie dans la première échappée, Rudy Molard a pris la 21e place, deux rangs derrière Sébastien Reichenbach, 19e. En revanche, l’équipe a perdu Bruno Armirail, malade, et Quentin Pacher sur chute.

Plus de 3500 mètres de dénivelé positif étaient à avaler ce jeudi sur la Vuelta, mais pour les coureurs, les premières difficultés ne débutaient qu’après une centaine de kilomètres depuis le départ de Trujillo. Avant la double ascension de l’Alto del Piornal, la bataille pour l’échappée s’annonçait donc encore disputée sur un terrain relativement plat. Comme d’habitude, la Groupama-FDJ a tâché de se mêler à la lutte, et cette fois-ci, Thibaut Pinot ainsi que Rudy Molard en ont été récompensés. Après une heure de course environ, les deux hommes ont pu intégrer un groupe d’une quarantaine d’unités. « L’échappée est partie au bout de quarante kilomètres sur une petite route, racontait Thibaut. Ça s’est fait dix kilomètres après la très grosse chute qui s’est produite dans le peloton et qui, je pense, a refroidi un peu tout le monde ». « C’était un peu particulier, car il a fallu que les mecs se remobilisent après la chute, ajoutait Philippe Mauduit. Ils étaient un peu choqués par les images quand ils ont notamment vu le retour de Quentin dans le peloton. Il leur a fallu un petit temps avant de se remêler à la bataille puis l’échappée est sortie en 3-4 vagues. Thibaut a accompagné la première, Rudy la troisième ». Alors que Quentin Pacher est reparti meurtri dans sa chair, ses deux coéquipiers ont retrouvé pléiade de clients à l’avant, et l’échappée a pu prendre jusqu’à neuf minutes d’avance. « Les échappées à quarante, ce n’est jamais facile à gérer, assurait Thibaut. Ça roule très mal et il n’y a pas beaucoup d’entente. C’est pour cette raison qu’on a perdu beaucoup de temps sur le peloton quand ça a mis en route derrière ».

« On va retenter, je suis motivé », Thibaut Pinot

Aux environs de la mi-course, UAE Team Emirates et Joao Almeida ont en effet profité des pentes les plus coriaces de la journée pour lancer les grandes manœuvres. En quelques kilomètres, la course a pris un nouveau tournant et l’écart a pratiquement été réduit de moitié. « Ça a bien rebattu les cartes car derrière, un contre-la-montre était lancé pour le peloton », glissait Philippe. À l’entame de la première ascension de l’Alto del Piornal (13,6 km à 5%), le groupe de tête ne comptait même que trois minutes de marge. « Dans l’avant-dernier col, j’ai fait l’effort pour basculer avec le moins de coureurs possibles, pour justement aller plus vite en ayant une bonne entente », expliquait Thibaut, alors sorti en puissance avec Hugh Carthy, Richard Carapaz, Sergio Higuita, Elie Gesbert et Robert Gesink. « Il fallait absolument tenter de repartir avec des coureurs suffisamment forts et qui aient le même intérêt pour éviter le retour des favoris », confirmait Philippe. Au sommet, la différence était faite avec le reste de l’échappée, mais les prétendants au classement général, engagés dans une lutte à distance pour les places d’honneur, se montraient eux toujours aussi menaçants. Ainsi, malgré une coopération relativement efficace, le groupe de tête voyait son matelas réduit à moins de deux minutes au pied de la montée finale de l’Alto del Piornal, par un autre versant, tout aussi roulant (13,3 à 5,6%). « On avait très peu de marge, reprenait Thibaut, et au pied du col, on s’est un peu marqués avec Carapaz. Gesink et Gesbert en ont donc profité ».

Alors, sur une pente peu propice aux attaques, Thibaut Pinot est resté intercalé pendant l’essentiel de la montée, en compagnie de l’Équatorien. « Ayant déjà gagné deux étapes, Carapaz a peut-être bluffé un peu et comptait sur Thibaut pour le ramener à l’avant », supposait Philippe. Le groupe maillot rouge, après avoir revu Almeida, a lui continué à effectuer sa remontée. À trois kilomètres du sommet, le duo Thibaut Pinot-Richard Carapaz a donc dû rentrer dans le rang alors que le seul Gesink demeurait aux commandes. Le Néerlandais a d’ailleurs tenu jusqu’aux 500 derniers mètres avant de voir Remco Evenepoel l’emporter. Thibaut Pinot s’est lui arraché dans les roues jusqu’au sommet pour terminer avec les autres favoris, en sixième position. « Il n’y a pas de doute sur la condition physique de Thibaut, mais les circonstances de course n’étaient pas de son côté », tranchait Philippe. « C’est dommage car c’est pratiquement la seule échappée qui ne va pas au bout sur cette Vuelta, commentait Thibaut. Je n’ai pas de regrets. Les jambes étaient correctes, mais c’est juste frustrant de ne pas jouer la gagne jusqu’au sommet. On va retenter, je suis motivé. Il reste deux belles étapes, et celle du jour va laisser des traces dans le peloton. Le point négatif et dommageable aujourd’hui, c’est de perdre Quentin. On va finir à cinq mais on va tout faire pour bien finir ».

« Perdre Quentin sur chute, c’est une grosse déception », Philippe Mauduit

Car la Groupama-FDJ a en effet perdu deux éléments ce jeudi. Bruno Armirail n’a pas pris le départ et Quentin Pacher a été contraint d’abandonner à la suite de sa chute. « Bruno était malade et très fatigué, expliquait Philippe. Il avait déjà dû fournir un effort surhumain hier pour rentrer dans les temps. Aujourd’hui, ça n’aurait pas été raisonnable de le faire partir. Quant à Quentin, il a apporté un état d’esprit bagarreur et beaucoup d’entrain dans le bus. Il a vraiment porté cette équipe pendant trois semaines, et même quand il était malade, il était un élément important pour le groupe. Sur le terrain, on a pu voir l’étendue de ses performances. Il était sur un retour en forme hyper intéressant pour les 3-4 dernières étapes. Alors, le perdre sur une chute aussi vilaine aujourd’hui, c’est une grosse déception pour lui et pour nous, car on aurait aimé pouvoir batailler avec lui jusqu’à Madrid. On ne va pas baisser les bras pour autant. Évidemment, on a mathématiquement moins de chances, mais on a tout de même des coureurs valides, vaillants et qui ont de l’envie. Seb, Rudy et Thibaut sont de retour en forme après leurs petits pépins de la semaine dernière. On va aller jusqu’à Madrid en restant combatifs ».

A lire dans cette catégorie…

1 commentaire

Pichon

Pichon

Répondre

Le 9 septembre 2022 à 14:56

Très bien d’être dans le suivie des départs d’échappées motivés pour réussir bravos à toute l’équipe avec vous peine énergie transmise pour aller gagner une étape. Un supporter de Poitiers