Ce jeudi vers Bort-les-Orgues, en Corrèze, Romain Grégoire a profité de l’étape reine du Tour du Limousin pour conforter encore un peu plus son trône. Maillot jaune depuis sa victoire lors du premier acte, le Bisontin n’a pas faibli sous le coup de la pression. Bien au contraire, le jeune homme de 20 ans a fait honneur à son statut et terrassé la concurrence dans les derniers hectomètres de la montée finale. En patron, mais aussi après un travail collectif remarquable, il s’est donc octroyé sa deuxième victoire de la semaine et a par la même occasion élargi son avance au classement général. Michael Storer, septième du jour, demeure troisième du général avant le final à Limoges vendredi.

C’est la journée dont tout le monde parlait depuis le départ du Tour du Limousin. La troisième étape, de quasiment 200 kilomètres entre Sarran et Bort-les-Orgues, faisait effectivement figure d’étape reine. Non seulement en raison des plus de 3000 mètres de dénivelé positif recensés sur le parcours, mais surtout compte tenu de la double ascension de la côte du Puy de Bort (6km à 6%) dans les trente derniers kilomètres. Rarement un final aussi ardu avait été proposé sur l’épreuve, conférant ainsi à la journée un enjeu décisif. Pour l’Équipe cycliste Groupama-FDJ, la première tâche a comme la veille été de filtrer l’échappée, ce qui fût réalisé après une quarantaine de minutes et la fugue de six hommes : Nicolas Debeaumarché (St-Michel-Mavic-Auber 93), Martin Marcellusi (Green Project-Bardiani CSF-Faizane’), Callum Macleod (A Bloc CT), Thomas Bonnet (TotalEnergies), Andrea Mifsud (Nice Métropole Côte d’Azur) et Alessandro Iacchi (Team Corratec). « On savait qu’il ne fallait pas compter sur l’aide de nos adversaires principaux aujourd’hui, initiait Philippe Mauduit. Effectivement, on n’a pas eu d’aide, et on n’a non plus pas cherché à en avoir car ce sont des journées fondatrices pour un groupe. Je ne voulais pas qu’on ait besoin de qui que ce soit aujourd’hui, je voulais qu’on assume seuls et que les garçons gardent ça en mémoire longtemps ».

« Une pensée pour tous ceux qui se sont sacrifiés », Romain Grégoire

Comme les deux jours précédents, Matthieu Ladagnous a donc pris la tête des opérations au terme de la première heure et imprimé la cadence au sein du paquet. Plus tard, il a été rejoint et relayé par Fabian Lienhard, et l’écart n’a jamais réellement pris de l’ampleur. Le Suisse l’a même ramené à quatre minutes à l’entame des quarante derniers kilomètres, et poussé l’effort jusqu’au pied de la première ascension du Puy de Bort. Alors bien plus tendu, le peloton ne pointait qu’à 2’40 de l’échappée, et Rein Taaramae s’est assez vite détaché en poursuite. L’Estonien est resté intercalé durant toute la boucle finale alors que Reuben Thompson et Rudy Molard tenaient les rênes d’un peloton réduit à une cinquantaine d’hommes. « Ça s’est fait purement et simplement sur le physique aujourd’hui, constatait Philippe. Je crois que le rythme imposé par nos garçons a tué la concurrence. Matthieu a encore été exceptionnel aujourd’hui, Fabian a fait un boulot incroyable. Quand Rein Taaramae nous a un peu mis en danger, Reuben et Rudy ont fait un travail idéal et ça nous a en réalité aidé à durcir la course ». À l’issue de la première montée et en direction de l’ascension finale, les écarts se sont resserrés alors que le maillot jaune pouvait encore compter sur quatre équipiers.

