Dimanche, au Cap Nord, « La Conti » Groupama-FDJ est venue au terme de sa toute première expérience dans une course estampillée ProSeries, à l’occasion de l’Arctic Race of Norway. La formation bisontine a aussi clôturé l’épreuve avec un très joli bilan : un podium et un top-5 sur les étapes, le port du maillot jaune de leader pendant une journée et une lutte active pour le classement par points jusqu’au dernier moment. Plus jeune équipe du plateau, « La Conti » n’est pas passée inaperçue et a assurément fait le plein d’expérience, sur et en-dehors du vélo.

« On a assumé notre statut de leader », Jérôme Gannat

À Hammerfest, samedi matin, c’est paré du maillot jaune de leader, acquis la veille au jeu des bonifications, que Noah Hobbs s’est présenté au départ de la troisième étape de l’Arctic Race of Norway. Un accomplissement en soi pour le jeune Britannique comme pour « La Conti », pour la première fois aux commandes d’une course de ce niveau. L’expérience n’était pas appelée à durer, mais les hommes de Jérôme Gannat ont tenté d’en profiter « Le final était sur une côte de deux kilomètres à 10%, expliquait le directeur sportif. On n’avait pas forcément les coureurs pour jouer avec les meilleurs. En revanche, quand une échappée de six est partie au bout de quinze kilomètres, on a assumé notre statut de leader. On a roulé dans les premiers kilomètres, on était en tête du peloton, avec Noah en sixième position. C’était un bon petit moment. On a gardé les commandes jusqu’au kilomètre 70, où ça a roulé plus vite car tout le monde avait peur d’un coup de bordures. C’est dommage que la télé ne soit arrivée qu’à 15h15 (sourires) ». Avec trois difficultés dans les trente derniers kilomètres, le peloton s’est progressivement amaigri puis la lutte entre les meilleurs puncheurs-grimpeurs s’est logiquement dessinée du côté d’Havøysund. « C’était une journée très difficile et je savais dès le départ qu’il serait compliqué de garder le maillot jaune, confiait Noah. On a essayé de faire du mieux possible en équipe, tout le monde m’a bien aidé pour passer les bordures, mais dans le final, je n’avais pas les jambes pour suivre ».

Assez logiquement, le sprinteur anglais a ainsi abandonné son maillot jaune au profit de son compatriote Stephen Williams, vainqueur de l’étape. « C’était tout de même une journée sympa et je pense que Noah a bien profité, ajoutait Jérôme. Il savait qu’il allait le perdre mais il a reçu les honneurs de quelques collègues du peloton. Certains de mes anciens coureurs sont aussi venus me voir, comme Guillaume Martin, pour me dire que nos jeunes étaient déjà très pros, qu’ils couraient bien. Dans le final, Thibaud était notre coureur protégé, car sa condition était bonne et on pensait que le final était un peu moins dur. Au final, c’était un peu trop raide pour lui mais il a essayé d’accompagner le plus longtemps possible (26e). Il faut aussi remettre dans le contexte. Il serait peut-être passé dans une course de classe 2, mais là, le plateau était tout de même relevé ». Alors, au matin de la quatrième et dernière étape, également exigeante dans son final, un unique objectif se dégageait pour « La Conti ». « On pouvait encore jouer le maillot du classement par points, donc on s’est dit qu’on allait tenter, indiquait Jérôme. L’objectif était bien sûr de faire les trois sprints en cours de route, mais le premier était au bout de quinze kilomètres. C’était donc un sprint massif, les leaders du général s’y sont mêlés, mais Noah l’a quand même remporté. Ensuite, il y a eu un petit coup de bordures puis une grosse bataille pour prendre l’échappée. C’est finalement parti au bout de 70 bornes et Noah était dedans, dans l’objectif de faire les sprints suivants ».

« Je pense que les organisateurs ne regrettent pas de nous avoir invités », Jérôme Gannat

Le Britannique n’a pas failli à sa tâche. Il s’est octroyé le sprint intermédiaire du km 110 et celui du km 140, prenant alors la tête provisoire du classement par points. « On espérait que l’échappée résiste dans le final et aille au bout, mais elle a été rattrapée et ça a condamné nos chances, confiait Jérôme. Ça aurait presque pu marcher, mais on a tenté et Noah a fait exactement ce qu’il fallait faire. Ce n’était d’ailleurs pas évident avec trois sprints très éloignés ». Le coureur anglais a été repris par un maigre peloton dans le final, puis c’est Clément Champoussin qui s’est octroyé la victoire du jour et le classement par points par la même occasion. Stephen Williams a confirmé sa victoire au général, Thibaud Gruel obtenant quant à lui la 23e place finale. « On savait que ce serait plus compliqué pour le général car ce sont des jeunes coureurs qui n’ont pas encore la puissance des coureurs du WorldTour ou de Pro Conti, soulignait Jérôme. En revanche, on a vu sur les étapes, notamment lors des deux premières (2e et 4e, ndlr), qu’on pouvait peser. À ce niveau, c’est presque plus révélateur qu’une victoire en classe 2. On a été acteurs tous les jours, même samedi où on a défendu le maillot. Au-delà de ça, les jeunes ont bien couru ensemble, souvent de manière groupée et étaient présents dans les finals pour essayer de créer quelque chose. C’est peut-être encore plus marquant que les résultats, car on nous a peut-être plus vus que certaines équipes d’un niveau plus huppé. Les organisateurs nous ont d’ailleurs félicité pour le comportement de l’équipe ».

Pour parachever ce beau séjour sportif, « La Conti » s’est enfin laissé aller à une petite photo de famille au Cap Nord, pas la destination la plus courante qui soit. « J’ai insisté pour qu’on la fasse, confiait Jérôme. Même si c’est une course de vélo, on le fait dans un cadre merveilleux. Pour la culture et l’expérience personnelle de chacun, c’est quand même intéressant de profiter de ce moment. Je pense qu’il est important qu’ils s’imprègnent de ça. Quand tu es jeune, il faut avoir ce goût de la découverte, que ce soit au niveau de la course en elle-même, en ProSeries, qu’en dehors de la course. C’est la seule course cycliste au nord du cercle polaire et on était ravis d’y participer. On a bénéficié de l’invitation d’ASO, on leur en est reconnaissants, mais je pense qu’ils ne regrettent pas leur choix non plus ».

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