Le ton est donné pour la dernière ligne droite du Tour d’Italie. Au lendemain de la journée de repos, le peloton a vécu un seizième acte vertigineux jusqu’à la montée de San Valentino ce mardi. Si Lorenzo Germani et David Gaudu ont réussi à se glisser dans l’échappée pour anticiper la bagarre des favoris, ils n’ont en revanche pu lutter pour la victoire d’étape dans la dernière heure de course. L’Italien a finalement terminé en 31ème position. Mercredi, c’est le Passo del Mortirolo qui sera au programme.
Il fallait espérer pour l’ensemble des coureurs du Giro qu’ils aient bien mis à profit la journée de repos, car c’est une étape pour le moins imposante qui s’apprêtait ce mardi à lancer la troisième semaine de l’épreuve. Sur le papier, il s’agissait même de la deuxième étape la plus difficile en termes de dénivelé positif, avec environ 4750 mètres d’ascension répertoriés sur un peu plus de 200 bornes. Aux quatre cols répertoriés s’est aussi ajoutée une difficulté notable au départ ; des trombes d’eau ont en effet accompagné le peloton lors des soixante premiers kilomètres, lors desquels la lutte pour l’échappée a encore une fois été très rude. Lorenzo Germani est dans un premier temps parvenu à créer le « break » avec cinq autres coureurs après une quinzaine de kilomètres. L’écart s’est progressivement hissé à trente secondes, puis à une minute, tandis que ses collègues s’efforçaient de couvrir les innombrables contres qui agitaient le peloton. « On a envie d’être devant pour avoir un coup d’avance et se donner une chance d’aller loin et d’exister, exposait Thierry Bricaud. Tout le monde était à l’ouvrage au départ, tout le monde était là pour prendre des coups. Lorenzo est sorti dans son petit groupe, puis après une bonne heure et demie de course, David a pris place dans un contre. C’était une bonne opération pour nous ».
« Lorenzo marche très bien », Thierry Bricaud
À l’approche de la montée de Carbonare, alors que tout semblait se calmer, un groupe de poursuite est donc parvenu à se détacher et David Gaudu faisait partie des dix-huit coureurs recensés. La jonction entre les deux groupes a été opérée dans la première ascension de la journée, puis le peloton a permis à l’échappée de prendre le large et jusqu’à neuf minutes d’avance. Le groupe de tête a franchi le second col de manière uni, puis a pris la direction de l’avant-dernière difficulté, la montée de San Barbara, où David Gaudu n’a pu poursuivre l’aventure. « Je pense payer le manque de préparation, confiait le Breton. Après 3h30/4h de course, le moteur serre et je n’ai pas le niveau physique pour tenir. C’est comme ça mais je vais me servir de ces derniers jours pour préparer le Tour. On va continuer d’essayer, je n’ai de toute façon rien à perdre, et j’ai envie ! » « De jour en jour, ça va un peu mieux, mais ce n’est pas encore ça, ajoutait Thierry. Quand on est devant, c’est évidemment pour aller jouer la gagne, mais quand tu vois que tu n’as pas les jambes, tu insistes forcément moins. Il a encore essayé, comme il y a deux jours, et il réessaiera. L’idée est qu’il reprenne du plaisir sur le vélo et retrouve des bonnes sensations petit à petit ».Lorenzo Germani s’est lui accroché un peu plus longtemps aux plus costauds de l’échappée, avant d’être contraint de laisser filer lui aussi. L’Italien a finalement été revu dans l’ascension finale par le groupe des favoris et a rejoint la ligne à la trente-et-unième place. « Lorenzo a fait une très belle étape, même s’il n’est pas spécialement sur son terrain de jeu, certifiait Thierry. Ce n’est pas un pur grimpeur, or il y a vraiment de la pente dans l’avant-dernier col. S’il garde cet état d’esprit, il aura une ouverture d’ici la fin du Giro. Ce qui est sûr, c’est qu’il marche très bien. Il faut que les planètes s’alignent mais l’état d’esprit aujourd’hui était encore le bon pour les gars ». Mercredi, le peloton arpentera le Passo del Tonale puis le Passo del Mortirolo avant trente kilomètres un peu plus abordables. « C’est une étape pas facile mais qui donne la possibilité à beaucoup de coureurs de jouer la victoire d’étape, concluait Thierry. Il faudra voir si l’échappée pourra aller au bout, ou bien si la situation du général donnera des idées à certains, mais je pense qu’on aura encore droit à une étape folle ».