« Il me tarde d’être en compétition »

Entretien avec Matthieu Ladagnous

Matthieu Ladagnous ne s’ennuie pas parce qu’il apprécie énormément les moments passés avec sa famille mais il lui tarde quand même de reprendre la compétition, dimanche dans le Tour du Qatar. Ce sera pour lui et l’équipe des classiques de la FDJ le grand coup d’envoi d’une période d’un gros mois servant à préparer les courses flandriennes. Considéré comme un lieutenant d’Arnaud Démare, capable lui-même de signer de bons résultats comme il le fit en 2013 (5e du Tour des Flandres, 6e de Gand-Wevelgem), Matthieu sait l’attente qu’il suscite au printemps. Il envisage ce rendez-vous avec sérénité.

Matthieu, ton entraînement a dû être perturbé par la neige cette semaine ?

C’est vrai qu’il en est tombé beaucoup, dix centimètres. C’est la première fois que ça arrive depuis que je suis ici. J’ai donc fait deux jours de home-trainer et quand j’en ai eu marre, j’ai pris mon VTT pour rouler dans la neige. Deux jours plus tard, les routes étaient dégagées…

Ce n’était pas trop gênant avant la première échéance de la saison au Qatar ?

Non parce qu’on a vraiment bien travaillé lors du stage de Calpé. C’était de l’entretien. Je me sens bien. J’ai coupé pendant un mois après le Tour de Pékin et j’ai repris le 20 novembre en changeant d’entraîneur puisque désormais Sébastien Joly s’occupe du groupe des classiques. Ce n’est pas facile de changer d’entraîneur mais ça fait du bien. Ça casse la routine.

Quelle modification as-tu apporté à ta préparation cet hiver ?

Seb, avec qui j’ai couru au début de ma carrière, m’a fait faire plus de foncier et moins de home trainer que privilégiait Frédéric Grappe mais c’est la même philosophie. Fred a été le professeur de Seb.

Quel regard as-tu aujourd’hui sur ta dernière saison ?

Chaque année je mise beaucoup sur les classiques mais tout a été gâché par ma blessure à l’épaule contractée dans une chute au Tour du Qatar. Je n’ai pas pu y obtenir les mêmes résultats qu’en 2013 parce que j’étais resté quinze jours sans rien faire puis quinze jours encore à ne faire que du home trainer. Un mois sans pouvoir travailler normalement, ce n’est pas possible de le rattraper. C’était difficile parce que j’ai manqué de réussite dans cette période des classiques au cours des trois dernières années. Je pense à ma crevaison dans Paris-Roubaix en 2013 me privant d’un super résultat. J’avais été malade l’année précédente et j’avais chuté dans Paris-Roubaix aussi. J’espère que la roue va tourner.

Et quand les classiques flandriennes s’achèvent, la saison doit être longue ?

Non parce que je prends beaucoup de plaisir à travailler pour Thibaut Pinot. Au début, j’ai du mal dans les cols mais je prends le rythme et ça va de mieux en mieux.

C’est rare une saison sans que tu lèves les bras mais c’est ce qui est arrivé en 2014 ?

Et je n’en fais pas un drame. Une carrière est faite de moments difficiles mais je ne me plains pas. Avant ma chute au Qatar, je n’avais eu qu’un seul pépin, au cours de ma deuxième saison professionnelle : je m’étais cassé la cheville. J’en suis à ma dixième saison, ce n’est pas beaucoup. Alors oui je n’ai pas gagné l’an dernier mais je constate que seulement trois coureurs de l’équipe l’ont fait. Depuis deux ans, on roule pour des leaders et quand on travaille ainsi, on a très peu de chances de l’emporter soi-même et d’avoir des résultats mais tout le monde va dans le même sens, coureurs et directeurs sportifs.

Le niveau est tellement élevé dans les classiques que le moindre pépin se  paie cash ?

Le principal pour moi est de savoir que je suis capable d’avoir de bons résultats dans ces courses, je l’ai prouvé. Et le plus important est que la FDJ ait un super groupe pour ces courses-là. Avec Arnaud Démare qui n’est pas seulement un sprinteur. Ce sont des courses particulières où il est difficile de tout prévoir mais on en prend le départ avec des moyens.

Les coureurs de la FDJ sont unanimes, les stages en Espagne permettent d’aborder la saison avec enthousiasme ?

Ça change la vie. Pendant dix ans, j’ai roulé dans le froid et là, nous avons fait deux stages à 15° ou 20°. On a fait de la qualité. Je sais bien que Marc (Madiot) dit que rouler sous la neige à Renazé ça endurcit mais je pense surtout que ça mine moralement.

Quand tu seras au Qatar se déroulera le championnat du monde sur piste. Tu n’aurais pas eu envie d’y participer ?

C’est une page que j’ai tournée. J’ai disputé les Jeux Olympiques à deux reprises et j’en suis ravi mais désormais je me consacre seulement à la route même s’il m’arrive d’aller tourner sur la piste de Bordeaux pour le plaisir. Quand tu allies les deux, tu ne coupes pas vraiment. Désormais, j’ai besoin de souffler un bon mois, de me consacrer à ma famille et là, je peux dire qu’il me tarde de mettre un dossard sur mon maillot et de repartir en compétition. S’entraîner c’est bien mais c’est sans objectif !

Le programme de Matthieu Ladagnous: Tour du Qatar (8–13 février), Tour du Haut-Var (21–22 février), Circuit Het Nieuwsblad (28 février), Kuurne-Bruxelles-Kuurne (1 mars), Tirreno-Adriatico (11–17 mars), Grand Prix Nobili Rubinetterie (19 mars), Milan-San Remo (22 mars), Grand Prix E3 (27 mars), Gand Wevelgem (29 mars), Tour des Flandres (5 avril) et Paris-Roubaix (12 avril). Les Trois Jours de la Panne (31 mars-2 avril) seulement s’il en éprouve le besoin.

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