Monumental David Gaudu

David Gaudu avait donc gardé le meilleur pour la fin. Ce samedi, lors de l’ultime étape du Tour du Pays Basque, qui était aussi la plus coriace, le jeune grimpeur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a fait étalage de tout son talent, et de toute sa vista. Attentif aux moments clés et surtout d’une aisance impressionnante dans les ascensions, le Breton est allé conquérir une victoire de prestige à Arrate, au terme d’une course endiablée, offrant à l’équipe son premier succès en WorldTour cette année. Accompagné jusqu’au bout par Primoz Roglic, vainqueur final, David Gaudu ponctue par ailleurs sa semaine en cinquième position du classement général. Le voilà idéalement lancé vers les Ardennaises.

« C’était un truc de malade mental », David Gaudu

À peine 112 kilomètres étaient à couvrir pour clôturer l’édition 2021 du Tour du Pays Basque, mais il s’agissait des 112 kilomètres les plus difficiles de l’épreuve. Pas moins de sept ascensions, dont trois de première catégorie, jalonnaient le parcours, et les coureurs entraient dans le vif du sujet à peine le départ donné, peu avant 15 heures. Comme attendu, « il y en a eu de partout immédiatement, et ça ne s’est jamais arrêté », relatait Franck Pineau. « Il y a eu une grosse course de mouvements et ça s’est fait à la cuisse ». C’est alors un petit peloton d’une trentaine d’unités qui s’est attaqué au premier gros morceau de la journée, après quinze kilomètres. Quelques coureurs se sont certes extraits tour à tour, mais l’intensité restant omniprésente, les écarts demeuraient plutôt minces. Au sommet de la quatrième difficulté de la journée, une dizaine d’échappés comptait ainsi une petite minute d’avance sur le peloton maillot jaune, où figurait bien David Gaudu. Le Breton était d’ailleurs parfaitement aux aguets lorsque le premier tournant de la course s’est produit, dans la descente d’Elosua. « Au briefing, on s’était dit que les différences pouvaient autant se faire dans les descentes que dans les montées, disait Franck. Comme toute la semaine, il fallait impérativement être placé en haut des côtes. On était sûr que certains allaient mettre en route pour mettre en difficulté leurs rivaux. On a la chance que David descende super bien, mais aussi faut-il être placé ».

Le double vainqueur d’étape sur la Vuelta l’était donc parfaitement et a accompagné le bon wagon qui a fait la différence sur le reste du peloton, et notamment sur le maillot jaune Brandon McNulty et son coéquipier Tadej Pogacar. Dans un bout de vallée menant à l’ascension suivante, certains leaders ont dès lors parfaitement mis à profit leurs équipiers placés à l’avant pour creuser encore davantage le trou. Peu après la mi-course, David Gaudu a ainsi abordé la « première » montée d’Arrate au sein du groupe de tête. Il a ensuite été le seul, avec Hugh Carthy, à pouvoir tenir la roue de Primoz Roglic, désireux de faire le ménage, jusqu’au sommet. « Quand on s’est retrouvé à trois, j’ai réalisé que j’étais peut-être l’un des plus forts du jour », livrait plus tard le jeune homme. Dans un premier temps, il a toutefois laissé faire le Slovène. « C’est lui le champion, et il jouait le général, justifiait Franck. Ensuite, j’ai dit à David de prendre des relais car on pouvait espérer la victoire, et il valait mieux se défaire de deux coureurs que de quinze ». C’est alors avec un avantage de 40 secondes sur le groupe de contre que le trio s’est présenté au pied de la montée finale d’Arrate. « Roglic m’avait dit qu’il se moquait de l’étape, racontait David. Dans la dernière montée, je savais que si je l’emmenais, il me laisserait la victoire. Mais il fallait d’abord faire péter Carthy. J’ai attaqué, et quand j’ai vu qu’il n’était plus là, j’ai tout donné. J’étais à fond ! Franck me criait dans l’oreillette, les Basques criaient aussi de partout au bord de la route. Je n’avais même plus mal aux jambes ! J’avais des frissons, c’était un truc de fou, de malade mental ! ».

« Je suis fier de David, et de toute l’équipe », Franck Pineau

Après avoir effectué toute l’ascension en tête, tout en contenant le retour des poursuivants, David Gaudu a pu commencer à savourer sa victoire lorsque Roglic est venu le féliciter dans le dernier kilomètre. Il a alors célébré son deuxième succès de la saison, mais aussi l’un des plus beaux de sa carrière. « C’était une journée incroyable, comme je n’en ai jamais vécue dans ma carrière, complétait l’intéressé. J’étais toujours serein et confiant. Je ne me suis pas posé de question, j’ai couru comme j’avais envie de le faire et ça a payé. Je retiens surtout la manière. C’était une journée qui s’est décidée à la pédale de A à Z, et j’en sors vainqueur. C’est peut-être de ça dont je suis le plus heureux ». « Il a vraiment couru à la perfection, ajoutait Franck. Il était sur coussin d’air, comme ça arrive de temps en temps dans le vélo. On voulait qu’il enfonce le clou le dernier jour. On peut dire qu’il l’a bien enfoncé. Il a couru comme un grand. Je pense qu’il avait même les moyens de distancer Roglic s’il le fallait. Il était extrêmement fort et il a fait un sans-faute. Je suis fier de lui, mais aussi de toute l’équipe. Il ne faut pas oublier tout le boulot qui a été fait en amont par tous ses collègues. On a travaillé toute la semaine autour de lui pour qu’il soit au top de son niveau sur cette dernière étape. Tous les petits efforts qu’il n’a pas dus faire les jours précédents, il a pu les faire aujourd’hui ». « Tout le monde a été irréprochable, confirmait David. Ils m’ont fait confiance et je ne peux que les remercier ».

Profitant de sa prestation du jour pour grimper à la cinquième place du classement général, David Gaudu peut désormais se diriger sereinement vers les Ardennaises. « Le Tour du Pays Basque est vraiment la préparation optimale pour ces courses, concluait-il. Maintenant, il ne va pas falloir décompresser. J’espère que je serai présent là-bas avec un super état de forme ».