Tout est finalement revenu dans l’ordre peu après l’entame de l’ultime bosse, à moins de cinq kilomètres de l’arrivée. Rein Taaramae a été avalé, le dernier échappé Marcellusi également, et le peloton s’est très vite écrémé en raison d’un tempo très soutenu. « Initialement, on espérait avoir Rudy et Reuben avec nous au pied de la dernière ascension, expliquait Romain Grégoire. On ne les avait pas car ils avaient travaillé avant, et on a dû se débrouiller avec Michael ». Naturellement, une petite dizaine d’hommes a très vite fait la différence sur le reste de la meute, puis le maillot jaune a sauté dans la roue de Kévin Vauquelin lorsque celui-ci a esquissé une attaque. Puis, Michael Storer a tenté de calmer le jeu, tout en neutralisant les offensives majeures. « La dernière montée n’a pas été de tout repos avec les attaques de Vauquelin, Gesbert, Rodriguez, Herrada, reprenait Romain. Il y avait du monde, mais on était en surnombre avec Michael et c’est aussi grâce à ça que je m’en sors bien. Je pense qu’il a bien fait de monter par à-coups, ça me plait bien et ça évite d’emmener les autres dans un fauteuil ». À la suite d’une temporisation, Oscar Rodriguez, très loin au général, a toutefois réussi à prendre dix secondes d’avance à deux kilomètres du but. « Il fallait se sacrifier et Michael l’a fait, saluait Romain. Lui s’est sacrifié dans le final mais je voudrais avoir une pensée pour tous les autres qui se sont sacrifiés auparavant ».

« C’est fondateur », Philippe Mauduit

Dans les derniers hectomètres, l’écart s’est donc stabilisé, et peu après le passage de la flamme rouge, Jesus Herrada a tenté d’accélérer pour aller chercher son compatriote et ravir la victoire. Toutefois, le maillot jaune a bondi dans sa roue et, quelques instants plus tard, l’a décroché pour fondre sur Rodriguez et lui-même s’accaparer un nouveau succès. En maîtrise et en explosivité, Romain Grégoire s’est ainsi offert son deuxième bouquet de la semaine et son quatrième de l’année. « Je me suis fait mal, souriait le Franc-Comtois peu après la ligne. C’est une journée idéale. L’équipe a contrôlé toute la journée et on a pris nos responsabilités. Je pense qu’on est tous les sept cramés ce soir, mais ça valait le coup. Je me sentais bien, j’ai mis tout ce qu’il me restait dans la dernière ascension, et ça n’allait pas trop mal visiblement. En fait, j’attendais que ça démarre. Je n’étais pas du tout sûr de mon coup au début de la montée, mais quand on est arrivés à deux kilomètres de l’arrivée, que c’était un peu moins raide et que je me sentais toujours bien, je me suis dit que ça allait le faire et qu’ils n’allaient pas me distancer. J’avais un bon capital confiance, même si la victoire d’étape, c’était vraiment du bonus. Si Rodriguez prenait les bonifs, ça m’allait aussi, mais quand Herrada y est allé à 800 mètres, il ne fallait plus réfléchir ».

« Romain et Michael ont fini le boulot de façon magistrale. C’est une super victoire, c’est fondateur », ponctuait Philippe Mauduit. « C’est une journée parfaite mais c’était vraiment difficile, assurait Rudy. Ce n’était pas simple de contrôler l’échappée toute la journée puis de maîtriser les attaques dans le final, mais on savait que Romain était en bonne condition et l’arrivée lui convenait bien. Il y a eu un super boulot de toute l’équipe et ça fait du bien de conclure la journée comme ça. On gagne l’étape, en plus on prend un peu d’avance au général pour demain. C’est tout bénef ! » En plus d’une nouvelle célébration enthousiaste, Romain Grégoire s’est en effet fendu d’un petit écart sur son principal concurrent pour la victoire, qui cumulé aux bonifications, lui permet aujourd’hui d’occuper la tête du général pour 38 secondes. Troisième, Michael Storer pointe à 50 secondes. « Il reste encore 170 kilomètres demain, je pense que les autres ne vont pas lâcher l’affaire, donc c’est loin d’être fini, assurait le maillot jaune. C’est une journée difficile à aborder, mais on est quand même assez serein vu la force collective de l’équipe ». « Le Tour du Limousin reste une course difficile, et il faut bien gérer le début des étapes et faire ce qu’il faut, concluait Philippe. On s’attend à être bousculés une dernière fois, mais les garçons ont montré qu’ils étaient solidaires et solides et je crois qu’il faut l’aborder avec de la confiance ».

1 commentaire

BONNET Michel

BONNET Michel

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Le 2 octobre 2023 à 22:36

Bravo Romain 👏👏