À chaque semaine son lot de belles surprises au sein de la Conti Groupama-FDJ. Dimanche, l’écurie bisontine s’est de nouveau octroyé le classement général d’une épreuve internationale Espoirs. En excellente position après le coup de force opéré par la Conti samedi, Enzo Paleni a endossé le maillot jaune du Triptyque des Monts et Châteaux lors du contre-la-montre disputé le matin avant de le défendre admirablement avec ses coéquipiers l’après-midi. Le jeune homme de 19 ans porte ainsi à six victoires le compteur de l’équipe dans ce fantastique début de saison 2022.

Le doublé Jensen Plowright-Samuel Watson à Tertre, samedi, n’avait pas seulement permis à la Conti d’ajouter un nouveau succès à son escarcelle. Elle avait également favorisé les desseins d’Enzo Paleni, alors remonté au deuxième rang du général – à vingt-six secondes du leader -, avant la dernière journée de course dimanche. Une journée décomposée en deux actes qui débutait tout d’abord avec un contre-la-montre de quatorze kilomètres à Wodecq. « Je rêvais du maillot jaune samedi soir », soufflait Enzo, qui s’est alors appliqué pour confirmer dans ce moment décisif ses qualités dans l’exercice chronométrique. Cela l’a finalement porté au quatrième rang de l’étape, dix-neuf secondes derrière le vainqueur, mais bien devant le maillot jaune d’alors. « Au début, j’étais déçu de ne pas avoir remporté le chrono, mais quand j’ai su que j’avais pris le maillot, j’étais très heureux ». « Le chrono était un peu vallonné, sans beaucoup de vent, et ça nous allait bien ainsi, ajoutait Jens Blatter, à la tête du groupe en Belgique. Eddy [Le Huitouze] a fait un super chrono en tant que première année Espoirs (7e) et Enzo s’est élancé avec cet objectif de conquérir le maillot jaune. Il était très fort, et c’est là qu’il a posé les bases pour gagner le classement général ». Avant les 95 kilomètres prévus plus tard dans la journée, le natif d’Aix-en-Provence s’est donc emparé de la tunique de leader avec une belle marge de trente-six secondes sur son dauphin Stian Fredheim.

« Je ne réalise pas encore vraiment », Enzo Paleni

Pour autant, tout restait à faire sur un terrain, et plus particulièrement un final, accidenté vers Frasnes-lez-Anvaing dimanche après-midi. « C’était un profil difficile et on n’avait pas tant d’avance, relatait Jens. Dans la première moitié de course, on a bien géré avec toute l’équipe qui a maintenu une grosse vitesse, empêchant toute attaque. En revanche, il y en a eu beaucoup sur la fin de la course. Cependant, on a bien géré nos forces, et les quatre ont roulé tour à tour. Dans le final, on avait encore Samuel Watson et Eddy Le Huitouze pour accompagner Enzo jusqu’à la dernière ascension. Tout le monde a joué le jeu, ils ont tous aidé pour qu’on parvienne à remporter le général ». « On a tout fait avec l’équipe pour garder ce maillot, insistait Enzo. L’équipe était vraiment vraiment très forte. On avait pu le voir dès samedi, quand on était cinq sur un groupe de treize. Aujourd’hui, ils ont, tous autant qu’ils sont, fait un job extraordinaire. Notre sprinteur Jensen a roulé, Rait avait des difficultés dans les bosses mais revenait à chaque fois donner un coup de main. Puis Eddy et Sam on fait un job incroyable ». Dans le difficile finish en bosse (1 km à 8%), le maillot jaune, dès lors livré à lui-même, a lâché ses dernières forces pour limiter la casse. Ce qu’il est parfaitement parvenu à faire. Per Strand Hagenes s’est imposé en solitaire, mais en ralliant la ligne 24 secondes plus tard, Enzo Paleni a largement conservé son maillot jaune. Pour près d’une demi-minute, le sociétaire de la Conti a donc remporté l’une des plus grandes épreuves du calendrier Espoirs.

« C’est un grand moment, confiait-il, aux anges. Quand on regarde le palmarès du Triptyque des Monts et Châteaux, on se rend compte que de sacrés coureurs sont passés par là. Je ne réalise pas encore vraiment, mais je vais savourer dans les prochains jours. C’était une course que j’avais cochée en début de saison, surtout en raison du chrono. J’avais envie de bien faire. J’ai eu cette chance d’être dans l’échappée le premier jour, ce qui m’a permis d’être immédiatement placé pour le général. Puis, de fil en aiguille, je me suis vraiment conditionné pour avoir le maillot. Aujourd’hui, ce n’est pas seulement une victoire personnelle, c’est même surtout une victoire collective. On a montré qu’on était très forts et qu’il allait être difficile de nous battre cette saison (sourires). Remporter le classement général par équipes en est aussi une preuve, et cela met aussi en lumière le travail du staff qui nous permet de réaliser tout ça ». « Cette victoire représente beaucoup car toutes les grandes équipes réserves étaient là, insistait Jens. Si je regarde le podium final, je vois un champion du monde juniors et un vainqueur de Paris-Roubaix juniors. Il y avait un énorme niveau, et on a pourtant réussi à dominer. Je pense que c’est aussi le résultat des échanges qu’on effectue avec la WorldTour. Les jeunes ont l’occasion de se frotter à un autre niveau qui les fait progresser. Je suis très fier, et très content pour Enzo. Ça fait deux ans qu’il roule pour les autres. Il était d’ailleurs prévu que ce soit le cas ici, mais il a su saisir sa chance avec cette échappée le premier jour, et surtout en sortant un gros chrono ce dimanche matin. On l’a senti un peu tendu, mais il a parfaitement géré la pression ».

« Au-delà de nos attentes », Jens Blatter

Au terme de ces trois jours de course, c’est donc une victoire supplémentaire qui s’est greffée au début de saison exceptionnel de la « Conti ». « J’ai toujours dit que la force d’une équipe était surtout flagrante si ce n’était pas toujours le même qui gagnait, si ça tournait, ajoutait Jens. C’est exactement ce qui se passe chez nous en ce moment. Ce début de saison est même au-delà de nos attentes. On savait qu’on avait une très bonne équipe, mais cela ne fait pas tout. On voit notamment dans le foot que certains ont les meilleures équipes mais ne vont pas au bout… Pour l’instant, ça marche très bien pour nous. On a disputé une grande partie des courses pour rouleurs-sprinteurs, et il ne faut pas oublier qu’on a une deuxième partie de l’équipe avec tous les grimpeurs. On a un très bon groupe de ce point de vue, et à partir de la semaine prochaine, ce sera à eux de jouer ! Ils ont un peu la pression après ce qu’on fait leurs collègues (sourires), mais je suis optimiste, et j’espère qu’on va encore enchainer les bons résultats ».

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