En direction du Colláu Fancuaya ce samedi, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est donné les moyens de ses ambitions. Dans cette huitième étape du Tour d’Espagne, elle a placé pas moins de trois hommes sur les dix qui composaient l’échappée du jour. Grâce notamment au travail de Bruno Armirail, le groupe de tête a pu aborder l’ascension finale avec un capital suffisant pour se jouer la victoire. Toutefois, Thibaut Pinot n’a pu rivaliser avec le vainqueur Jay Vine et s’est finalement octroyé la quatrième place du jour, Sébastien Reichenbach héritant lui de la dixième juste derrière les favoris. Ce n’est que partie remise.

« Ça aurait été dommage de capituler », Philippe Mauduit

Avant de se diriger vers la deuxième journée de repos, un week-end très accidenté se profilait pour les coureurs de la Vuelta. Le premier morceau, ce samedi, ne cumulait certes que 153 kilomètres mais il incluait six ascensions dont une montée finale de 1ère catégorie pour un total de 3700 mètres de dénivelé. Il allait sans dire que le profil de la huitième étape séduisait les grimpeurs de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ. La journée a en revanche commencé par une mauvaise nouvelle puisque Jake Stewart, malade, était contraint de quitter l’épreuve. « C’est dommage pour lui, bien sûr, mais c’est aussi dommage pour le groupe car il nous apportait sa fraîcheur, commentait Philippe Mauduit. Il s’était bien intégré à ce groupe et il faisait un très gros début de Vuelta. On aurait aimé l’accompagner jusqu’à Madrid, mais la nature en a décidé autrement ». Ils n’étaient donc plus que sept au départ de Pola de Laviana, mais sept très motivés. « C’est parti à bloc dans le premier col, relatait Philippe. Thibaut, Quentin, Bruno, Seb ont suivi les premières attaques, mais l’échappée s’est finalement faite après la descente. Bruno y était dans un premier temps, puis Seb et Thibaut dans un second ». Alors que le rouleur occitan avait déjà pris une minute d’avance sur le peloton en compagnie de sept coureurs, la doublette franco-suisse s’est extirpée du paquet. « C’était le tout dernier moment où ils pouvaient le faire, assurait Philippe. S’ils avaient attendu trois kilomètres de plus, ils n’auraient jamais eu l’opportunité. Ils ont ouvert une porte et se sont engouffrés dedans. Ils ont bien fait. L’objectif était vraiment d’avoir Thibaut ou Seb, voire les deux, dans l’échappée. Ça aurait été dommage de capituler au bout de 15-20 kilomètres de bataille ».

« On était vraiment frustrés de la louper avec Seb, poursuivait Thibaut. On a réussi à sortir in-extremis du peloton, mais il y avait déjà presque une minute, on s’est donc infligé une belle poursuite. C’était dur, mais on avait vraiment envie d’être devant. Quand Bruno est revenu, ça nous a bien aidé mais on a forcément laissé une cartouche en étant à contre-temps ». « On m’a dit à l’oreillette de me relever, ce que j’ai fait, indiquait Bruno. Je les ai attendus et j’ai roulé pour les faire rentrer. Cela nous a demandé un gros gros effort. J’ai même douté qu’on reviendrait, car on roulait à bloc et on ne reprenait pas de temps ». Mais après une douzaine de kilomètres de chasse, la triplette Groupama-FDJ a bien opéré la jonction avec Alexey Lutsenko (Astana-Qazaqstan), Mikel Landa (Bahrain Victorious), Rein Taaramae (Intermarché-Wanty-Gobert), Lucas Hamilton (BikeExchange-Jayco), Mads Pedersen (Trek-Segafredo), Marc Soler (UAE Team Emirates) et Jay Vine (Alpecin-Deceuninck). Dès lors, le groupe de tête a englouti les bouts de vallées et les montées sans tergiverser. « Ça s’est bien entendu, tout le monde collaborait bien, expliquait Bruno. J’ai passé un peu plus de relais pour économiser Thibaut et Seb, mais l’entente était bonne »« L’échappée a toujours été sous pression car le peloton n’a jamais vraiment laissé le champ libre, expliquait Philippe. Tout le monde s’est donc senti obligé de participer. Si le peloton avait laissé faire et qu’on avait eu trois minutes de plus, peut-être que certains se seraient réservés et nous auraient dit d’assumer. On s’est retrouvés dans une situation où les autres coureurs ne pouvaient pas se le permettre, et c’est ce qui a permis à l’échappée d’aller au bout encore aujourd’hui ».

« Il n’y avait vraiment rien à faire », Thibaut Pinot

Longtemps maintenu aux environs des quatre minutes, l’écart était légèrement moindre lorsque l’échappée a abordé l’ascension finale de Colláu Fancuaya (10,2 km à 8,6%). À la suite de son travail de sape, Bruno Armirail a été distancé dans les contreforts, puis les fuyards ont effectué les premières pentes au train avant que tout n’explose à six kilomètres du but. Jay Vine a ainsi accéléré l’allure et s’est bientôt isolé en tête. « Quand il a attaqué, j’ai essayé de le suivre, mais il était clairement le plus fort, réagissait Thibaut. Il n’y avait vraiment rien à faire. J’ai voulu essayer de le suivre plutôt que de monter au rythme, car je savais qu’il serait impossible de le rattraper de cette manière. Malheureusement, je me suis mis un peu dans le rouge, et j’ai alors fait ce que j’ai pu jusqu’à l’arrivée ». Relégué à un deuxième échelon, le grimpeur franc-comtois a alors rallié le sommet en quatrième position, à quatre secondes de la deuxième place. Sébastien Reichenbach a lui terminé dixième sur la ligne, au milieu des favoris dont le maillot rouge Remco Evenepoel. « Quand tu tombes sur plus fort que toi et que le terrain ne te permet pas de tenter des choses tactiques, tu ne peux pas avoir de regrets, indiquait Philippe. Il y avait une longue vallée avant d’aller chercher le premier col, il était impossible de sortir tout seul puis de résister. Quand tu as fait la course qu’il fallait faire, tu ne peux pas avoir de regrets ».

Même son de cloche chez Thibaut Pinot ce samedi soir : « Je suis évidemment déçu de ne pas gagner car c’est une étape qui me correspondait, mais je suis tombé sur plus fort. Je suis content de mes sensations aujourd’hui par rapport à ce qu’elles étaient dans la semaine. C’est la première fois depuis le départ de la Vuelta qu’elles sont bonnes. Je suis bien rassuré et motivé pour la suite. Dès demain, il y a une étape dans le même style ». « Je suis satisfait de voir que les maillots de la Groupama-FDJ sont à l’avant de la course, et que même quand les situations peuvent être difficiles, les coureurs sont toujours au combat, ajoutait Philippe. Ils ont l’objectif d’aller chercher une victoire d’étape et font tout ce qu’il faut pour. On va finir par trouver la bonne ouverture ». Bruno Armirail tirait lui aussi du positif de cette huitième étape. « Je me suis quand même assez rassuré aujourd’hui, car j’ai vécu des journées galères depuis l’arrivée en Espagne, concluait-il. Il faut maintenant bien récupérer pour demain, et on va retenter des choses dans les deux semaines qui restent. Rudy a eu le maillot, c’est déjà bien, mais on en veut plus. Tout le monde marche bien et ça promet de belles choses ». Au classement général, Rudy Molard a par ailleurs abandonné sa deuxième place au classement général ce samedi.

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