Première échappée pour Kevin Geniets, et premier top-10

À l’occasion d’une belle étape de montagne sur la Vuelta ce samedi, Kevin Geniets a pour la première fois goûté aux joies d’une journée à l’avant sur un Grand Tour. Au sein d’une échappée plutôt étoffée, il a même été accompagné par son coéquipier Arnaud Démare jusque dans les trente derniers kilomètres. Dans l’ascension finale, le champion du Luxembourg est tombé sur de meilleurs grimpeurs mais s’est tout de même accroché pour signer une belle huitième place au sommet, soit son premier top-10 dans un Grand Tour. Lui aussi auteur d’une bonne journée, Arnaud Démare a résisté au peloton pour prendre la quinzième place.

« Kevin avait un conseiller de choix avec Nono », Franck Pineau

Premier acte d’un week-end montagneux, la quatorzième étape de la Vuelta invitait ce samedi les coureurs à prendre la direction du Pico Villuercas après 165 kilomètres et près de 3500 mètres de dénivelé. L’essentiel des difficultés était toutefois situé en deuxième partie de course, ce qui promettait un départ rapide, sur le plat, pour prendre l’échappée. « Nous avions l’obligation de mettre quelqu’un devant aujourd’hui, confiait d’ailleurs Franck Pineau. Dans les premiers kilomètres, ce sont d’abord Arnaud, Ramon et Tobbe qui devaient suivre les coups pour permettre aux autres d’économiser leurs forces, car on imaginait que l’échappée puisse se former après un long moment ». Pourtant, ça n’a pas été le cas cette fois-ci, et le bon groupe s’est extirpé après seulement huit kilomètres. « Arnaud a donc finalement réussi à prendre l’échappée de dix-huit avec Kevin », souriait Franck Pineau. « J’ai pas mal galéré en raison de la chaleur ces derniers jours, reprenait le champion du Luxembourg. Il faisait un peu moins chaud aujourd’hui et j’en ai profité pour m’échapper. Je voulais déjà le faire depuis quelques jours, j’essayais, mais ça ne fonctionnait pas. Aujourd’hui, c’était la bonne ! » Outre son coéquipier ancien champion de France, le jeune homme a notamment retrouvé à l’avant Clément Champoussin, Nicolas Prodhomme (AG2R-Citroën Team), Jay Vine (Alpecin-Fenix), Jan Tratnik (Bahrain Victorious), Dani Navarro (Burgos-BH), Jesus Herrada (Cofidis), Tom Pidcock (Ineos Grenadiers), Sep Vanmarcke (Israel Start-Up Nation), Matthew Holmes (Lotto Soudal), Andrey Zeits (Team BikeExchange) ou encore Romain Bardet (Team DSM).

Il est assez rapidement apparu clair que l’échappée irait se jouer la gagne au sommet du Pico Villuercas, le peloton s’étant complètement désintéressé du gain de l’étape. L’écart a ainsi grimpé au-delà des dix minutes alors que l’échappée s’en allait arpenter les premiers reliefs de la journée à la mi-course. « J’étais content que Kevin, qui participe à son premier Grand Tour, soit dans cette échappée qui va au bout, poursuivait Franck. Il avait en plus avec lui un conseiller de choix avec Nono, qui l’a bien aiguillé toute la journée pour le rassurer. Arnaud a aussi bien roulé dans la plaine pour s’assurer que l’échappée ne soit pas revue ». Si le sprinteur picard a été temporairement décroché dans l’Alto Collado de Ballesteros, il a ensuite repris sa place dans l’échappée jusqu’à trente bornes de la ligne, lorsque les choses se sont véritablement enflammées à l’avant. « C’était super d’avoir Nono avec moi, renchérissait Kevin. Il m’a fait partager son expérience, il m’a dit de bien boire, de bien manger. Il m’a aussi souvent ramené de la glace pour que je reste un maximum frais. Dans le final, quand ça a commencé à attaquer, il a également bouché des trous. Il a vraiment été d’une grande aide auprès de moi devant ». Avant la montée finale (14,4 km à 6,3%), Nicolas Prodhomme s’est isolé en tête de course et le champion du Luxembourg a finalement entamé l’ascension avec plus d’une minute de retard au sein d’un groupe de poursuivants.

« J’ai vraiment profité de cette journée », Kevin Geniets

Combatif dans les roues dans la première partie de la montée, le longiligne coureur du Grand-Duché s’est ensuite essayé à une offensive, à sept kilomètres du sommet. C’est aussi le moment où les véritables offensives ont débuté et il n’a dès lors pu lutter face aux meilleurs grimpeurs, et notamment Romain Bardet, lauréat au sommet. Il s’est malgré tout joliment accroché pour passer la ligne moins de deux minutes plus tard, en huitième position. « J’ai pu m’exprimer à 100% de mes moyens et j’ai fait une montée correcte, jugeait l’intéressé. Je n’ai surtout pas de regrets. J’ai tout donné. Je constate aussi que les jambes sont encore très bonnes, peut-être meilleures qu’en première semaine. J’ai vraiment profité de cette journée et je vais essayer de remettre ça ». « Kevin a fait une belle dernière montée, mais c’était forcément compliqué face à des coureurs comme Bardet, martelait Franck. Faire huitième aux côtés des gars qui étaient devant, c’est très bien. Il n’a pas fait d’erreur et ne s’est jamais désuni. Il faut rappeler que c’est son premier Grand Tour. Il se découvre jour après jour. C’est très bien qu’il réussisse à faire ça au bout de 15 jours, dans une étape de montagne ». Quelques minutes après le Luxembourgeois, Arnaud Démare est parvenu à arracher la 15^e place du jour devant les principaux favoris de la Vuelta, signant ainsi un résultat insolite.

« Je n’étais pas le meilleur grimpeur de l’échappée, mais j’ai quand même pu prendre du plaisir, disait Arnaud le soir venu. C’était une journée sympa à l’avant, j’avais de bonnes jambes, et j’étais du coup large pour les délais ! » « Nono peut cocher cette date au calendrier, car il ne fera pas toujours quinzième d’une étape de montagne, souriait Franck. Il m’a forcément un peu surpris de ce point de vue, absolument pas quant à son engagement. On sait qu’il peut être une locomotive. C’était une bonne journée, on a été dans l’action ». Dimanche, une autre étape de montagne, flirtant cette fois-ci avec les 4000 mètres de dénivelé, se dressera devant des coureurs avant la deuxième journée de repos. « Ce sera un peu plus dur, concluait Franck. Il y aura 200 kilomètres au programme et les ascensions seront plus réparties. Pour nous, en revanche, c’est bis repetita. On partira avec le même engagement qu’aujourd’hui, avec le but de prendre l’échappée et de tirer le meilleur de nous-même une fois dedans ».