Ce dimanche, en terres transalpines, la « Conti » disputait l’avant-dernière course (en ligne) de sa saison 2020. Et quelle course cela a été pour les protégés de Jérôme Gannat. Sur le « Piccolo Lombardia », version Espoirs du Tour de Lombardie, la formation bisontine a été à la fois opportuniste et étincelante. Cela s’est finalement soldé avec un très joli podium pour son Érythréen Yakob Debesay (3e), tandis que Sylvain Moniquet s’est lui classé quatrième.

La « Conti » avait un rang à tenir sur le Piccolo Lombardia après le podium obtenu par Mattia Petrucci en fin de saison passée. L’Italien n’était certes pas présent pour cette édition 2020, mais l’équipe alignait malgré tout quelques belles cartes au départ. Sylvain Moniquet, par exemple, était attendu à la bagarre dans le final, mais la course s’est lancée bien plus tôt que prévu. « C’était très bizarre car il y a du mouvement dès la première partie de l’épreuve, racontait ainsi Jérôme Gannat. C’était un peu tactique puisqu’un premier groupe d’une vingtaine est parti avec Lewis [Askey]. Ensuite est rentré un groupe de cinq avec Yakob et le peloton était à ce moment là pointé à trois minutes. Alors, Jake et Sylvain ont attaqué derrière. Quand ils sont sortis, néanmoins, on n’était pas sûr de ce qu’il fallait faire. Cela nécessitait quand même un effort important pour rentrer à l‘avant, et si le peloton s’était mis à rouler également, ç’aurait été un effort pour rien. On a hésité mais ça s’est très bien passé. Jake et Sylvain ont quand même mis 35 kilomètres pour rentrer sur l’échappée ».

« Une très belle performance de Yakob », Jérôme Gannat

À la mi-course, c’est donc une échappée d’une trentaine d’hommes qui menaient les débats. Surreprésentée à l’avant, la Conti a joué cartes sur table. « À un moment donné, on a dû prendre nos responsabilités car on avait quatre coureurs devant, indiquait Jérôme. On savait que Sylvain et Yakob pouvaient être présents dans ce final difficile, alors Jake et Lewis ont roulé jusqu’au pied de la Madonna del Ghisallo pour mettre le peloton le plus loin possible. Ils ont vraiment roulé tout seuls, avec 25 mecs dans la roue, mais ont réussi à augmenter l’écart à 2’40 ». Sont alors entrés en scène les deux grimpeurs, Yakob Debesay et Sylvain Moniquet. « La sélection s’est faite par l’arrière, poursuivait Jérôme. En haut de la Madonna, où Yakob passe en tête devant Sylvain, ils ne sont plus que neuf ». Dans la longue descente ramenant les coureurs sur la ligne, avant une ultime boucle dans les reliefs avoisinants, le Polonais Symon Tracz (CCC) s’est fait la malle. S’il a compté jusqu’à 40 secondes, il a toutefois vu le retour d’un quintette – dont le duo de la Conti – dans le Colle Brianza, avant-dernière difficulté du jour. « Puis, c’est Harry Sweeny qui part dans la descente, relatait Jérôme. Il prend vingt-cinq secondes, ça revient à quelques encablures au sommet de la dernière bosse, mais il creuse de nouveau dans la dernière descente ».

L’Australien de la Lotto-Soudal Development Team a ainsi résisté jusqu’au bout tandis que Yakob Debesay et Sylvain Moniquet sont arrivés dans un groupe de cinq pour la deuxième place. Celle-ci est revenue au Danois Jacob Hindsgaul Madsen, mais l’Érythréen et le Belge ont respectivement accroché les troisième et quatrième positions. « Malheureusement, je me fais un peu coincer dans les 100 derniers mètres du sprint et je ne peux pas obtenir la deuxième place, confiait Yakob à l’arrivée. C’est dommage, mais ça a été une très belle course et l’équipe a très bien couru ».  « Il y a un peu de regrets car Sylvain et Yakob étaient les plus forts dans les bosses, reprenait Jérôme. Au vu du déroulé de la course, je pense qu’on avait deux vraies chances de victoire. Maintenant, une course est faite de montées mais aussi de descentes. Ça se joue partout ». Sur le podium de la course et vainqueur du prix de meilleur grimpeur, Yakob Debesay a signé ce dimanche sa plus belle performance depuis son arrivée dans l’équipe. « Je pense que personne ne l’aurait vu troisième hier, on a nous même été surpris par son niveau aujourd’hui sur une course de ce calibre, concédait Jérôme. À chaque fois qu’on allait le voir dans l’échappée, il semblait très à l’aise et c’est une très belle performance de sa part. Cela prouve qu’il a des capacités et qu’il sait saisir sa chance sur un parcours difficile et avec une course débridée ».

« Notre course la plus accomplie cette année », Jérôme Gannat

D’un point de vue plus collectif, le directeur sportif de la formation hexagonale affichait là aussi sa satisfaction : « Même si nous n’en avons pas eu énormément ces derniers temps, je pense que c’est la meilleure course de l’équipe depuis un moment. Nous avons tout de même eu la mainmise sur la course, nous avons pris des initiatives de très loin, Yakob et Sylvain ont assuré dans le final… C’est une course très accomplie. La plus accomplie, de loin, cette année. Qui plus est, l’équipe a été performante alors que nous n’avions pas de certitudes au départ. Nous avons eu pas mal de blessés, Jake n’était pas prévu, Clément était malade, Lars revenait d’une indisponibilité de six semaines. Nous étions un peu dans le doute quant aux états de forme des uns et des autres, mais ça s’est très très bien passé. Nous avons pris nos responsabilités, les gars ont bien travaillé et chaque membre de l’équipe a tenu un rôle important ».

Aucun commentaire