Voilà plus de trois ans qu’il tournait autour, et enfin, Lewis Askey a connu la consécration tant attendue. Jusque-là abonné aux places d’honneur, le Britannique de 24 ans a ce jeudi empoché sa toute première victoire professionnelle sur les Boucles de l’Aulne, le tout au terme d’une épreuve grandement animée par ses coéquipiers, et notamment par Valentin Madouas jusqu’à six bornes du but. Grâce à une accélération foudroyante à 500 mètres de la ligne, dans l’arrivée en légère montée à Châteaulin, l’ancien de « La Conti » a laissé ses concurrents sur place et pu célébrer son succès quelques mètres devant le reste du peloton. Le grand week-end breton est superbement lancé.
C’est donc à Châteaulin que le peloton avait rendez-vous ce jeudi pour lancer une fin de semaine totalement bretonne. Avant le Tour du Finistère, le Grand Prix du Morbihan et le Tro Bro Léon, ce sont les Boucles de l’Aulne qui se profilaient devant les coureurs, sur un parcours légèrement bosselé décomposé en deux principaux circuits : un « grand » (20 km) comprenant la montée du Ménez Quelc’h (2 km à 7%), et un plus réduit de neuf bornes à couvrir à sept reprises. Une douzaine de passages par la ligne d’arrivée, tracée dans une portion ascendante, venait également pimenter l’épreuve du jour, dont le départ s’est néanmoins avéré plutôt calme derrière une échappée de cinq hommes bien maîtrisée par Eddy Le Huitouze. « On avait deux options ce matin, exposait Frédéric Guesdon. Valentin était très motivé, il sortait des Ardennaises revanchard, donc la première option était de durcir la course pour qu’il y en ait de partout et qu’il puisse s’exprimer. C’est ce qu’on a donc fait, même si on gardait une option sur le sprint avec Lewis et Tom ». « J’avais vraiment coupé après les Classiques, c’était ma course de reprise et le briefing était plus orienté sur Valentin, avec l’objectif de durcir la course, ce qui n’était pas forcément idéal pour moi », confirmait Lewis Askey.
« Je déteste avoir des regrets », Lewis Askey
Les hostilités ont ainsi débuté dans la quatrième et dernière ascension du Ménez Quelc’h, à près de 70 bornes de la ligne, où Valentin Madouas a déclenché une attaque, emmenant avec lui six hommes, avant d’être rejoint par Tom Donnenwirth et quelques autres coureurs par la suite. « Ils n’ont pas voulu se livrer à fond devant car on était encore loin de l’arrivée et il y avait encore beaucoup d’équipiers pour rouler, relatait Frédéric. C’est donc rentré, mais ça a quand même fatigué les organismes et la course n’était pas finie. Même si les bosses étaient moins dures sur le circuit final, il y avait la possibilité de retenter quelque chose, et c’est ce qu’il s’est passé. Brieuc est allé aux avant-postes, Clément aussi, et il y a eu beaucoup de mouvements jusqu’à l’arrivée ». Clément Braz Afonso a d’ailleurs pu mener la course avec quatre coureurs durant une vingtaine de kilomètres, jusqu’à l’approche des deux derniers tours de circuit. Olivier Le Gac et Brieuc Rolland se sont alors mis en évidence, mais à l’amorce de la dernière boucle autour de Châteaulin, c’est l’ancien champion de France qui a joué son va-tout. « Pour Valentin, c’était la dernière chance de pouvoir sortir, complétait Frédéric. Il a tenté, il était costaud, et ça s’est vu car il est sorti tout seul. Il a été rattrapé mais je crois qu’il a fait mal à beaucoup d’équipiers derrière ».
Le Brestois a été repris à six kilomètres et c’est un peloton finalement encore étoffé qui a pris la direction de la ligne d’arrivée, située après un kilomètre ascendant. « Après avoir passé le plus dur, j’ai dit à l’oreillette que je me sentais très bien, j’ai demandé si je pouvais tenter ma chance au sprint, et on m’a dit oui, relatait Lewis. Les gars ont vraiment fait du bon boulot pour que je sois bien placé au dernier virage ». Après avoir été remonté par Clément Braz Afonso et Olivier Le Gac, le Britannique a ainsi pu entamer la portion de montée dans les trois premières positions. « J’ai vu qu’il y avait déjà un petit écart à la sortie du virage, je me sentais bien et je me suis dit : c’est maintenant ou jamais, continuait Lewis. Je savais que je pouvais tenir, donc j’y suis allé à bloc, et j’ai vu que j’ai tout de suite pris un écart. Je n’avais pas du tout imaginé faire cela, mais j’ai bien senti la course. Je déteste avoir des regrets, attendre, puis me dire que j’aurais dû faire ceci ou cela ». Grâce à une attaque tranchante à près de 500 mètres du but, le coureur de la Groupama-FDJ a immédiatement pris ses distances avec ses concurrents. « Dans un sprint de costauds comme aujourd’hui, ce n’est pas tout de démarrer, il faut aussi tenir, et c’est ce qu’il a réussi à faire », reprenait Frédéric. « Dès que tu vois les panneaux 300 mètres, 200 mètres, c’est plus facile de supporter la souffrance », glissait Lewis.
« J’avais peur qu’elle n’arrive jamais », Lewis Askey
C’est ainsi qu’après un dernier kilomètre mémorable, le jeune Anglais de 24 ans a pu lever les bras en l’air et savourer, au nez et à la barbe du peloton, sa toute première victoire chez les professionnels. « Je suis passé proche de la victoire à plusieurs reprises, et j’avais peur qu’elle n’arrive jamais, confiait-il. Je suis extrêmement heureux de finalement réussir à l’obtenir aujourd’hui. C’est génial et c’est une pression en moins. Tout le monde m’a dit que la première victoire pouvait débloquer des choses. J’attends de voir, mais j’espère (sourires) ». « Lewis a fait un très beau début de saison, a été placé à quelques reprises, mais il est tombé malade au moment du Tour des Flandres et de Paris Roubaix, ajoutait Frédéric. Il n’a pas pu s’exprimer comme il le souhaitait sur des courses qu’il adore. Il démarre un deuxième cycle après sa coupure, et il le fait de la plus belle des manières. Il tournait autour de la victoire dès sa première année professionnelle, donc c’est amplement mérité ». L’Équipe cycliste Groupama-FDJ a également accroché son cinquième bouquet de la saison, au terme d’une course collective très aboutie. « Tout le monde a fait du très bon boulot, à commencer par Eddy qui a fait la première partie de course, assurait Frédéric. Les sept coureurs ont vraiment joué le jeu. On n’a jamais loupé un coup, on a été acteurs de bout en bout, et c’est parfait quand ça se termine comme ça. Le week-end est idéalement lancé ».