Après de nombreuses galères et revers, cela aurait pu être le jour de gloire de Lars van den Berg. Ce dimanche, sur la Route d’Occitanie, il a toutefois manqué une demi-roue au jeune Néerlandais de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ, au terme d’une longue échappée, pour récolter son tout premier succès professionnel. Après avoir admirablement résisté aux côtés de Simon Carr en tête de course, il a finalement dû s’incliner dans un sprint à deux et avec le peloton aux trousses. Il obtient néanmoins son meilleur résultat depuis son passage au sein de l’équipe WorldTour alors que la Groupama-FDJ quitte l’épreuve avec deux podiums et un top-10 au compteur.

Au départ de Saint-Gaudens ce dimanche, les coureurs étaient visiblement prêts à en découdre à l’occasion de la quatrième et dernière étape de la Route d’Occitanie. Une heure durant, les attaques ont fusé au sein du peloton afin d’ouvrir une brèche et former la bonne échappée du jour. « Les gars ont été irréprochables, avançait Benoît Vaugrenard. On savait que l’échappée pouvait aller au bout et ils ont fait une très grande course. Ils ont toujours été en surnombre, toujours été dans les échappées. Avant que Lars et Rudy ne réussissent à partir, il y a eu Clément, Enzo… Tout le monde a apporté sa pierre à l’édifice, car ça a mis du temps à sortir ». « Je pense que j’étais de toutes les grosses échappées qui se formaient, je me sentais fort dès le départ », abondait Lars van den Berg. C’est à l’approche de Merigon qu’un groupe de douze hommes s’est détaché, avec le capitaine de route Français et le jeune Néerlandais en son sein. Il a pu se bâtir un avantage maximal de quatre minutes, réduit à trois au moment d’attaquer la première difficulté du jour : le Col de la Core (14 km à 6%). « La survie de l’échappée dépendait aussi de ce qu’allait faire le peloton, et on voyait que ça rentrait donc les gars ont voulu relancer la course dans l’échappée », relatait Benoît. « Le groupe n’allait pas assez vite à mon goût, confirmait le coureur batave. On a essayé d’augmenter le tempo avec Rudy, mais avec le vent de face, ça ne produisait pas vraiment d’effet. J’ai vu que plusieurs mecs étaient déjà à la limite malgré tout, j’ai donc accéléré et Simon Carr a pris ma roue ».

« J’espère que la victoire arrivera cette saison », Lars van den Berg

À plus de soixante-dix kilomètres du but, le groupe de tête s’est donc réduit à deux membres, et Lars van den Berg a franchi le Col de la Core en première position. Dans la descente puis dans le bout de vallée menant à la deuxième et dernière difficulté du jour, le duo a pu revoir son avantage à la hausse. Il était de trois minutes au pied du Col de Latrape (6km à 7%). Dans cette ascension, la bagarre pour le général a repris de plus belle et les favoris se sont dangereusement rapprochés, à moins d’une minute au sommet. « On a essayé de monter la dernière bosse au rythme, de faire une bonne descente puis on savait qu’il fallait rouler à bloc dès la fin de la descente pour garder une vitesse élevée, indiquait Lars. On a tous les deux passé de gros relais jusqu’à la fin ». « Ils ont fait un numéro à deux car au sommet du dernier col, il restait trente-huit kilomètres, précisait Benoît. Le peloton est revenu très proche, et de retour sur le plat, il fallait faire l’état des lieux pour savoir qui allait rouler dans le peloton. Israel-Premier Tech a pris en main afin de rentrer pour leur sprinteur ». Pendant quelques kilomètres, deux poursuivants se sont également intercalés avant d’être repris, et c’est finalement un bras de fer entre un petit peloton et les deux coureurs de tête qui a pris place dans les vingt derniers kilomètres.

Initialement d’une minute, l’écart s’est très progressivement réduit, mais il était toujours de quarante secondes à l’entrée dans les dix derniers kilomètres, grâce à une solide résistance de Lars van den Berg et de son compère de fuite. À cinq bornes du terme, le chronomètre n’affichait plus que trente secondes, et même à peine quinze à l’approche de la flamme rouge. « On a bien roulé ensemble jusqu’au dernier kilomètre, mais il avait mon frère à l’arrière qui pouvait sprinter, donc il a cessé de passer, expliquait Lars. J’ai maintenu l’allure pour ne pas qu’on se fasse reprendre et j’ai lancé mon sprint à 200 mètres. J’avais la sensation de pouvoir gagner à vingt mètres de la ligne, mais il m’a passé au dernier moment ». « Carr lui a un peu mis la pression et Lars a peut-être lancé un poil trop tôt », confiait Benoît. Avec le peloton sur ses talons, le Néerlandais a donc tenté le tout pour le tout, mais il a malheureusement hérité d’une cruelle deuxième place après une journée exemplaire. « Je voulais aller dans l’échappée et essayer de jouer la victoire d’étape aujourd’hui, reprenait Lars. J’ai rempli ces deux objectifs, mais j’ai été battu. Ça n’a finalement pas tourné en ma faveur. Cette victoire m’aurait vraiment fait du bien. Je me suis entraîné très dur cette année pour revenir à un bon niveau, car les deux dernières saisons ne se sont pas déroulées comme espéré. Je pense avoir atteint un bon niveau. J’étais proche de gagner aujourd’hui, mais je n’ai pas gagné. Je vais encore essayer de progresser et j’espère que la victoire arrivera cette saison ».

« On a tiré le maximum du groupe », Benoît Vaugrenard

Remonté à la vingt-et-unième place du général dans cet ultime acte, Lars van den Berg opérait par ailleurs sa reprise plus tôt cette semaine après avoir dû abandonner le Giro sur maladie. Ce dimanche, il a aussi acquis son meilleur résultat chez les pros. « On est forcément déçus de passer aussi près, concluait Benoît. En plus, c’est Lars… S’il y a un coureur qui mérite d’aller chercher quelque chose, de gagner, après tous les malheurs qu’il a eus depuis deux saisons, c’est bien lui. On est donc déçus pour lui, mais on retient aussi le positif. Il a fait un numéro aujourd’hui, et ça va le mettre en confiance pour la suite. Je retiens aussi de cette journée que Paul n’a pas basculé loin au sommet du dernier col. Il n’a pas manqué grand-chose. On est battus aujourd’hui mais l’état d’esprit de l’équipe a été top toute la semaine. On n’a pas rempli l’objectif de gagner une étape mais on a tiré le maximum du groupe, on a été offensifs, on a toujours été à l’avant. Ils ont toujours été conquérants et à la bagarre. C’était très intéressant pour nous directeurs sportifs de suivre ces jeunes. Ils ont toujours de l’envie. C’est ce qu’on peut retenir de cette semaine. On est très satisfaits du comportement du groupe ».

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