L’attente aura cette fois-ci été plus courte. À peine deux mois après son dernier succès, libérateur, sur le Tour des Alpes, Thibaut Pinot a donc remis ça ce samedi sur la septième étape du Tour de Suisse, qui se concluait au sommet de Malbun, au Liechtenstein. Membre de l’échappée matinale en compagnie de Lewis Askey, le grimpeur franc-comtois a parfaitement géré son effort dans l’ascension finale avant d’aller s’imposer en solitaire. Derrière lui, Sébastien Reichenbach a signé une belle neuvième place lui permettant de remonter au sixième rang du général, tandis que Stefan Küng a très bien limité la casse et reste ancré à la septième position à la veille du chrono final, dont il sera un réel favori.

Suite et fin de la montagne, ce samedi, sur le Tour de Suisse, qui pour l’occasion s’en allait faire une excursion chez son voisin du Liechtenstein. En direction de Malbun et à travers l’ascension du Lukmanierpass en début de course, c’est une nouvelle arrivée au sommet qui était proposée aux coureurs après quasiment 195 kilomètres de course. Pour l’Équipe cycliste Groupama-FDJ et Thibaut Pinot, le plan d’attaque était clair : se projeter à l’avant. « J’ai passé un début de semaine compliqué mais j’ai pris confiance vendredi en voyant que j’étais de nouveau capable de suivre les leaders, relatait Thibaut Pinot. Je me suis alors dit que si j’étais dans l’échappée aujourd’hui, il y avait de grandes chances que je puisse jouer la victoire. C’était le but depuis hier soir ». C’est finalement après une trentaine de kilomètres que tout s’est dénoué. Lewis Askey a d’abord accompagné un premier coup, auquel s’est greffé Thibaut Pinot dans les contreforts de la longue ascension du Lukmanierpass (29 km à 5%). « L’échappée n’a pas été facile à prendre, assurait l’intéressé. Beaucoup d’équipes ne voulaient pas que j’aille dedans, il a donc fallu forcer un peu le destin et l’équipe a fait un super travail pour me mettre devant. Antoine a vraiment contrôlé le peloton pour me permettre de gicler dans l’échappée. C’est aussi un travail d’équipe ». « Il a fallu faire le forcing, qu’il y aille à la pédale, confirmait Yvon Madiot. On ne voulait pas non plus qu’il soit tout seul. L’idée était de mettre un coureur avec lui, et ça s’est avéré être Lewis. Il a beaucoup travaillé pour Thibaut dans la première partie de course ».

« J’étais venu pour vivre ce genre d’étape », Thibaut Pinot

C’est notamment à la suite d’un gros relais du Britannique à cinq kilomètres du sommet du premier col que Thibaut Pinot a placé une offensive. Il a été accompagné par Clément Berthet, et tous deux ont pris jusqu’à trente secondes d’avance avant d’être revu par une partie de l’échappée. À l’issue de la descente du Lukmanierpass, c’est donc un groupe de quatorze hommes qui ouvrait la route. Un moment proche des huit minutes, l’écart s’est réduit à cinq minutes dans la longue vallée menant à l’ascension finale. « On a vite compris que la stratégie du peloton était de laisser entre trois et quatre minutes d’avance », ajoutait Yvon. Et la différence était donc de … 3’30, au moment d’attaquer l’ultime montée vers Malbun (12,6 km à 8,6%), au Liechtenstein. Un écart potentiellement suffisant pour jouer la victoire, et la bagarre s’est immédiatement lancée parmi les hommes de tête, Ion Izagirre mettant les chevaux dès le pied. Après un moment de temporisation, Thibaut Pinot a récupéré les coureurs intercalés et s’est alors retrouvé en poursuite avec Alexey Lutsenko. Les deux hommes ont demeuré à trente secondes de l’Espagnol pendant un long moment, avant que le coureur de Melisey n’accélère l’allure à cinq kilomètres du but. Après s’être débarrassé du Kazakh, il a recollé à l’Espagnol à deux bornes du sommet avant de le décrocher quasi-immédiatement. Le Franc-Comtois s’est dès lors envolé vers une victoire tout en maitrise.

