Depuis dimanche dernier, c’est de l’autre côté de la Méditerranée que « La Conti » Groupama-FDJ effectue ses premiers tours de roues officiels de la saison. Après un contre-la-montre par équipes d’ouverture plutôt particulier sur le Tour du Rwanda, les hommes de Jérôme Gannat ont obtenu un top-10 sur chacune des trois étapes en ligne suivantes, le tout en se montrant parfois à l’offensive. Ce mercredi, Brieuc Rolland a ainsi tenté un numéro solitaire d’une trentaine de kilomètres avant d’être repris tout proche de l’arrivée. Il occupe aussi la septième position du général avant les quatre derniers actes.

Pour la première fois de son histoire, et en guise de retour à la compétition en 2024, « La Conti » s’en allait donc disputer une course hors d’Europe. Le 18 février, Jérôme Gannat et ses poulains avaient rendez-vous sur le Tour du Rwanda, et plus particulièrement dans la capitale Kigali, où l’épreuve démarrait avec un chrono par équipes de dix-huit kilomètres. La spécificité de ce dernier résidait dans le fait qu’il n’attribuait qu’un résultat d’étape, et n’était pas comptabilisé pour le classement général. « C’était un très beau contre-la-montre, sur une partie du parcours du chrono des Mondiaux 2025, initiait Jérôme. La ferveur populaire était exceptionnelle. Ce n’était pas excessivement technique, et il y avait des parties roulantes. L’organisation avait autorisé les vélos de contre-la-montre, mais du fait du déplacement, on ne les avait pas pris. On partait avec un désavantage certain, mais l’objectif était quand même de le faire à 100% afin de produire un premier effort à 1600 mètres d’altitude. C’est ce que les gars ont fait ». Brieuc Rolland, Joshua Golliker, Colin Savioz, Ronan Augé et Ben Askey ont finalement obtenu la huitième place de l’épreuve, et la troisième parmi les équipes non-munies de la monture adéquate. « C’était une belle performance, assurait Jérôme. Ils ont montré qu’ils étaient prêts pour ce Tour du Rwanda ».

Colin Savioz contraint à l’abandon

Lundi, à l’occasion de la deuxième étape, cent-trente kilomètres étaient au programme entre Muhanga et Kibeho, pour un sprint probable. « Ça a couru sur le schéma classique, du fait de la présence des Pro Teams, poursuivait Jérôme. Dans le final, quelques attaques dans les bosses ont surtout créé une sélection par l’arrière, mais l’arrivée au sprint était quasi-inévitable ». C’est alors Itamar Einhorn (Israel-Premier Tech) qui a raflé la mise, Brieuc Rolland se glissant lui dans le top-10 (9e). Joshua Golliker et Colin Savioz figuraient également dans ce premier peloton d’une cinquantaine d’unités. Vers Rusizi, mardi, la troisième étape a créé davantage de dégâts, sur un parcours cumulant près de 3400 mètres de dénivelé. « Sur le papier, ça pouvait s’apparenter à une étape de montagne, soulignait Jérôme. On partait certes à 1500 mètres mais on passait les 2600 mètres. Dans la première moitié de course, ça montait même sur quarante kilomètres, par paliers. Finalement ça s’est fait à un train relativement tranquille et il n’y a pas eu de grosse sélection ». Le véritable écrémage s’est en réalité effectué dans une descente en forêt, à une trentaine de kilomètres du but. « La route était un peu défoncée, et ils n’étaient plus qu’une trentaine pour la dernière côte, dont Brieuc et Colin, reprenait Jérôme. Il y a eu pas mal d’attaques dans la montée, ça a fait une sélection, puis la descente en a aussi éliminé quelques-uns, dont Colin malheureusement ».

