Marc Sarreau est content. Il a attendu le dixième mois de sa première saison professionnelle pour avoir le droit de courir chez lui. A 22 ans, le jeune sprinteur du Trèfle vit dans le Cher et il est jeudi l’un des huit coureurs de l’équipe FDJ engagés dans Paris-Bourges. A quelques jours de son dernier dossard de l’année, c’est pour lui l’heure du bilan et il a bien raison de s’affirmer plutôt satisfait de ses débuts dans le peloton.

Marc, comment finis-tu cette saison ?

Pas trop mal, j’ai plutôt de l’envie et de bonnes sensations mais je pense que le fait d’avoir été blessé est un aujourd’hui un avantage. J’ai pu souffler et je compte aujourd’hui moins de jours de course et de kilomètres que les années passées. J’ai de la fraîcheur.

C’est évidemment particulier pour toi de disputer Paris-Bourges ?

J’habite à Venesmes au sud de Bourges et c’est en effet la seule course pro qui se déroule chez moi depuis la disparition de la Châteauroux-Classic de l’Indre. Habitant au sud, je ne connaissais pas par cœur le parcours final et je suis allé le reconnaître lundi. C’est une course vallonnée que je crois encore propice à un sprint.

Comment analyses-tu ta première saison à la FDJ ?

Je l’ai bien vécue. D’entrée de jeu, intégré au groupes des classiques j’ai disputé de grosses courses et je pense avoir beaucoup appris même si je ne les finissais pas toutes. Sur le moment c’était un peu dur de passer d’un statut de coureur qui gagnait souvent chez les amateurs à celui d’un pro qui abandonne. J’ai quand même pris le départ du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix et ce n’est pas donné de le faire en étant néo-pro. Evidemment, n’ayant les années passées jamais disputé de courses de 200 kilomètres, je n’avais pas la prétention d’être encore dans le final. Je n’avais pas d’illusions mais j’étais content de faire le boulot qu’on me demandait.

C’est après les classiques que tu as connu divers pépins ?

Oui j’ai été souffrant et puis dans les Quatre Jours de Dunkerque j’ai souffert d’un genou, j’avais dû abandonner dans la dernière étape. J’ai pu reprendre la compétition seulement au championnat de France.

Tu fais tes classes, tu mesures déjà ta progression ?

Ah oui j’ai beaucoup progressé. J’ai plus de force donc plus de marge dans les courses. Je passe mieux les bosses même si ça reste mon point faible que je vais travailler, j’ai plus de force sur le plat. Avant, à 180 kilomètres je saturais, là je passe 200 kilomètres sans problème. J’ai pris de la force et si j’ai peut-être par conséquent perdu un peu d’explosivité, j’ai plus de confiance dans mes sprints. Avant je giclais et je m’écrasais. Maintenant non.

Ta saison est forte d’une première victoire sans un sprint du Tour du Poitou-Charentes ?

Oui cette victoire est évidemment le temps fort de ma saison mais je n’oublie pas mon sprint dans le Grand Prix de l’Escaut. Je finis quatrième après avoir été super bien lancé par Mickael Delage aux 200 mètres. J’ai couru plusieurs fois avec lui et son expérience est précieuse. Il sait exactement quand faire l’effort. C’est vrai aussi pour Sébastien Chavanel. Je dois toujours apprendre mais je sais pouvoir compter sur eux.

Sur le sprint lui-même tu as beaucoup appris ?

J’étais plus casse-cou avant, peut-être parce que j’ai un enfant. Dans ce peloton on peut passer très vite de la victoire à la blessure grave, je le sais. Chez les pros, être fort ne suffit pas, il faut être placé. En 200 mètres tu ne reprends pas 100 mètres. Il faut s’adapter aux situations, avoir confiance mais avoir un adversaire devant moi et faire le jump pour le sauter, j’aime bien.

Bien entendu tu as su profiter de la chance de travailler pour un sprinteur comme Arnaud Démare ?

En début de saison j’ai beaucoup travaillé avec lui en vue des classiques qui constituaient son objectif. Je l’ai beaucoup observé en course et puisque je devais le protéger une bonne partie de la journée, il n’a cessé de me guider et de me conseiller pour bien faire les choses.

A part le travail que tu dois faire dans les côtes, sur quoi vas-tu mettre l’accent ?

Bien sûr le sprint et bien préparer les classiques qui me plaisent vraiment. Je n’avais jamais fait Paris-Roubaix, c’était un rêve et si j’ai abandonné au contrôle de ravitaillement en étant victime de deux crevaisons, j’ai vraiment beaucoup aimé. Je ne pense pas encore à me spécialiser. J’aime le sprint et j’aime faire la course mais dans notre équipe, ce n’est pas forcément évident de prendre les échappées. Et puis il y a l’exercice du prologue que j’aime beaucoup. Mais je ne serai jamais un puncheur ou un grimpeur.

Tu a fini troisième du prologue du Tour de l’Ain en épatant Marc Madiot qui a prétendu avoir vu un nouveau Baden Cooke ?

J’étais super motivé. Oui je virais vite et j’aime ça. A l’entraînement, parfois, j’aime faire une descente que je connais bien de plus en plus vite, sans pédaler, juste en virant juste.

Tu es dans une structure qui a professionnalisé l’entraînement. Tu t’y es adapté facilement ?

Avant de passer pro j’avais un entraîneur que l’équipe n’a pas jugé assez pointu. C’est vrai que je travaillais avec un capteur de puissance seulement deux fois par an. Je travaillais surtout à la sensation. Je n’avais pas les watts et le temps d’entraînement à respecter. Je prends parfois du plaisir à travailler avec les méthodes de mon équipe mais j’aime bien aussi aller faire une séance aux sensations. J’en ai besoin et je le fais de temps en temps.

Demain et dimanche dans Paris-Tours, tu risques de travailler en faveur d’Arnaud Démare ?

Avec grand plaisir et s’il lève les bras, je serais aussi content que lui.

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