Romain Grégoire avait fait de la deuxième étape de la Vuelta un vrai objectif. En dépit de conditions météorologiques difficiles et de circonstances de course particulières, le Bisontin de 20 ans a bel et bien répondu présent sur les hauteurs de Barcelone ce dimanche. Le puncheur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a ainsi livré une solide performance en passant deuxième au sommet de Montjuic, à quelques encablures de l’arrivée. Il n’a en revanche jamais revu l’homme de tête, Andreas Kron, qui s’est imposé avec quelques secondes d’avance sur ses poursuivants. Romain Grégoire s’est alors doté de la septième place, soit son premier top-10 personnel dans un Grand Tour.  

Les coureurs ont ce dimanche retrouvé le Tour d’Espagne comme ils l’avaient laissé samedi soir : sous la pluie. À Mataró, point de départ d’une grande boucle avec Barcelone comme destination, les conditions climatiques ont d’ailleurs beaucoup fait parler. En raison d’un final technique et des routes détrempées, l’organisation a ainsi d’abord décidé de geler les temps au sommet de la montée de Montjuic, à trois bornes du terme, avant d’accéder à la requête des équipes de déplacer ce point fatidique à neuf kilomètres du but, pour davantage de sécurité. C’est dans ces conditions que le peloton s’est donc élancé, à 13h11, pour une « double » course. « Je pense que la décision de neutraliser à neuf kilomètres était très bonne et judicieuse compte tenu du final, expliquait Benoît Vaugrenard. Sinon, ça aurait été un carnage ». « Que les temps soient pris sur la ligne, à neuf ou trois kilomètres, ça ne changeait pas grand-chose pour nous, ajoutait Romain. Ce qu’on visait, c’était la victoire d’étape ».Côté course, justement, cinq coureurs ont pris les devants de bonne heure : Matteo Sobrero (Jayco-AlUla), Joel Nicolau (Caja Rural-Seguros RGA), Andrea Piccolo (EF Education-Easy Post), Jetse Bol (Burgos-BH) et Javier Romo (Astana). Leur avantage a rarement excédé les trois minutes, mais ils ont ‘’profité’’ de plusieurs incidents dans le peloton pour reprendre occasionnellement le large. « L’objectif était de bien rester devant, attentifs, vigilants, de bien ouvrir les yeux et de passer à travers les pièges, ajoutait Benoît. Il y en a eu, avec des chutes, mais on est globalement passés à travers ».

« Un gros travail de toute l’équipe », Benoît Vaugrenard

L’Équipe cycliste Groupama-FDJ a d’abord été épargnée dans les diverses descentes, mais les glissades se sont enchaînées dans la dernière heure de course et Michael Storer a touché le sol à vingt kilomètres du terme, sans gravité. À cet instant, le duo de rescapés comptait encore plus d’une minute d’avance, et en conservant à une quinzaine de secondes à neuf bornes de la ligne, Andrea Piccolo s’est alors assuré la prise du maillot rouge. Dès lors, une partie du peloton s’est complètement relevée, alors qu’une autre a poursuivi la bagarre. « C’est un final qui convenait à merveille à Romain, et il y a eu un gros travail de toute l’équipe », indiquait Benoît. « On a fait en sorte de jouer l’étape à fond, reprenait Romain. On a fait un super boulot pour le placement dans la partie technique entre neuf et cinq kilomètres de l’arrivée. Lewis était assez impressionnant. À chaque virage, il relançait comme si c’était la dernière fois. Je pensais qu’il allait s’arrêter, mais il a tenu jusqu’au bout. C’était impressionnant et motivant. Puis, ça s’est fait à la pédale dans la bosse de Montjuic ». À environ quatre bornes de l’arrivée, un peloton très réduit mené par la Groupama-FDJ s’est donc présenté au pied de la dernière côte, longue de 900 mètres pour une pente moyenne de 8,7%. Parfaitement placé, le jeune Français a d’abord temporisé avant de forcer l’allure. Auteur d’une attaque tranchante, Andreas Kron a quant à lui pris quelques mètres d’avance, et est parvenu à les conserver au sommet face à Romain Grégoire, deuxième à la bascule. « Il m’en manque un peu pour être avec Kron, confiait plus tard le Bisontin. La forme n’était pas mauvaise, mais le rythme WorldTour, c’est autre chose. J’étais là malgré tout, pas plus étouffé que les autres, mais juste pas assez fort ».

« Je suis forcément un peu déçu », Romain Grégoire

Dans la descente, Andreas Kron a encore élargi son avance sur un quatuor de contre. À l’entame du dernier kilomètre, Romain Grégoire a bien tenté de relancer, mais quelques coureurs ont finalement opéré la jonction de l’arrière. En tête, le Danois s’est ainsi octroyé la victoire et le coureur de la Groupama-FDJ s’est arraché au sprint pour glaner la septième place du jour. « Romain a accompagné, il était là, commentait Benoît. Il n’avait peut-être pas de grandes sensations aujourd’hui mais il a répondu présent. C’est plutôt de bon augure pour la suite. Ils étaient tous à la rupture et il faut souligner le numéro de Kron ». « Les mecs ont fait un super boulot mais je n’ai pas réussi à conclure, donc je suis forcément un peu déçu, confiait l’intéressé. C’est une déception car il y avait clairement une occasion, mais la Vuelta est bien lancée. On est sur de bons rails avec toute l’équipe. Il y a certes de la déception, mais on se dit aussi qu’on n’est pas si loin ». Au classement général, Romain Grégoire occupe désormais la onzième place à quinze secondes d’Andrea Piccolo, tandis que Lenny Martinez est vingt-et-unième à dix-neuf secondes. « Ils débutent sur un Grand Tour où il y a une énorme tension, concluait Benoît. Ils sont immédiatement plongés dans le grand bain. Je pense qu’ils ont d’ores et déjà découvert et beaucoup appris, en particulier Lenny ».  

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