Une semaine après le Grand Départ donné d’Albanie, il était enfin temps pour les grimpeurs d’entrer en scène sur ce 108ème Tour d’Italie. Avec près de 3500 mètres de dénivelé répartis sur 168 kilomètres, et une ascension finale raide dans son ultime portion, une première explication au sommet était en effet attendue à Tagliacozzo. Malgré un départ mouvementé et la formation d’une échappée de sept hommes, le peloton avait d’ailleurs décidé de ne pas laisser les fuyards batailler pour la victoire ce vendredi. Un écart maximal de quatre minutes leur a ainsi été octroyé, mais à la suite de l’avant-dernière difficulté répertoriée, la chasse s’est nettement intensifiée. C’est au cours de cette même poursuite, à quarante kilomètres du but, que David Gaudu s’est retrouvé au sol. Si le Breton s’est vite remis en selle, il a en revanche dû s’attarder un long moment à la voiture médicale pour soigner une main ensanglantée. « RadioTour n’a d’abord pas annoncé sa chute, c’est David lui-même à l’oreillette qui nous a dit qu’il avait un trou dans la main, relatait Thierry Bricaud. On lui a demandé de répéter, et il a confirmé. Sur les images télé, on l’a vu derrière le peloton, donc on n’était pas trop inquiet. Mais il a ensuite eu cinq minutes compliquées, où il a un peu déconnecté, puis dix minutes où il a vraiment eu mal. On voyait qu’il avait des difficultés à tenir le guidon ».

C’est ainsi que le Breton s’est retrouvé franchement distancé du peloton, en peu de temps. « On lui a dit de rester dans sa course, même si on ne pouvait pas deviner l’intensité de la douleur, reprenait Thierry. Malgré tout, on voyait que les jambes tournaient plutôt bien, donc on restait optimistes. Dans un premier temps, Enzo et Clément l’ont attendu et ont fait du très bon boulot pour le maintenir en vie. On a ensuite décidé d’arrêter toute l’équipe pour le remettre dans le match. Il est rare de relever sept coureurs, mais on voulait être sûrs qu’il n’allait pas abandonner avant de le faire. Dès lors qu’on a vu qu’il continuait à se battre et qu’il avait envie, toute l’équipe s’est mise à son service. On sait qu’on est là pour l’accompagner au moindre pépin, et c’est ce que les mecs ont très bien fait aujourd’hui. Le fait d’avoir les copains autour de lui l’a aussi reboosté ». Un temps pointé à près de deux minutes, David Gaudu a ainsi bénéficié d’un contre-la-montre par équipes improvisé sur une dizaine de kilomètres pour combler son retard sur le peloton. À dix-sept bornes du but, soit quelques encablures avant d’entamer la montée finale, la jonction a été opérée, et le grimpeur tricolore, bandage sur la main, a pu reprendre sa place, et ses esprits.

« On savait qu’il n’y avait pas de gros pourcentages au pied, reprenait Thierry. Ils ont soufflé un bon coup avant de rentrer, lui le premier, puis on a essayé de lisser l’effort au maximum pour le remonter dans le peloton. Il était alors complètement remobilisé sur sa course ». À trois bornes du sommet, l’inclinaison de la pente s’est en revanche fortement accentuée, aux environs des 10%, et le leader de la Groupama-FDJ a serré les dents pour s’accrocher le plus longtemps possible. Au courage, il a pu tenir les roues jusqu’à 1300 mètres du sommet, puis s’est battu contre le temps jusqu’à la ligne, la franchissant cinquante secondes après le vainqueur du jour, Juan Ayuso. « Il a manqué quelque chose sur la fin car il y a malgré tout eu une dépense d’énergie pour rentrer, mais il a quand même fait une montée correcte, saluait Thierry. C’est une journée qui aurait pu tourner au drame, à la fin du Giro pour David et à une deuxième partie de Giro complètement différente pour l’équipe. Au final, il reste en lice pour le général. Il est à moins de deux minutes du leader après une semaine. Ce n’est pas rédhibitoire ». Vingt-cinquième de l’étape et vingt-et-unième du général, le Finistérien de 28 ans s’est par ailleurs fait apposer trois points de suture sur la main droite ce vendredi soir.Il sera donc bel et bien de la partie, samedi, lors de la huitième étape du Tour d’Italie qui mènera les coureurs à Castelraimondo à travers un profil vallonné, potentiellement favorable à une échappée. « Beaucoup de coureurs vont penser à la victoire d’étape, nous les premiers, donc on va être acteurs », concluait Thierry.

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