L’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est mêlée à la bagarre de bout en bout lors de la treizième étape du Tour d’Italie ce vendredi. Sven Erik Bystrøm et Lorenzo Germani ont dans un premier temps intégré une échappée de neuf coureurs, et l’Italien a même poussé son entreprise jusqu’à douze bornes du but, se voyant récompensé par le prix du plus combatif. Rémy Rochas a pour sa part saisi sa chance dans l’arrivée en côte à Vicence, et s’est adjugé une superbe quatrième place derrière Mads Pedersen, Wout Van Aert et le maillot rose Isaac del Toro. Son meilleur résultat dans un Grand Tour, et aussi le meilleur résultat de l’équipe sur cette Corsa Rosa 2025.
Coincée entre deux journées favorables aux sprinteurs, la treizième étape du Tour d’Italie offrait ce vendredi un terrain de jeu un peu plus exigeant entre Rovigo et Vicence. Bien qu’à peine 1500 mètres de dénivelé positif étaient répertoriés sur le parcours, l’enchaînement de plusieurs côtes dans les soixante derniers kilomètres, dont la bosse finale d’arrivée, ouvrait des possibilités à plusieurs types de coureurs. En premier lieu, les attaquants. « L’objectif ce matin était de se faire plaisir et courir de manière agressive, expliquait Stéphane Goubert. Les garçons ont été irréprochables au départ. Enzo et Clément ont essayé et auraient aussi mérité d’être dans l’échappée. Sven a très bien couru également. Il est sorti seul puis a temporisé un petit moment jusqu’à ce qu’un groupe rentre ». Détaché après dix kilomètres de course, le Norvégien a finalement vu huit coureurs le rejoindre, dont son coéquipier Lorenzo Germani, déjà échappé en Albanie en début de Giro. Malheureusement pour les deux pensionnaires de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ et leurs compères de fuite, plusieurs formations ont immédiatement pris les choses en main dans le peloton, limitant l’avance du groupe de tête à tout juste deux minutes. Ainsi, et malgré une bonne organisation en tête de course, les fuyards ont approché les premières difficultés du final avec à peine une minute de marge.
« Une journée vraiment chargée émotionnellement », Lorenzo Germani
Lorenzo Germani s’est donc décidé à relancer l’allure, et s’est immédiatement retrouvé isolé en tête. « C’était un bon groupe, on tournait bien, mais je crois que ça roulait aussi bien derrière, souriait l’intéressé. On n’a jamais eu trop d’avance, mais je me sentais très bien et j’avais juste envie que ça accélère dans les bosses. De Bondt a essayé d’attaquer, je l’ai contré directement, puis j’ai un peu géré mon effort dans la montée suivante car le peloton n’était pas très loin ». L’Italien a ainsi attaqué l’ascension de San Giovanni in Monte trente secondes devant le paquet, alors en morceaux à la suite d’un gros coup de force. « Malheureusement pour Lorenzo, le peloton n’a jamais laissé un gros écart, et on savait qu’il pouvait se passer quelque chose à cet instant de la course », ajoutait Stéphane. Pour autant, et malgré un petit groupe de favoris lancé à grande vitesse derrière lui, le jeune Transalpin a offert une belle résistance et a pu basculer au sommet en tête, rejoint par son compatriote Cristian Scaroni. À l’issue de la descente, le duo a profité d’un moment de temporisation pour récupérer une minute d’avance, mais la chasse n’a pas tardé à se réenclencher. Si Lorenzo Germani a donc pu atteindre le premier passage sur la ligne à Vicence en tête de course, le retour du peloton s’est avéré irrémédiable dans le final.
À douze bornes de la ligne, son joli numéro s’est ainsi achevé. « Ce sont des journées vraiment chargées émotionnellement, confiait-il. Il y a d’abord l’adrénaline d’être dans l’échappée, puis on commence à penser à beaucoup de choses, on se prend à rêver, mais au final, c’est de la déception car on repart sans rien. Il n’y a pas de récompense, pas de podium, juste de la fatigue dans les jambes. J’avais déjà essayé une fois, j’ai encore tenté, et on verra s’il y a d’autres occasions. On va continuer d’essayer, et ça finira par marcher. Peut-être ». « C’est dommage pour Lorenzo qui aurait mérité vraiment de jouer jusqu’au bout la victoire, glissait Stéphane. On sent qu’il progresse et qu’il prend du volume, petit à petit ». Après avoir franchi deux nouvelles côtes à une dizaine de kilomètres du but, c’est un peloton nettement réduit qui a finalement pris la direction de la montée finale de Vicence (800m à 7,5%) pour la grande explication. « Le groupe a su se réorganiser, en particulier les trois garçons qui étaient supposés faire le final, à savoir Kevin, Quentin et Rémy », reprenait Stéphane. « Je me sentais plutôt bien, mais lorsque Ineos Grenadiers a attaqué dans la première bosse, je n’étais pas très bien placé. J’ai voulu boucher les trous et je me suis pris un vrai retour de bâton, confiait Rémy Rochas. J’ai même dit aux gars que je n’étais pas bien et que j’allais bosser pour eux. Puis on est arrivé sur le circuit final, ça allait tout de suite mieux, et j’ai essayé de me placer au maximum ».
« Je ne pouvais pas espérer grand-chose de mieux », Rémy Rochas
Le coureur savoyard a abordé le dernier kilomètre du jour au-delà de la vingtième position, mais a pu grignoter quelques places avant l’emballage final dans les 300 derniers mètres. « J’ai essayé d’anticiper le sprint en me mettant dans le vent à mon rythme car je n’avais pas envie d’être coupé dans mon élan », racontait Rémy. Mads Pedersen n’a toutefois pas tardé à déclencher son effort, pour finalement s’imposer au terme d’un mano a mano à l’arrachée face à Wout Van Aert. Une poignée de secondes plus tard, Rémy Rochas a surgi pour s’offrir une quatrième place des plus notables devant presque tous les favoris au classement général. « C’était un finish très, très dur, confiait-il à l’arrivée. J’avais regardé toutes les étapes du Giro avant de venir, et je m’étais dit que celle-là pouvait être une bonne occasion pour moi de m’exprimer. C’est un effort qui me convient bien et je suis plutôt content de faire quatrième. Je ne pouvais pas espérer grand-chose de mieux avec les trois mecs devant ».« Quand on voit le podium du jour, et quand on regarde un peu dans le rétroviseur, il n’y a rien à lui reprocher aujourd’hui, lançait Stéphane. C’était parfait. C’est une journée qui fait plaisir au global, et on va continuer comme ça, avec cet état d’esprit, et avec nos moyens ».