La grande répétition du Tour des Flandres a apporté de très bons signaux à l’Équipe cycliste Groupama-FDJ ce vendredi. Autour de Harelbeke, Stefan Küng et Valentin Madouas se sont en effet montrés parmi les plus costauds lors de l’E3 Saxo Bank Classic. S’ils n’ont pu empêcher la victoire de Wout Van Aert, les deux hommes ont pris place dans le premier groupe de poursuite, et le Suisse est même parvenu à anticiper le sprint pour la troisième place de sorte à conquérir son premier podium dans une Classique flandrienne. Valentin Madouas a parachevé la très belle journée de l’équipe avec une septième place sur la ligne.

Dix-sept monts, cinq secteurs pavés et deux-cent-trois kilomètres. Tel était le programme du jour en Flandre pour le lancement de la « semaine sainte » en Belgique, à l’occasion de l’E3 Saxo Bank Classic. À tout juste neuf jours du « Ronde », les meilleurs flahutes s’étaient donc donné rendez-vous à Harelbeke pour une première explication. Mais tout a d’abord commencé avec une âpre bataille pour l’échappée, qui s’est étendue pendant soixante-dix kilomètres avant que sept hommes ne puissent prendre les devants. À peine le groupe formé, le peloton s’est mis en ordre de marche à l’approche des premiers enchaînements de berg, ce qui n’a donc laissé aucune place au répit. À la mi-course, la tension était déjà palpable au sein de la meute, à peine pointée à deux minutes des fuyards. Et s’est alors présenté, à 80 kilomètres du terme, le crucial passage du Taaienberg. « C’était le premier endroit vraiment important de la course, assurait Frédéric Guesdon. On savait qu’il fallait absolument être placés car ça se joue souvent là ». « On était déjà en bonne position avant le Taaienberg, mais je sais par expérience qu’il faut être dans les dix voire les cinq premiers, enchaînait Stefan Küng. J’ai dit à Kevin d’y aller, et il a fait un super boulot pour me replacer. J’ai abordé le Taaienberg en parfaite position ». L’ancien champion de Suisse était ainsi aux avant-postes pour voir Wout Van Aert produire la première grosse attaque de la journée, et il a été en mesure de la contenir, tout comme six autres coureurs. Pas plus. « On est sortis à sept, mais il y avait trois Jumbo-Visma, ça ne collaborait donc pas super bien », précisait-il.

« C’était tout ou rien », Stefan Küng

Les échappés matinaux ont été avalés rapidement, un écart de trente secondes s’est tout de même créé, mais le reste du peloton s’est alors organisé pour revenir sur les talons du groupe de tête au pied de l’Eikenberg, situé à soixante kilomètres du but. Valentin Madouas a alors profité de ce rapproché pour faire le jump, comme quelques autres. Quelques kilomètres plus loin, après une nouvelle sélection, ils n’étaient plus que seize en tête, dont les deux hommes de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ. « Ensuite, il fallait un peu suivre les coups sans gaspiller toutes ses cartouches, expliquait Stefan. On savait que ça allait se jouer au Paterberg et j’étais plutôt bien placé, en 5-6e position. Malheureusement, quand il y a la rigole sur le côté, c’est très difficile de dépasser les mecs sur le pavé. Les deux Jumbo-Visma sont sortis en costauds, et je ne les ai même pas vus partir ». À la suite d’une puissante offensive, Wout Van Aert n’a emmené que Christophe Laporte avec lui et le duo a rapidement pris trente secondes d’avance. « J’ai encore accéléré dans le Vieux Quaremont, et je suis sorti du mont en tête du groupe de poursuivants, relatait Stefan. Je les ai vus devant, mais ils étaient trop forts. Il n’y avait rien à faire pour rentrer ». En revanche, le Suisse a bien basculé avec son compère Valentin Madouas, lui aussi auteur d’une belle attaque dans le Vieux Quaremont. À ce stade de la course, le groupe de poursuite n’était plus constitué que de huit unités. « Ça fait plaisir aussi de voir l’équipe compétitive, et en nombre sur ces courses, reprenait Stefan. C’est important car il peut toujours arriver quelque chose : une crevaison, un coup de moins bien. En étant plusieurs, il y a plus de cartes à jouer ».

