À l’occasion de la vingtième étape du Tour d’Italie, la dernière en montagne, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ avait à cœur de lâcher ses dernières cartouches ce samedi. Alors, en direction du mythique Colle delle Finestre et de l’arrivée à Sestrières, c’est la moitié du groupe qui a pris place dans l’échappée du jour ! Parti à l’avant dès le départ, Enzo Paleni a ensuite été rejoint par Kevin Geniets, Quentin Pacher et Rémy Rochas. Ce dernier a résisté au retour de tous les favoris, ou presque, pour se flanquer d’une remarquable cinquième place au bout de cette journée renversante. Direction Rome pour l’acte de clôture ce dimanche.
Au bout des 205 kilomètres du jour, les coureurs pouvaient presque apercevoir, au loin, la « ville éternelle ». Mais avant de rejoindre la capitale italienne pour ponctuer ce Giro version 2025, un dernier morceau de bravoure était requis ce samedi dans une vingtième étape cumulant 4400 mètres de dénivelé, mais surtout le légendaire Colle delle Finestre (18,4km à 9,2%) et sa seconde partie d’ascension non-asphaltée. Si l’arrivée était tracée à Sestrières trente kilomètres plus loin, c’est bien dans cette montée que tout était supposé se décanter, mais c’est tout d’abord la bagarre pour l’échappée qui a encore animé le début de course. Enzo Paleni est parvenu à accrocher un solide wagon dès le départ, puis après plusieurs contres infructueux, un groupe de vingt a réussi à se dégager en poursuite. En son sein, trois autres coureurs de la Groupama-FDJ : Rémy Rochas, Kevin Geniets et Quentin Pacher. Après quarante kilomètres, l’échappée du jour s’est alors formée de manière définitive. « On voulait rester dans la dynamique des deux dernières semaines et mettre au moins deux voire trois coureurs devant, exposait Jussi Veikkanen. Dans un groupe de trente-trois, on en avait finalement quatre ! Le mot d’ordre ce matin était de ne pas se contenter d’avoir un seul homme devant. Il fallait toujours être présent si ça ressortait, et le briefing a été bien respecté de ce point de vue ».
« Je suis content de bien terminer ce Giro », Rémy Rochas
« C’était une étape mythique et on avait à cœur de se retrouver à l’avant pour jouer le meilleur résultat possible, ajoutait Rémy. On s’est retrouvé à quatre, ce qui était vraiment bien. C’est notre meilleure journée collectivement en ce qui concerne l’échappée ». Sans coureur menaçant au général en son sein, le groupe de tête a également pu se développer dans les grandes largeurs. « Le mieux placé était à plus d’une heure, et tout le monde avait une grosse envie de prendre le plus d’avance possible, reprenait Jussi. L’écart était de dix minutes au pied du Finestre. On savait qu’il y avait une opportunité, et il fallait faire du mieux possible pour la saisir ». « C’était une journée assez limpide devant, ajoutait Rémy. L’échappée ne s’est pas chamaillée car on avait tous le même objectif : passer le Finestre et jouer l’étape ». Au pied de ce grand col transalpin, Rémy Rochas et Quentin Pacher ont été les plus prompts à répondre lorsque l’échappée s’est d’emblée réduite à une dizaine d’hommes. « Je me sentais plutôt bien même si pas encore 100% suite à ma maladie, racontait Rémy. J’ai voulu légèrement accélérer pour réduire un peu le groupe et monter à mon rythme. Au final, j’ai presque fait toute la montée tout seul ». « Harper montait trop vite, Papach s’est retrouvé en contre, puis Rémy est revenu sur lui, et ça l’a reboosté pour continuer à son rythme », expliquait Jussi.
Au sommet de l’ascension, et après sept kilomètres de « sterrato », Rémy Rochas a basculé avec Wout Van Aert, qui a ensuite attendu Simon Yates, en passe de renverser le Giro, dans la descente vers Sestrières. « Ça m’a permis de rouler très vite jusqu’à huit kilomètres de l’arrivée, puis je me suis mis à mon rythme », glissait Rémy. « Je pense qu’il n’était pas tout à fait au courant de la situation et du fait qu’on jouait une potentielle quatrième place, donc on l’a motivé avec cet objectif », ajoutait Jussi. Dans l’ascension finale, Rémy Rochas s’est dès lors livré jusqu’au bout. « J’ai repris les trois qui étaient intercalés, j’en ai lâché deux, mais je n’ai pas réussi à décrocher le troisième, et je n’avais plus les jambes pour faire le sprint, disait-il. C’est finalement une cinquième place, et je suis content de bien terminer ce Giro. Je pense que je suis à mon niveau, je ne peux pas faire bien mieux, même si j’aurais aimé pouvoir jouer plus de fois comme aujourd’hui ». Le grimpeur savoyard s’est ainsi octroyé son deuxième top 5 sur la Corsa Rosa, après sa quatrième place en puncheur à Vicence. « Il a montré qu’il finissait fort, et c’est rassurant pour la suite, complétait Jussi. Il avait quelques petits regrets sur l’étape d’avant-hier, même s’il n’était pas sur son terrain. Il avait un petit côté revanchard par rapport à ça, et il a montré ses qualités aujourd’hui ».
À la veille de l’arrivée finale, à Rome, qu’elle rejoindra au complet, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ aura quoi qu’il en soit tout fait pour finir de la meilleure manière possible. « Depuis qu’on a perdu nos ambitions au classement général suite à la chute de David, on a voulu mettre en place ce fil rouge d’être acteur à l’avant, et il a été respecté, concluait Jussi. Quand lors de l’avant-dernière étape, les mecs sont encore dans le match pour aller de l’avant, c’est quand même un bon signe ».