Thibaut Pinot est un artiste, de cette race de champions capables du meilleur à tout moment ! Vainqueur dimanche de la quinzième étape du Tour d’Espagne au sommet des Lagos de Covadonga, il s’est imposé en Principauté d’Andorre en disposant son dernier compagnon d’échappée, le porteur du maillot rouge Simon Yates (Mitchelton-Scott).

Cette étape était particulière, ne proposant aucun relief avant d’affronter les premières rampes du col de la Rabassa, long de 17 kilomètres et au sommet duquel était tracée la ligne d’arrivée. Des deux étapes andorranes, celle-ci n’était peut-être pas la mieux taillée pour Thibaut mais dans une course limpide, il a fait parler l’excellence de ses jambes dans les douze derniers kilomètres !

Avant que cette explication entre costauds ait lieu, il y a eu une très grosse bataille pendant deux heures pour désigner l’échappée du jour. Elle a été composée de deux coureurs, l’Espagnol Castroviejo (Team Sky) et Benjamin Thomas, à 80 kilomètres de l’arrivée. Ces deux très bons rouleurs ont été efficaces, repoussant le peloton emmené par l’équipe Movistar jusqu’au pied de l’ascension finale.

La course est alors devenue un combat entre les favoris et le matin, au départ de Lleida, Thibaut avait délimité les possibilités qui lui étaient données de gagner : «  Il y a encore deux belles journées pour les grimpeurs, avait-il dit. On va essayer de faire au mieux aujourd’hui et demain surtout. Si j’ai des bonnes jambes comme le week-end dernier ça peut me convenir. Dimanche dernier, on avait un enchaînement de cols. Là c’est vraiment tout plat jusqu’à La Rabassa donc ça va vraiment monter très vite. Pourquoi pas faire un bon résultat aujourd’hui ? Il va y avoir une bataille pour le classement général, et il y aura une bataille pour la victoire d’étape. À moi d’en profiter !  »

« Quand j’ai vu Kruijswijk et Quintana, je me suis dit que c’était le bon moment » T. Pinot

Kruiswijk (LottoNL-Jumbo) et Quintana (Movistar) ont été les deux premiers attaquants après quatre kilomètres d’ascension. Thibaut ne se sentait pas mal, n’avait pas envisagé attaquer si tôt mais il a finalement suivi son inspiration à douze kilomètres de l’arrivée. Revenant sur les deux hommes de tête avant de voir rappliquer Simon Yates seul.

« Je ne pensais pas attaquer de si loin, dit le leader de l’équipe cycliste Groupama-FDJ, mais quand j’ai vu Kruijswijk et Quintana, je me suis dit que c’était le bon moment. Je pensais que Valverde ferait le jump mais c’est Yates qui est revenu et a roulé fort pour creuser l’écart. Il m’a fait comprendre que si je l’aidais, il me laisserait la victoire et je ne me suis donc pas posé de questions même si j’en ai fait moins que lui parce que je ne savais pas si Kruijswijk bluffait. Ce dernier a perdu le contact et j’ai attendu le dernier moment pour faire mon sprint. Gagner une deuxième fois, c’est la cerise sur le gâteau ! »

« Dans les cinq derniers kilomètres, j’étais fou, j’en ai tordu le volant. » F. Pineau

Parce que cette équipe est formidable, il est bon de rappeler le grand travail de Benjamin Thomas en amont, la formidable abnégation des autres équipiers qui ont placé Thibaut idéalement au pied de la dernière ascension tandis que Rudy Molard a signé un nouveau top 20 et grimpe à la quinzième place du classement général. De quoi rendre Franck Pineau hystérique !

« Quel pied ! disait-il en éclatant de rire, mais je suis dingue, je vais prendre des bétabloquants parce que le cœur va péter ! Dans les cinq derniers kilomètres, j’étais fou, j’en ai tordu le volant. Ce sport, quand t’as la chance de vivre ça, procure des sensations dingues. Et puis Thibaut, oui, c’est un artiste ! »

Il est important de préciser que ce même jour le sélectionneur de l’équipe de France Cyrille Guimard a ajouté, pour le championnat du monde, Thibaut Pinot et Rudy Molard dans la sélection où se trouvait déjà Anthony Roux. 

Il n’est pas vain non plus de rappeler qu’il s’agit de la trentième victoire de Groupama-FDJ cette année ! 

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