Il l’a fait ! Arnaud Démare, impérial à Vittel, a conquis sa première victoire d’étape dans le Tour de France au terme d’une journée parfaitement maîtrisée par ses équipiers. Gagnant avec deux longueurs d’avance sur Kristoff (Katusha-Alpecin) et Greipel (Lotto-Soudal) Arnaud s’est également emparé du maillot vert qui devient pour lui un véritable objectif.

Pour bien saisir l’ampleur de ce succès, le neuvième d’Arnaud cette saison mais la première dans un Grand Tour, il faut revivre cette étape dans sa longueur, dans l’intensité grandissante d’une victoire possible.

Les trois premières heures de course ont été tranquilles derrière le Belge Van Keirsbulck (Wanty-Groupe Gobert) comptant 13’30’’ d’avance à plus de 120 kilomètres de l’arrivée. La poursuite s’est organisée, s’est intensifiée avec, notamment, Arthur Vichot roulant longtemps en tête de peloton tandis que Thibaut Pinot effectuait des aller-retour pour ravitailler ses copains en bidons.

Il s’est dit ‘’allez j’y vais’’ Y Madiot

Puis est venu le sprint intermédiaire offrant un lot de points importants pour le maillot vert, deuxième place en jeu.

« Au départ, dit Yvon Madiot, on avait décidé de ne pas le faire. Juste de suivre pour garder les cartouches. Le sprint final n’était pas loin. ‘’OK je filoche’’ disait Arnaud mais Mickael Delage s’est retrouvé seul en tête de peloton à 1 kilomètre de l’arrivée. Avec Giacopo Guarnieri et Arnaud dans la roue. Il s’est dit ‘’allez j’y vais’’.

Premier sprint victorieux pour le Champion de France, facile devant Sagan et Greipel. L’équipe FDJ est alors restée groupée, concentrée, dans le sillage de Rudy Molard dans les premières places du peloton et sachant que deux virages à droite pouvaient être dangereux dans le dernier kilomètre.

Dans les voitures des directeurs sportifs du Trèfle, dans le bus, le silence s’est fait. L’intensité de la lutte dans le peloton était palpable, sanctionnée par une chute dans les premières places du peloton, fatale à Kittel (Quick Step Floors) et à Jacopo Guarnieri.

« Quel soulagement ! Arnaud a une super confiance en lui » Y.Madiot

« Quelle pression dans la bagnole ! dit encore Yvon. Je n’ai pas vu ce qu’il se passait, la télévision ne marchait plus. A la radio, j’ai entendu Jacopo réclamer un vélo, il venait de tomber. Je me suis dit que Nono devait être dans le rondin et que c’était fini. La télévision s’est remise en marche et j’ai vu le maillot Bleu-blanc-rouge lever les bras. Quel soulagement ! Arnaud a une super confiance en lui. Son groupe lui plait, il a une sérénité dingue. »

Dans leur voiture Yvon et son mécanicien de même que Thierry Bricaud et son mécanicien ont hurlé. Dans le bus, c’était indescriptible, la victoire d’Arnaud étant saluée par la sarabande de Marc Madiot, de l’entraîneur David Han et du docteur Jacky Maillot. Il a fallu quelques secondes à Arnaud Démare pour laisser la tension redescendre.

« Cette année, j’ai une équipe très très forte avec Mika Delage qui se dévoue, même blessé » A. Démare

« C’est extraordinaire, dit-il d’abord, c’est merveilleux, un rêve depuis que je suis passé pro. En 2014, j’ai connu des débuts dans le Tour très difficiles. Cette année, j’ai une équipe très très forte avec Mika Delage qui se dévoue, même blessé. Et Kono. Et Arthur Vichot. Et Rudy Molard. Et mes Italiens. J’ai perdu Jacopo Guarnieri à 600 mètres sur chute, j’ai un peu craint que ce soit très dur pour la victoire mais j’avais de bonnes jambes. J’ai gagné de belles courses déjà mais cette-là est énorme parce que le Tour ne touche pas seulement le monde du vélo mais le grand public. Y participer c’est bien mais gagner c’est fort. Je remercie mon équipe, je remercie Marc Madiot qui a emmené des gars pour moi. C’est parfait. De toute façon, je savais que j’allais gagner une étape…  »

« A 500 mètres de la ligne, j’ai vu qu’il avait la bonne jambe… » M. Madiot

Une fois descendu du bus, commençant à récupérer un peu, respirant comme s’il venait de faire le sprint lui-même, Marc pouvait dire sa satisfaction.

« Il y a longtemps qu’on travaille avec lui pour le sprint, dit le manager du Trèfle. Gagner sur le Tour c’est le must. On travaille beaucoup pour être au top, pour emmener Arnaud. A 500 mètres de la ligne, j’ai vu qu’il avait la bonne jambe… »

Arnaud a eu le temps de serrer dans ses bras ses équipiers passant devant lui avant d’aller chercher son trophée. Et le maillot vert. Quelle belle journée ! Il est le premier Français vainqueur d’un sprint massif depuis Jimmy Casper en 2006.

« Avec cette victoire, dit-il, le premier objectif est atteint. Jacopo est tombé, j’espère qu’il n’y a rien de grave. Avec les jambes que j’ai on va faire de belles choses encore et le maillot vert est un objectif ! Et pourquoi pas gagner encore… »

Le maillot vert est d’autant plus possible que Peter Sagan, le grand favori, a été exclu du Tour pour avoir intentionnellement fait tomber Mark Cavendish dans le sprint.

Demain, Arnaud et ses équipiers auront le temps de savourer leur joie mais rapidement il faudra porter main forte à Thibaut Pinot qui arrive sur ses terres avec l’ascension finale de la Planche des Belles Filles où il avait pris la deuxième place en 2014.

« Gagner si vite une étape, dit Thibaut, c’est une super nouvelle. On va se faire plaisir. Demain, je serai sur mes routes d’entraînement, c’est une belle étape. Je ne suis pas à 100% mais je vais faire mais du mieux possible chez moi, sur une montée que je connais par cœur. La victoire d’Arnaud va donner une super dynamique au groupe. On va être sans pression et c’est comme ça que ça marche le mieux. »

Le petit bémol concerne Olivier Le Gac, très courageux mais souffrant d’une intoxication alimentaire. En fin d’étape il s’est arrêté trois fois avant de franchir la ligne d’arrivée. Ce matin il était mieux, il n’avait pas de fièvre mais la deuxième partie de l’étape a été très difficile. Courage Olivier !

 Par Gilles Le Roc’h   

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