C’est une marche supplémentaire de franchie dans la – jeune – carrière de David Gaudu. Le grimpeur Breton attendait son heure depuis quelques temps maintenant. Elle est arrivée ce samedi, sur la Vuelta. Dans ce qu’il considérait être l’étape reine du Tour d’Espagne, le jeune homme de 24 ans a aujourd’hui conquis son tout premier succès sur un Grand Tour, qui plus est au sommet d’un col, ce qui ne lui était encore jamais arrivé depuis son passage chez les pros. Vainqueur de son duel face à Marc Soler après une longue échappée et un soutien inestimable de Bruno Armirail tout au long de la journée, David Gaudu ouvre ainsi le compteur de l’équipe Groupama-FDJ sur cette Vuelta et se reclasse par la même occasion au douzième rang du général.

« Bruno a fait un très gros travail », Thierry Bricaud

« Il faudra bien lire la course et peut-être même anticiper si l’occasion se présente ». Ces mots prononcés par Thierry Bricaud jeudi soir ont trouvé un véritable écho lors de la onzième étape de la Vuelta aujourd’hui. Très vite, Bruno Armirail a ainsi été aperçu parmi les coureurs les plus remuants, même si la première échappée de onze hommes s’est dégagée sans lui. Puis les circonstances de course, et la bataille pour le maillot de grimpeur en particulier, ont conduit le peloton à faire le forcing. Jonction a donc été faite dans l’Alto de la Colladana, premier des quatre cols de première catégorie du jour, et David Gaudu ainsi que Bruno Armirail ont alors forcé leur destin. « Dans le bus ce matin, on avait envisagé que je sois échappé, et que Bruno soit avec moi, expliquait le grimeur breton. Ce n’est pas toujours facile de faire du tableau noir, mais on a bien réussi à se retrouver devant ». « Au briefing, on imagine une tactique, mais de là que ça se mette en place, c’est autre chose, confirmait Thierry Bricaud. C’était un peu le scénario qu’on aurait aimé voir se produire, et ça s’est déroulé à la perfection. C’est finalement parti dans ce premier col après cinquante kilomètres, ce qui nous arrangeait en quelque sorte puisqu’on avait plus de chances de glisser David devant ».

Sur le sommet de cette première ascension, le jeune leader de l’Équipe Groupama-FDJ a donc été accompagné par son collègue des Hautes-Pyrénées et par six autres coureurs. Pour autant, le peloton n’a que très légèrement desserré son étreinte, naviguant à deux minutes seulement de l’échappée du jour. Marc Soler a d’ailleurs profité de cette marge raisonnable pour faire le jump dans l’ascension suivante, l’Alto de la Corbeteria. Son coéquipier Nelson Oliveira ainsi que Bruno Armirail ont alors lâché les chevaux dans les portions plus roulantes. « On savait que Bruno marchait très fort et qu’il pouvait apporter sa pierre à l’édifice, pour que l’échappée aille loin mais aussi pour soulager David au maximum jusqu’au pied de la montée finale, indiquait Thierry. C’est ce qu’il s’est produit, il a fait un très gros travail ». « On a réussi à canaliser Bruno comme il le fallait pour qu’il soit utile dans le final, souriait David. Il a fait un énorme boulot et s’est complètement sacrifié pour moi. À un certain moment, il me dit qu’il passe son dernier relais, il s’écarte… mais il revient à nouveau. Je peux grandement le remercier aujourd’hui ». Si le peloton n’a finalement jamais relâché la pression, du fait de la présence de Soler à l’avant, l’échappée est parvenue à maintenir une cohésion plutôt solide au fil des kilomètres et des ascensions pour se présenter au pied de l’Alto de la Farrapona avec environ trois minutes d’avance.