« Il faisait tellement chaud qu’il ne fallait surtout pas que je me mette dans le rouge dès le pied, commentait-il. C’était risqué mais ma tactique a été la bonne. Il n’y pas eu d’affolement, mais on doute forcément un petit peu quand on a quarante secondes de retard. La vitesse au pied était trop élevée pour moi, et je me doutais qu’Izagirre allait sûrement le payer sur le final, qu’on savait aussi très raide. Sous ces chaleurs, si on se met un peu en surrégime, on le paie forcément. C’était du contrôle, même si on n’est jamais sûr de son coup. J’ai fait ma montée, et ça a marché ». « Au rythme, il est remonté coureur après coureur, ajoutait Yvon. Il l’a fait un peu au métier, au courage et aussi grâce à une bonne condition ». Grâce à un avantage supérieur à trente secondes sous la flamme rouge, Thibaut Pinot a pu savourer, dans les derniers hectomètres, son deuxième succès de la saison. Un succès à la saveur naturellement différente, mais très spéciale également. « Je fais du vélo pour gagner, soutenait-il après l’arrivée. J’étais venu sur le Tour de Suisse pour ça, pour vivre ce genre d’étape. Cette victoire représente beaucoup. Le Tour de Suisse reste pour moi l’une des plus belles courses de la saison. Gagner ici confirme tout le travail fait depuis le début de saison. C’est très bon aussi en vue du Tour de France, et ça va me permettre d’arriver serein au départ. Gagner sous 35 degrés, c’est également important pour moi. Je suis allé à la voiture énormément de fois, j’ai pris beaucoup de bidons. J’ai essayé de rester au frais le plus possible, c’était le plus important pour moi ». « C’était quand même un autre niveau que lorsqu’il a gagné en Italie, glissait Yvon. Il continue de passer des paliers, gentiment ».

« Stefan partira avec un double objectif », Yvon Madiot

Après avoir apporté à l’équipe sa huitième victoire de l’année, Thibaut Pinot a également vu Sébastien Reichenbach et Stefan Küng réaliser, eux aussi, de très belles montées. Le grimpeur valaisan a terminé neuvième à 50 secondes de Sergio Higuita, nouveau leader, alors que Stefan Küng a limité ses pertes à 1’40 sur le Colombien. « C’est une grande victoire, lançait Yvon Madiot, et la journée au global n’est pas mal non plus puisqu’on a encore deux coureurs dans le top-10 au général. Seb et Stefan ont réalisé une super performance, et on a eu une belle confirmation de la grande forme de Stefan. Il a lâché du temps, car c’était un col très difficile, mais il est toujours là, il s’accroche ». Ce samedi soir, Sébastien Reichenbach occupe la sixième place du général, à 2’09 du maillot jaune, talonné par son compatriote, septième dix secondes plus loin. « L’objectif de ma préparation n’était pas de faire le général de ce Tour de Suisse, mais j’ai passé un vrai cap dans la montagne cette saison, et je ne me fixerai plus de limites dans la tête, expliquait le double champion d’Europe du chrono. On verra comment ça ira dans l’avenir. J’ai effectué une préparation pour être performant sur le chrono, notamment en vue du Tour et je n’ai donc pas peur pour demain ». Un exercice de 25,6 kilomètres en solitaire déterminera les places finales du Tour de Suisse ce dimanche. « Il va faire un très bon chrono, mais peut-être que les jambes vont peser lourd après deux jours de combat dans la montagne, ponctuait Yvon. Il aura un surcroit de motivation car il se battra pour un très beau général. Il partira en tout cas avec un double objectif demain ».

1 commentaire

Didier TONARELLI

Didier TONARELLI

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Le 24 juin 2022 à 21:35

Bientôt une victoire d étape supplémentaire pour Thibault pinot sur le tour..et le retour du panache…