À cent mètres près, l’issue du jour aurait pu être tout autre. Ce dimanche, le week-end d’ouverture en Belgique s’est poursuivi et conclu lors de Kuurne-Bruxelles-Kuurne, et Laurence Pithie a fait sensation pour son retour en Europe. Le Néo-Zélandais a d’abord répondu présent quand la course s’est décantée à la mi-course. Il a même un temps accompagné le trio qui s’est joué la victoire, avant de coincer dans l’une des dernières bosses du parcours. Alors entre-deux, le jeune homme a insisté pendant près de soixante kilomètres pour accrocher un accessit, mais le peloton en a décidé autrement. Lewis Askey n’a lui pu disputer le sprint en raison d’une chute dans le dernier virage, et l’Équipe cycliste Groupama-FDJ n’a donc pu conclure cette belle journée par un résultat. À charge de revanche.

Au lendemain d’un premier acte « Flandrien » pour le moins dynamique sur l’Omloop Het Nieuwsblad, une partie des coureurs remettait ça ce dimanche sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne, traditionnellement plus favorable aux sprinteurs. En conséquence, Stefan Küng laissait d’ailleurs sa place dans le groupe à Laurence Pithie, de retour d’un début de saison fructueux de l’autre côté du globe. Mais si le deuxième round du week-end d’ouverture est souvent plus cadenassé en raison de soixante derniers kilomètres sans difficultés, cette 76ème édition a offert une bagarre quasi-permanente. D’abord pour l’échappée, qui ne s’est dessinée qu’après soixante-dix bornes de course. Luca Mozzato, Dries De Bondt, Fran Miholjevic, Luke Rowe et Jasper De Buyst ont certes pu se forger petite marge de deux minutes, mais le peloton n’a que très peu temporisé, et a également été grandement perturbé dans son avancée par plusieurs chutes dans le premier enchaînement de monts à la mi-course. Avant d’aller chercher le second enchaînement, à compter du Hameau de Papins, un premier peloton s’est même dégagé avec notamment Laurence Pithie, Sam Watson et Clément Russo en son sein. Dans le mont suivant, Le Bourliquet, l’échappée s’est faite avalée et la Visma-Lease Bike a lancé les hostilités.

« Il y avait un ou deux monts de trop », Frédéric Guesdon

Au sortir de la bosse, ils n’étaient plus qu’une quinzaine en tête, et le Néo-Zélandais de la Groupama-FDJ en faisait bel et bien partie. « J’étais en très bonne position, racontait Laurence. Les gars m’ont maintenu devant au pied des bosses. Lorsque Visma-Lease a Bike a accéléré, j’ai pu suivre. Puis, dans la montée raide sur pavés, quand Van Aert a accéléré, j’avais également les jambes pour suivre ». Et c’est ainsi qu’à 86 bornes du but, dans le Mont Saint-Laurence, le « Kiwi » s’est détaché avec le coureur belge, Oier Lazkano et Tim Wellens. L’avantage du quatuor a passé les trente secondes au moment de franchir le Kruisberg et Hotond, puis affichait même une minute au pied de la côte de Trieu, l’avant-dernière bosse du parcours. C’est malheureusement là, dans des rampes à plus de 10%, que le représentant de la Groupama-FDJ a coincé sur une nouvelle accélération de Wout van Aert. « J’ai vraiment puisé dans mes ressources pour rester avec Wout dans Saint-Laurent, expliquait-il. J’ai vraiment souffert des accélérations dans cette montée, alors j’ai essayé de bien jouer mes cartes, d’économiser de l’énergie là où je pouvais et de récupérer un peu. Mais au bout du compte, je n’avais tout simplement pas les jambes quand Wout a accéléré dans la montée suivante et je me suis retrouvé seul dans le no man’s land ».

À cent mètres du sommet de la côte de Trieu, soit à soixante-dix kilomètres du terme, Laurence Pithie a donc été contraint de laisser filer ses trois compères de fuite. S’il a ensuite stabilisé son retard à une quinzaine de secondes pendant quelques kilomètres, il a finalement été obligé de gérer ses forces pour attendre le prochain groupe de contre. Composé de Matej Mohoric et Matteo Jorgenson, celui-ci l’a récupéré à cinquante-cinq kilomètres du but. Le trio de tête est rapidement apparu hors de portée, mais pendant une grosse heure, le Néo-Zélandais a insisté en contre pour résister aux échelons de course suivants. Durant un long moment, cette tentative a semblé lui réussir, mais à une vingtaine de kilomètres du but, un peloton énormément fourni a refait son apparition à moins d’une minute. Du fait de la main d’œuvre derrière et des efforts consentis en tête, le bras de fer a finalement et logiquement tourné en faveur du paquet, qui a revu Laurence Pithie à environ cinq kilomètres du but. « On a eu un super Laurence, à qui il manque peu de choses pour basculer avec les trois qui vont au bout, commentait Frédéric Guesdon. Il y avait un ou deux monts de trop, mais ce qu’il a démontré est déjà très bien étant donné que c’était sa première course en Europe et qu’il ne connaît pas non plus énormément les Classiques ». Au final, Wout van Aert s’est imposé parmi le trio de tête, alors que le sprint n’a pas non plus réussi à la Groupama-FDJ puisque Lewis Askey a touché le sol dans le dernier virage, et n’a donc pu défendre ses chances.

« Le niveau est bien là », Laurence Pithie

Malgré une présence à l’avant durant toute la deuxième moitié de course, l’équipe n’a donc pu repartir de Belgique avec un résultat probant. « On n’a pas été à la hauteur de nos ambitions hier, mais c’était beaucoup mieux aujourd’hui, notait toutefois Frédéric. Quand la course s’est vraiment durcie, les gars étaient devant. C’est dommage qu’il n’y ait pas le petit résultat au bout, car on court quand même pour ça. C’est la petite frustration, car on quitte finalement ce week-end belge sans résultat, or c’est un groupe et une équipe qui adore ces courses-là. Ça reste encourageant ». « Cela aurait été bien de résister et d’essayer d’obtenir cette quatrième place, mais ça reste une bonne journée, disait Laurence. J’en suis satisfait. Je ne peux pas être trop déçu de la façon dont j’ai couru aujourd’hui. Il m’a juste manqué un petit quelque chose pour suivre les premiers, mais c’est ça vient. Le niveau est bien là, et ça ira mieux course après course. Le simple fait d’être à l’avant aujourd’hui montre que je suis sur la bonne voie. Je suis arrivé ici avec une bonne forme et je veux vraiment bien faire sur ces Classiques. C’est une journée positive. Place à la prochaine ! »

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