« Ça représente énormément pour moi », David Gaudu

Bruno Armirail a lancé ses dernières forces sur les premières rampes de ce juge de paix, avant de laisser David Gaudu s’expliquer face à Marc Soler, Guillaume Martin ou bien Michael Storer. L’Espagnol a finalement déclenché la première attaque, à laquelle David Gaudu a solidement répondu à cinq kilomètres de la ligne. « On savait que Soler marchait fort, mais le but premier était que les deux fassent le break pour être sûr de jouer l’étape », expliquait Thierry. Le duo a rapidement pris trente secondes d’avance puis est finalement resté roue dans roue jusque dans le dernier kilomètre. « David a hésité à attaquer ou à jouer le sprint, relatait encore Thierry. On sait qu’il est capable de faire de bons petits sprints punchy en haut des bosses. C’est l’option qu’il a prise et il a bien fait ». « Je sais que j’ai pas mal de punch, que je me débrouille très bien dans ce genre d’arrivée, complétait l’intéressé. Quand Marc Soler m’a attaqué à 500 mètres de l’arrivée, j’ai vu qu’il s’était rassis assez vite avec le vent de face. J’ai attendu les 150 derniers mètres et j’ai tout donné. J’ai vu qu’il était décroché à 75 mètres et que c’était gagné. À ce moment-là, ce n’était que du bonheur ».

Signe de ce bonheur intense, le jeune homme de 24 ans a exulté à son passage sur la ligne, par les gestes et par la voix. « C’était un cri de soulagement, car cela faisait quelques jours que j’avais du mal, expliquait-il. Ça a aussi été une saison difficile, on a bien galéré depuis trois mois et nous avons raté notre Tour de France. On venait sur cette Vuelta plus conquérant, et même si Thibaut a abandonné, on est restés soudés et mobilisés depuis le début. Aujourd’hui, je n’étais pas forcément très bien au départ mais j’arrive à l’emporter ici. C’est quelque chose d’exceptionnel. J’avais remporté ma première victoire en WorldTour l’an passé. Là, je remporte ma première victoire sur un Grand Tour, qui plus est dans une arrivée au sommet. C’est une première, et pas devant n’importe qui. Ça représente énormément pour moi et j’espère que ça va être source de déclic. C’est en tout cas toute l’équipe qui est récompensée pour son travail depuis le départ de la Vuelta ».« David a eu une saison compliquée, alors pouvoir la terminer sur une bonne note comme celle-là, même si la Vuelta n’est pas terminée, c’est important, ponctuait Thierry. On peut dire que ce Tour d’Espagne est réussi, mais à l’image de ce qu’on a fait sur le Giro : maintenant qu’on en a une, pourquoi ne pas aller en chercher une deuxième ? C’est l’état d’esprit qui va nous animer. Si on peut aller chercher un top 10 final, ce serait aussi très bien, mais le vrai objectif est d’aller en gagner une autre ».

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3 commentaires

Christophe J

Christophe J

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Le 1 novembre 2020 à 10:20

Bravo David, bravo Bruno, bravo à toute l’équipe ! Bonne suite de Vuelta, faites-nous encore plaisir.

dédé 60

dédé 60

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Le 1 novembre 2020 à 09:14

Bravo David, cette victoire te récompense de tout tes efforts passés pour aider Thibaut et récompense aussi tout le travail de l’équipe. Merci à toute l’équipe pour cette année en demi teinte mais, qui se termine bien et, qui c’est la Vuelta n’est pas finie.
Vivement l’année prochaine.

Jac34

Jac34

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Le 1 novembre 2020 à 07:01

David était impressionnant par la facilité qui se lisait sur son visage. Il n’avait pas l’air de forcer, rien, pas une grimace, on ne voyait pas qui allait pouvoir le battre dans la mesure où on aurait pu croire qu’il roulait sur du plat. Bruno c’est différent , il souffrait mais dès que la pente diminuait , il repassait en tête pour relancer. Quel travail !! On se disait, là il va décrocher, mais non il repassait en tête pour relancer. C’est lui qui à mon avis a été la plus combatif, le plus dévoué : un super équipier.