L’heure est enfin à reprise pour la « Conti » Groupama-FDJ ! Quelques jours après leurs aînés de la WorldTeam, les jeunes pousses vont à leur tour opérer leur retour progressif à la compétition – Žiga Jerman ou Alexandre Balmer ayant eux déjà eu l’occasion de le faire sur leur territoire national -. Certains iront prêter main forte à l’équipe mère tandis que d’autres seront à la recherche de résultats pour la Conti. À quelques heures du redémarrage de la saison, leur directeur sportif Jérôme Gannat nous trace les grandes lignes de trois prochains mois et nous en dit plus sur le mode opératoire mis en place dans cette période inédite.

Jérôme, quel est l’état d’esprit des troupes à l’aube de la reprise ?

Il est très bon. Tout le monde est motivé et impatient que ça reprenne. Il y a beaucoup d’excitation. Les coureurs ont très envie de courir. Ils sortent d’une longue période durant laquelle ils ont enchaîné home trainer, entraînement solitaire et entraînements plus spécifiques à Besançon pendant un mois. L’entraînement c’est bien, mais ce sont avant tout des compétiteurs. L’objectif est d’accrocher un dossard et de voir une ligne d’arrivée.

« Nous voulions privilégier le calendrier Espoirs et la WorldTeam »

Comment s’est déroulé cet ultime mois de préparation à Besançon ?

Il a été conforme à ce que nous espérions. Les conditions étaient bonnes au niveau de la météo. Cela a permis de faire beaucoup d’entraînements collectifs mais aussi de travailler des points plus précis comme le contre-la-montre et le contre-la-montre par équipes. On a aussi profité de notre proximité avec les Vosges saônoises pour aller faire des tours du côté de la Planche des Belles Filles, entre autres. Nous avions aussi reconnu les étapes du Tour de l’Avenir dans le Jura avant que l’on apprenne qu’il serait annulé. Pour certains, cela a tout de même été une vraie déception dans la mesure où ça reste l’épreuve de référence chez les Espoirs. Sylvain [Moniquet], Lars [van den Berg], Yakob [Debesay], Théo [Nonnez] et Žiga [Jerman] étaient concernés. Même si la course avait été réduite, elle restait idéale pour les grimpeurs avec quatre étapes intéressantes pour eux. C’était plus particulier pour Žiga, qui ne visait que la première étape, mais il avait malgré tout quelques ambitions. Il va maintenant falloir passer outre et profiter de toutes les courses qu’il nous sera donné de faire.  

Justement, a-t-il été difficile de construire un solide programme pour cette fin d’année ?

L’équipe n’ayant qu’un an et demi d’existence, nous n’avons que peu de recul. Mais l’an passé, la deuxième partie de saison, à partir de juillet, avait été très light en raison des championnats nationaux, des sélections nationales avec le Tour de l’Avenir, les Mondiaux et les manches de la Coupe des Nations. Cette année, grâce au fait que quelques courses aient été reportées, nous allons avoir un programme de fin de saison plus conséquent. C’est très bien et heureusement que certaines courses ont réussi à subsister et trouver de nouvelles dates, comme le Tour des Pays de Savoie, le Baby Giro et la Ronde de l’Isard. Cela nous a ainsi permis de rajouter une quinzaine de jours de course à notre programme de fin de saison.

Vous n’avez pas souhaité étoffer votre calendrier outre-mesure ?

Nous avons tout de même recherché quelques épreuves ici et là. Quand on regarde le calendrier UCI, il est vrai qu’il y a pas mal de courses de classes 2, mais tout est relativement loin. Puis, nous voulions surtout maintenir nos objectifs sur le Baby Giro et la Ronde de l’Isard notamment. On aurait pu avoir l’opportunité de disputer des courses intéressantes ailleurs, comme le Tour de Hongrie ou le Tour de République Tchèque par exemple, mais on la priorité était de privilégier notre calendrier U23 et de conserver notre programme prévu en début de saison. Par conséquent, hormis les courses qui ont été reportées, nous n’avons pas réellement ajouté d’épreuves à notre calendrier. Nous disputerons simplement le Saint Brieuc Agglo Tour mi-août, et peut-être ajouterons-nous aussi deux ou trois courses Elites nationales afin de combler quelques trous que nous pouvons avoir dans notre calendrier. Aussi, nous allons pas mal intervenir avec la WorldTour et l’idée était donc de libérer des jours de course afin que nos coureurs puissent courir à l’échelon supérieur. C’est aussi pour cela qu’on n’a pas cherché à trouver toutes les courses possibles et imaginables dans l’Est de l’Europe. Si le Tour de l’Avenir avait été maintenu, par exemple, il aurait occupé cinq de nos douze coureurs. Cela prouve bien qu’on ne peut pas être partout. On ne pouvait pas se permettre de faire des fronts tous les week-ends. On souhaitait davantage privilégier les courses avec la WorldTeam que trouver un calendrier pléthorique.

« Les grimpeurs auront de quoi faire »

Ces échanges avec la WorldTeam reprendront d’ailleurs cette semaine avec Clément Davy sur Milan-Turin mais aussi Jake Stewart et Lewis Askey sur le Mont Ventoux Dénivelé Challenge. Sont-ils appelés à se renforcer ?

