Après avoir momentanément goûté à la tête de la course lors de la quatorzième étape, en aidant Michael Storer à intégrer le bon wagon, Clément Davy a ce vendredi profité d’une véritable échappée lors du dix-neuvième acte de la Vuelta. Vers Íscar, le Mayennais de 25 ans n’a pu éviter l’emballage massif attendu, mais il a en revanche été le dernier homme à rendre les armes, à tout juste vingt kilomètres de la ligne. Au terme d’un sprint perturbé par une grosse chute, Lewis Askey a obtenu son troisième top-10 de l’épreuve (7e) tandis qu’Alberto Dainese s’est imposé.

Au sortir de trois arrivées au sommet consécutives, la Vuelta retrouvait un terrain plus abordable ce vendredi, à l’occasion de la dix-neuvième étape tracée vers Íscar, en Castille-et-Leon. Le kilométrage du jour s’élevait à 177 kilomètres et aucune difficulté ne figurait sur le chemin des coureurs. « C’était une étape plate donc on pouvait imaginer que ça arrive au sprint, mais on sait qu’en troisième semaine, le peloton a parfois du mal à aller chercher les échappés, exposait Benoît Vaugrenard. Clément était motivé pour aujourd’hui ». L’ancien champion de France junior du chrono s’est donc exécuté, et après une poignée de minutes, s’est joint à une échappée de quatre coureurs comprenant aussi Paul Lapeira, Mathis Le Berre et Michal Schlegel. « Après avoir passé de belles années aux côtés d’Arnaud à gérer le peloton et les échappés, j’ai toujours eu à cœur de faire l’inverse, sachant que cet effort me correspond bien, confiait le Mayennais. J’avais donc vraiment à cœur d’être dans l’échappée aujourd’hui. Pour moi, ce n’était pas un simple baroud d’honneur. En troisième semaine d’un Grand Tour, tout est possible avec la fatigue, sachant que les équipes de sprinteurs étaient bien entamées par certains abandons et tous les kilomètres parcourus. Et puis, qui ne tente rien n’a rien ». L’avance du quatuor a flirté avec les trois minutes après quinze bornes de course, mais a ensuite été immédiatement maintenue autour des deux minutes. « Malheureusement, on a vite compris qu’Alpecin-Deceuninck ne voulait pas leur laisser de temps », confessait Benoît.

« Je ne voulais avoir aucun regret ce soir », Clément Davy

Dès lors, les kilomètres se sont enchaînés sans que les échappés puissent véritablement nourrir des espoirs de succès. Le peloton est même revenu à moins d’une minute à plus de cinquante kilomètres de l’arrivée. « Je pense qu’on a vraiment bien géré notre journée, assurait Clément. S’ils nous ont laissé aussi peu de temps, c’est peut-être aussi qu’on leur faisait peur. On a fait une belle partie de manivelles, et on ne peut pas avoir de regret dans notre gestion. Je n’étais pas super au niveau des sensations, mais ça allait de mieux en mieux au fil des kilomètres. Après, c’est le peloton qui décide, surtout sur ce genre de profil et avec un vent défavorable toute la journée. Il n’y avait pas grand-chose à faire et on partait avec un certain désavantage. Le sprint bonus ne nous a pas aidés non plus, car étant placé aussi près de l’arrivée, le peloton souhaitait le disputer ». À l’approche des vingt derniers kilomètres, le paquet a ainsi fondu sur les attaquants mais Clément Davy a insisté, s’est isolé, et a pu franchir en tête le sprint intermédiaire avant d’être rattrapé. « Je ne voulais avoir aucun regret ce soir, et c’est le cas, concluait-il. J’ai eu mon échappée, sur une étape relativement plate mais qui me correspondait. Il fallait y croire. Je suis content de ma journée malgré tout car ça roulait vite et bien. Je suis aussi content d’avoir pris part à cette échappée avec deux autres Français avec qui je me tirais la bourre il y a quelques années dans le peloton amateur ».

« Je n’ai pas pris les bonnes décisions », Lewis Askey

Regroupé, le peloton a ainsi filé vers le sprint massif attendu, mais une chute importante dans les deux derniers kilomètres a notamment projeté le favori du jour, Kaden Groves, au sol. Les coureurs de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ sont pour leur part parvenus à passer entre les gouttes. « On devait jouer le sprint avec Sam, reprenait Benoît. Lewis devait l’emmener mais il y a eu un petit cafouillage suite à la chute, qui a désorganisé le peloton. Lewis ne savait pas où était Sam ». « J’avais mal aux jambes après l’étape hier mais je me sentais mieux sur le final, confiait Lewis. J’ai évité la chute mais j’ai regardé derrière et je n’ai vu qu’un mec de Cofidis dans ma roue. Je me suis dit que Sam était tombé car je ne l’ai pas entendu. Ensuite, je ne savais pas trop quoi faire et je suis resté un peu dans la boule. Quand Alberto Dainese m’a doublé, j’ai trop hésité et je me suis retrouvé dans le vent sans vitesse. J’ai quand même réussi un gros sprint aujourd’hui, mais je n’ai pas pris des bonnes décisions dans le final ». Finalement premier homme de l’équipe sur la ligne, Lewis Askey s’est octroyé la septième place alors que Sam Watson a hérité du seizième rang, en deuxième rideau. Samedi, l’avant-dernière étape de la Vuelta aura des allures de montagnes russes avec dix montées et aucun mètre de plat. Elle constituera l’ultime opportunité pour les grimpeurs et puncheurs.

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