En revanche, les espoirs de victoire se sont rapidement envolés pour les chasseurs, dont le débours passait la minute à vingt-cinq kilomètres du but. « Quand on a compris qu’on ne pouvait plus gagner, j’ai dit aux gars d’essayer de faire tourner le groupe jusqu’à trois kilomètres de l’arrivée puis de tenter leur chance chacun leur tour, de se parler, de s’entraider », confiait Frédéric Guesdon. La bataille pour le podium s’est finalement déclenchée à trois bornes avec une première offensive de Stefan Küng. « C’était bien d’avoir plusieurs cartes, surtout dans le final, disait-il. J’ai mis la première attaque, et en ayant un coéquipier, je n’avais pas à sauter sur tout ce qui bougeait. Val a suivi les attaques, et c’est aussi ce qui m’a permis de risquer davantage. Je voulais me retrouver en dernière position. J’ai dû jouer un peu, et quand on a viré à gauche vers la ligne d’arrivée, je me suis dit que c’était le bon moment pour y aller. J’ai attaqué de derrière et j’ai tout mis jusqu’à la ligne ». Plus d’une minute après Wout Van Aert, Stefan Küng est ainsi parvenu à prendre à défaut ses concurrents pour obtenir la troisième place. « Je suis très content de décrocher ce podium, c’est le maximum que je pouvais faire aujourd’hui, ajoutait-il. Aujourd’hui, je pense que le fait d’avoir souvent disputé les finals ces derniers temps m’a aidé. Ça apporte plus de calme et de sérénité. Je me suis dit que ça ne servait à rien de finir septième ou huitième. C’était tout ou rien, et il faut aussi un peu de réussite. Ça fait plaisir quand ça marche. En plus, je me sentais bien dans les bosses, et j’étais là quand ça se jouait à la patte. Ça me donne de la confiance pour les courses à venir ».

« On savait qu’on avait un groupe motivé », Frédéric Guesdon

Valentin Madouas a lui aussi engrangé de la confiance ce vendredi, prenant finalement la septième place du jour à la suite d’un bon sprint parmi les poursuivants. « Je pense qu’on a fait une très belle course, tous ensemble, soulignait le Breton. On a montré de belles choses collectivement. Pour nous, c’est clairement une course de référence sur les Classiques. Personnellement, j’apprécie ces courses, et j’ai senti un déblocage depuis trois jours. Je vais maintenant essayer de bien récupérer et me préserver pour mercredi (À Travers la Flandre) et ensuite pour réaliser la meilleure performance possible sur le Tour des Flandres. Je pense qu’on va pouvoir vraiment se faire plaisir. Physiquement, on est dans le match, et je pense qu’on peut encore monter en pression. On va essayer de transformer cette troisième place en meilleur résultat ». « Stefan a réussi à monter sur le podium, mais ça aurait aussi pu être Val, qui marchait très fort, concluait Frédéric. On est très contents. Ce groupe avait déjà répondu présent sur l’Omloop et à Kuurne, même si les résultats n’avaient pas suivi. On savait qu’on avait un groupe motivé pour ces courses. Aujourd’hui, c’était le premier rendez-vous des quatre Classiques flandriennes. On est venus en espérant faire au moins un podium sur les quatre. C’est fait dès la première, et c’est de bon augure en vue des prochaines ». La plus immédiate à suivre : Gand-Wevelgem, dimanche. « C’est une course qui me convient bien, surtout quand il y a beaucoup de vent, ponctuait Stefan. Pour le moment, les prévisions annoncent des conditions plutôt calmes. C’est donc une bonne chose qu’Arnaud soit là pour nous donner une autre option ».

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