À la suite d’une sortie de virage, Colin Savioz a percuté un arbre et n’a donc pu accompagner le bon groupe jusqu’au bout alors que son coéquipier était aux prises pour la victoire. « William Lecerf Junior s’était détaché dans la dernière bosse, mais sans creuser un gros écart, expliquait Jérôme. Brieuc a suivi une attaque de Latour, l’a lâché dans la descente, a rejoint Lecerf à cinq kilomètres mais ils se sont fait reprendre à deux bornes ». C’est donc un sprint d’une quinzaine d’hommes qui a conclu la journée, et vu Brieuc Rolland de nouveau accrocher la neuvième place, remontant alors au septième rang du général. Ce mercredi, c’est néanmoins sans Colin Savioz, touché à la cuisse et au tendon d’Achille, que « La Conti » a pris le départ de la quatrième étape à Karongi, pour tout juste 93 kilomètres direction Rubavu. « Il y a eu pas mal de mouvements en début de course, et étant donné que Joshua avait perdu pas mal de temps mardi, il était désigné pour aller dans les échappées, reprenait Jérôme. Il a beaucoup essayé mais a loupé le coup de Pierre Latour, parti seul dès le pied de la plus grosse bosse au kilomètre 20 ». Le Français a alors mené les débats, mais sans se construire une énorme marge sur le reste du peloton. Après une nouvelle longue ascension roulante peu après la mi-course, et alors que l’écart n’était plus que de quarante secondes, Brieuc Rolland a décidé de tenter sa chance.

« Brieuc mérite mieux », Jérôme Gannat

 « Dans la partie descendante, il a rapidement repris et lâché Latour, relatait Jérôme. Il a compté jusqu’à 35-40 secondes d’avance, mais ça a ensuite été un peu compliqué car le peloton a roulé fort dans la dernière bosse. L’écart a fondu, et il n’avait plus qu’une dizaine de secondes en haut. Il a gardé cette avance dans la descente, mais sur le retour le long du Lac Kivu, il s’est fait rattraper, après avoir bien résisté malgré le vent de face et un faux-plat ». Le jeune Breton a rendu les armes à un peu moins de trois kilomètres de l’arrivée, puis vingt-deux coureurs ont bataillé au sprint. « La surprise du jour vient de Ben, qui était bien présent dans ce groupe après avoir passé toutes les difficultés avec les meilleurs, soulignait Jérôme. Il était bien placé, mais il a pris l’extérieur, et en raison des deux courbes dans le final, ça s’est refermé devant lui. Il a été un peu bloqué et n’a pas pu faire mieux que septième alors que le podium était possible ». Brieuc Rolland a lui terminé onzième de l’étape, conservant son septième rang au général avec la deuxième moitié de l’épreuve. « On connaît Brieuc, commentait Jérôme. C’est un coureur toujours présent quand c’est difficile, mais il lui manque cette victoire qui lui ferait tant de bien. Il a été opportuniste aujourd’hui. C’était osé de partir à 35 kilomètres, mais il a tenté et ça a échoué de très peu. On aimerait bien, et lui aussi, que ça se concrétise par des gros résultats, car il en a les capacités et il a une bonne condition. On espère que ça sera le cas dans les prochains jours. Pour le moment, ce n’est pas cher payé. Il mérite mieux ».

Après quatre étapes, dix-huit coureurs se tiennent en sept secondes, sur un Tour de Rwanda qui n’offre pas de bonifications. « Jeudi, c’est un contre-la-montre de treize kilomètres en côte, à 4-5%, concluait Jérôme. Il y aura déjà des écarts, et ça risque de cimenter un peu le général. Sur ce terrain, Brieuc peut bien se débrouiller. Il reste des bonnes opportunités, comme vendredi avec l’arrivée au sommet du Mont Kigali. Samedi, ça semble promis aux sprinteurs, mais cela dépend de qui contrôlera. Dimanche, l’étape se déroulera sur le circuit du Mondial 2025 à Kigali, où ça sera encore sélectif. Brieuc a assurément la condition physique pour faire top-10 du général ».

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