En tout cas, ce n’est vraiment pas de refus dans cette période. Habituellement, la WorldTeam fonctionne avec des stagiaires, mais il n’y avait pas de raison d’en prendre cette année dans la mesure où nous avons, nous, les coureurs capables de participer à ces courses de fin de saison. Il y a déjà eu des échanges en début d’année et il y en aura encore dans les prochaines semaines. Il faut aussi garder à l’esprit que le principal objectif reste que des coureurs de la Conti rejoignent à terme la WorldTeam. Normalement, les échanges auraient dû avoir lieu tout au long de la saison. C’est ce que nous avions imaginé cet hiver. Cela n’a pas pu être le cas et ils seront donc un peu renforcés en cette fin de saison comparativement à l’an passé. Cela étant dit, même si le programme de la WorldTeam est bien chargé, les 28 coureurs de leur équipe auront aussi très envie de courir. Cela libérera peut-être un peu moins de place que lors d’une saison normale, lors de laquelle certains auraient peut-être mis un terme à leur saison plus tôt ou auraient eu un calendrier plus léger en fin d’année. Cette fois, ils seront logiquement tous au front pendant trois mois. L’autre petit inconvénient est que les échanges ne peuvent se faire que pour les courses de Classes 1 et les ProSeries. Or, ce sont principalement les courses WorldTour qui ont été déplacées. Au final, le calendrier ne s’est pas non plus tant ouvert que cela. D’autant plus quand on sait que le Grand Prix de Fourmies, Paris-Bourges ou le Tour de Vendée sont annulés. C’est regrettable car cela aurait octroyé au moins six places pour les coureurs de la Conti.

En prenant en compte tous les fronts possibles, estimes-tu que chacun de tes coureurs aura l’opportunité de faire ses preuves ?

En tout cas, l’objectif était évidemment que tout le monde puisse courir, y compris nos trois Espoirs 1, même s’ils en auront encore l’opportunité la saison prochaine. Maintenant, quand on regarde le calendrier, il faut être réaliste. Les coureurs typés puncheurs-grimpeurs vont retrouver un calendrier plutôt intéressant en fin de saison avec les trois courses par étapes qu’on a citées précédemment. Cela donne une quinzaine de jours de course pour eux. Il y aura en plus les championnats du monde, qui leurs sont favorables, et le Piccolo Lombardia en fin de saison. Même avec la perte du Tour de l’Avenir, ils conservent un beau programme. Pour eux, il n’y a pas de souci. Ils auront le moyen de s’exprimer et auront de quoi faire. Pour les coureurs routiers-sprinteurs, en revanche, le calendrier Espoirs est bien moins favorable et nous comptons davantage sur eux pour les courses avec la WorldTeam. Nous n’aurons pas, pour notre part, de courses vraiment réservées à ce genre de coureurs, dans la mesure où les Classiques, par exemple, ont été annulées. Il n’y a pas non plus eu énormément de reports pour les courses de classes 2, qui constituent généralement la majeure partie de notre programme, et qui conviennent assez souvent aux routiers-sprinteurs. Par conséquent, dans la mesure du possible, ils iront courir avec les « grands ».

« Être opportuniste et profiter du moment présent »

Pour la Conti en elle-même, quels seront les objectifs majeurs de cette fin de saison ?

Ces trois derniers mois seront certainement axés sur les grimpeurs. Nous avons une équipe vraiment très homogène et qui, je pense, sera assez performante en montagne sur le Baby Giro, la Ronde de l’Isard et le Tour des Pays de Savoie. Une fois qu’on a dit ça, il faut bien avoir en tête qu’on sort d’une période de cinq mois sans compétition, après avoir disputé uniquement trois jours de course en mars. On a finalement l’impression d’être en début de saison. Il y a aussi des coureurs qui sont arrivés l’hiver dernier, et on a beau les avoir bien côtoyés durant un mois à Besançon, on ne les connaît pas encore réellement en compétition. Même si le temps presse, et que l’on espère performer au plus vite, il n’empêche que sur ce Tour des Pays de Savoie, ce sera un peu une découverte de nos coureurs. Ce sera la première fois qu’on les verra à l’action dans une course de montagne. On les connaît évidemment grâce à l’entraînement, on sait ce qu’ils valent, mais la compétition reste la référence. On va en quelque sorte les découvrir et c’est un peu particulier car on est au mois d’août. En tout cas, sur le Tour du Pays de Savoie, par exemple, nous avons plutôt choisi de conserver nos grimpeurs plutôt que de les envoyer au Mont Ventoux Dénivelé Challenge.

Quel a été, ou quel va être, ton discours envers les jeunes pour les trois mois à venir ?

On va prendre les courses au jour le jour et se dire qu’il faut aller de l’avant. On sera au départ du Tour des Pays de Savoie mercredi mais on ne sait pas combien de temps cela peut durer. Il faudra vraiment faire toutes les courses à 100% et ne plus regarder derrière soi. Il faudra être opportuniste et profiter du moment présent. Car, malgré tout, cela reste une chance de pouvoir être au départ d’une course. Il faudra vraiment que les coureurs montrent une grande motivation, ce dont je ne doute pas, mais surtout qu’ils saisissent toutes les opportunités qui pourront se présenter à eux, notamment pour remporter des courses, car cette année sera très très courte. Il leur faudra appréhender chaque étape comme s’ils étaient à nouveau des jeunes coureurs cadets, quand on donne 100% sur ses premières courses, sur toutes les courses, peu importe le parcours ou les conditions météos. Il faudra qu’ils montrent une vraie envie et le plaisir qu’ils éprouvent à être de retour en course. À un certain point, ce sont certes les jambes qui dictent la performance, surtout sur les courses difficiles, mais dans ces moments compliqués, il faudra avoir cette petite lumière qui permet d’avancer et d’aller plus loin. Il faudra toujours être conquérant. C’est une année spéciale et difficile, en particulier pour les Espoirs 4, et nous en sommes conscients. Mais à un certain moment, il faut aussi montrer des choses sur le vélo, car cela demeure un monde professionnel. Que l’on fasse une course, deux courses ou dix courses, il faudra toutes les faire à 100%.

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