Il n’aura fallu que quelques minutes à Tadej Pogacar et sa formation UAE Team Emirates pour rendre claires leurs intentions, dimanche, à Montréal. À peine une échappée de sept coureurs formée, dans la première des dix-sept ascensions de la côte de Camilien-Houde (1,8 km à 7,3%), les coéquipiers du champion du monde ont pris les commandes et ont d’emblée imprimé un tempo soutenu, ne laissant ainsi que très peu de marge aux fuyards. Après six tours, une contre-attaque incluant Lewis Askey a pu rejoindre le groupe de tête, mais la chasse n’a aucunement faibli au sein du peloton. Peu après la mi-course, l’allure s’est même accélérée, éreintant encore davantage les organismes, et opérait déjà de nombreux dégâts dans un paquet à l’asphyxie. « C’est sans doute l’une des courses les plus dures de ma carrière, témoignait Valentin Madouas. C’était hyper compliqué, avec un rythme d’enfer du début jusqu’à la fin. Je crois qu’on n’a jamais fait ça ». « C’était une journée très difficile, mais à laquelle on s’attendait, reprenait Thierry Bricaud. On était quasiment certain qu’UAE allait durcir rapidement la course et c’est ce qu’il s’est produit. Il n’y a pas eu de surprise ».

« Valentin aurait mérité meilleure récompense », Thierry Bricaud

Ainsi, alors que les coéquipiers de Tadej Pogacar se sont succédé pour pousser le curseur de plus en plus haut, le peloton était déjà réduit à une petite quarantaine d’unités à cinq boucles du terme, et seul Valentin Madouas faisait encore de la résistance pour le compte de la Groupama-FDJ. Deux tours plus loin, il n’était plus qu’une vingtaine lorsque Brandon McNulty a lancé la première attaque, bientôt suivi par Quinn Simmons puis son coéquipier Tadej Pogacar. Valentin Madouas a bien tenté de répondre dans la côte Camilien-Houde, mais n’a pu faire le « jump ». Il s’est dès lors retrouvé dans un groupe de poursuivants au sein duquel ne figuraient quasiment que des individualités, toutes désireuses d’accrocher le meilleur résultat possible derrière les hommes de tête. « Je n’étais pas sûr de moi pour l’arrivée, donc j’ai essayé d’anticiper à plusieurs reprises, confiait Valentin. Malheureusement, j’ai été repris à chaque fois. C’était vraiment une course à l’arrache et au mental ». En tête de course, Brandon McNulty et Tadej Pogacar ont franchi la ligne roue dans roue. Trois minutes plus tard, un petit groupe s’est présenté pour la neuvième place.

Valentin Madouas a dès lors hérité de la quinzième position. « Entre la cinquième et la vingtième place, les coureurs avaient plus ou moins le même niveau, expliquait Thierry. Il y avait moyen de faire mieux, mais ce sont les circonstances de course qui ont statué. Valentin a mis de l’engagement mais n’a pas eu la réussite pour faire une belle petite place. Il évolue à un très, très bon niveau, et je pense qu’il aurait mérité meilleure récompense pour son week-end canadien ». « C’est sûr que j’étais venu pour faire mieux que quinzième, mais je n’ai aucun regret, concluait Valentin. Je suis fier de moi. J’ai donné ce que j’avais à donner sur la journée, et ça ne se joue à rien pour le top 10. Ça fait partie du jeu, et c’est en continuant d’insister que ça paiera à un moment donné ».

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