La montée en pression se confirme pour David Gaudu. Une petite semaine après une reprise encourageante, le leader breton n’est pas passé loin de la gagne ce samedi lors de la Faun Ardèche Classic. Deux ans après son succès dans cette même épreuve, le grimpeur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est isolé avec Julian Alaphilippe à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée, pour finalement en découdre au sprint face à l’ancien double champion du monde. Le quatrième du dernier Tour a dû se contenter de la deuxième place, mais a lancé de vrais signaux positifs en vue de Paris-Nice. Romain Grégoire a complété la belle performance d’équipe avec une cinquième place.

« J’étais surpris de voir qu’on n’était plus que tous les deux », David Gaudu

C’est sur son traditionnel et dynamique parcours en forme de montagnes russes que la Faun Ardèche Classic accueillait le peloton professionnel ce dimanche, tout autour de Guilherand-Granges. Les premières pentes étaient d’ailleurs escaladées dès le départ, et cela a donné lieu à une grosse bagarre pour l’échappée, qui a finalement accouché d’un duo de tête composé de Rémi Cavagna (Soudal Quick-Step) et Valentin Ferron (TotalEnergies). « On avait prévu d’assurer la poursuite, assurait Benoît Vaugrenard. On ne voulait pas de Soudal-Quick Step à l’avant, et surtout pas Cavagna, mais il nous a échappé. L’écart a ensuite atteint cinq minutes, il fallait vite réagir et Lorenzo a fait un gros travail ». Le coureur transalpin a ainsi imprimé le tempo en compagnie de quelques autres individualités pendant un long moment, et l’écart a commencé à fondre à la mi-course, notamment après la deuxième ascension du Col de la Justice. À la suite du passage de Saint-Romain-de-Lerps, le peloton a plongé vers la côte du Val d’Enfer et s’est alors disloqué. En tête, David Gaudu était bien accompagné de Lenny Martinez, Romain Grégoire et Quentin Pacher. Une cinquantaine de coureurs ont repris les deux échappés avant la dernière boucle du parcours, alors que Lenny Martinez était contraint à une grosse poursuite à la suite d’une crevaison.

Le peloton s’est rapidement présenté dans l’enchaînement Mur de Cornas-montée de Saint-Romain-de-Lerps, et la sélection s’est encore davantage accrue. « On avait décidé de durcir avec Lenny et Quentin, mais on a changé nos plans suite à la crevaison de Lenny, reprenait Benoît. J’ai dit aux mecs de plutôt suivre les coups, notamment pour Romain et David qui étaient nos deux coureurs protégés pour le final ». À vingt-cinq kilomètres de la ligne, le groupe ne se résumait plus qu’à une quinzaine d’unités, et c’est le moment qu’a choisi Julian Alaphilippe pour passer à l’offensive. « On a eu un grand David, qui a pu l’accompagner », commentait Benoît. « Je n’étais pas étonné que Julian attaque, relatait le principal intéressé. Dans ma tête, l’objectif était de le suivre quand il allait bouger. En revanche, j’étais surpris, en me retournant, de voir qu’on n’était plus que tous les deux. Le tempo était si élevé que tout le monde devait être à fond ». Le duo a ainsi pris la poudre d’escampette et collaboré pour augmenter l’écart, qui était de près d’une demi-minute au sommet de la montée de Saint-Romain-de-Lerps. Les deux hommes ont encore fait fructifier leur avantage dans la descente, et ont démarré l’ultime difficulté du jour, la côte de Val d’Enfer (1,5 km à 10%) avec une marge d’une minute.

« David s’est rassuré », Benoît Vaugrenard

Dans ce mur final, une nouvelle explication a eu lieu entre David Gaudu et l’ancien double champion du monde. « Je n’ai pas réussi à le sortir dans le Val d’Enfer, il m’en a manqué un peu, mais Julian n’est pas n’importe qui, souriait David. C’est peut-être le meilleur coureur du monde sur ce genre de montées. Il a attaqué, j’ai voulu contrer mais je pense qu’on était un peu à bloc tous les deux. On n’a pas réussi à se départager ». Avec une avance encore très conséquente, les deux hommes ont donc basculé en direction de Guilherand-Granges pour s’expliquer dans un sprint final. Après quelques ultimes relais, le Breton s’est placé derrière son adversaire à l’approche de la dernière ligne droite, mais il n’a jamais pu s’en dégager. « J’y ai cru quand il a lancé, j’étais bien dans sa roue, mais quand j’ai voulu le remonter, j’ai coincé, expliquait David. Je savais que j’avais une pointe de vitesse, mais les jambes et l’explosivité ont parlé. Il n’y a rien à regretter, l’équipe a été extraordinaire aujourd’hui, on a assumé nos responsabilités dès le départ. Je suis désolé de ne pas avoir réussi à ramener la victoire, mais Alaphilippe était plus fort. Il y a forcément de la déception quand on a une telle opportunité, mais c’est aussi rassurant de voir que la forme est là en vue de Paris-Nice ».

Auteur de son premier podium de la saison, David Gaudu a également été accompagné dans le top-5 par Romain Grégoire, cinquième sur la ligne. « Romain a fait un excellent travail derrière pour bloquer la poursuite, se félicitait Benoît. Il ne manquait finalement que Lenny, qui aurait été là sans sa crevaison. On a fait ce qu’on avait à faire, on est à notre place, et simplement battu par plus fort au sprint. Je suis satisfait de la journée. Ce n’est évidemment pas la gagne, mais on peut retenir que David s’est rassuré, et c’est de bon augure pour la suite ». La suite immédiate, c’est aussi la Faun Drôme Classic dès dimanche. « On a encore des ambitions, mais on va surtout voir comment ça se passe au niveau de la météo car des rafales à 100 km/h sont annoncées, prévient Benoît. Il va y avoir beaucoup de mouvements dès le kilomètre 0 ».

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