Si certains envisageaient un sprint cousu de fil blanc à Trasacco ce jeudi, ils ont certainement été déçus. La quatrième étape de Tirreno-Adriatico s’est en effet avérée extrêmement intense dans sa deuxième moitié de course, et si sprint il y a eu au bout du compte, cela n’a concerné qu’un petit peloton secoué par les bordures. Paul Penhoët n’a pu livrer sa pleine mesure après cette journée harassante, tandis que Romain Grégoire a conservé sa dixième place au général.
Les sprinteurs espéraient bien avoir gain de cause ce jeudi, mais avant de plonger sur Trasacco, près de 2500 mètres de dénivelé était à gravir dans les cent premiers kilomètres du parcours. Trois ascensions, loin d’être insignifiantes, se dressaient face aux coureurs, et l’action n’a pas manqué au départ. L’échappée ne s’est d’ailleurs dessinée qu’après une quarantaine de kilomètres, autour de cinq hommes. Le peloton s’est d’abord complètement relevé en leur accordant six minutes d’avance, puis une véritable accélération est intervenue dans la montée de Valico La Crocetta (12 km à 6%) à la mi-course. Cela a eu pour conséquence de distancer quelques sprinteurs, de ramener l’écart à moins de deux minutes, mais la course a encore davantage explosé avant la longue descente. « On a eu exactement le scénario qu’on avait envisagé, expliquait Thierry. En haut de la dernière difficulté, on était sur un plateau bien dégagé, avec le vent de côté. On savait qu’il y avait un gros risque que ça roule vite, que ce soit pour le général ou pour éliminer des sprinteurs, et donc que c’était un terrain à bordures. Ça a effectivement mis le bazar et c’était parti ».
« On avait plus à perdre qu’à gagner », Thierry Bricaud
Un premier peloton d’une vingtaine d’unités s’est dégagé après le sprint intermédiaire, tandis que Romain Grégoire et ses coéquipiers ont recollé au wagon après quelques minutes de chasse. « Les gars n’étaient pas immédiatement dans la première bordure, mais ils étaient tous ensemble et ils sont rentrés rapidement, assurait Thierry. Il n’y a pas eu de danger. Quand les deux premiers groupes se sont réunis, il y avait une cinquantaine de coureurs, et on avait nos six coureurs ». Le combat ne s’est pourtant pas arrêté là, car tandis que l’échappée conservait une petite marge, un autre groupe de favoris tentait, tant bien que mal, d’opérer la jonction. Quentin Pacher a lui accompagné une nouvelle tentative de bordures avec Filippo Ganna et Juan Ayuso notamment, mais celle-ci s’est achevée après environ dix minutes. « C’était bien d’avoir ce petit coup d’avance, ça permettait aux autres d’être bien vigilants et on savait que beaucoup d’équipes allaient venir rouler », complétait Thierry. Dans le dernier tour de circuit autour de Trasacco, le deuxième peloton est finalement parvenu à opérer la jonction, ramenant de fait plusieurs favoris dans le match.
« Il y avait certes l’occasion de reprendre quelques places au général, mais tout le monde était un peu émoussé dans le final, il y avait aussi un potentiel sprint à aller chercher pour Paul, et on était encore loin de l’arrivée, expliquait Thierry. C’est finalement une crevaison de Landa qui a permis à ce groupe de rentrer. C’était un scénario un peu compliqué pour prendre l’initiative ». Soixante-dix coureurs se sont donc retrouvés pour disputer le final, mais Mathieu van der Poel a tenté d’anticiper le sprint à la faveur d’une butte à cinq kilomètres du terme. Romain Grégoire a parfaitement suivi le mouvement, puis Ben Healy a contre-attaqué et repris les survivants de l’échappée, qu’il a menés jusque dans le dernier kilomètre. Le sprint n’a toutefois pu être évité, et Olav Kooij a tiré les marrons du feu. « Tout le monde était à fond, disait Thierry. Les 250 kilomètres sous la pluie ont laissé beaucoup de traces hier, et on a eu un scénario un peu similaire aujourd’hui. Il y avait beaucoup de fatigue dans le final, on l’a vu dans ce sprint très décousu. Paul n’a pas fait son sprint car il ne pouvait pas le faire, donc il n’y a pas de regret. Il n’y a pas de frustration, car c’était une journée où on avait plus à perdre qu’à gagner. On est toujours dans le coup pour le général, on est solide collectivement, on vient de faire deux bonnes journées, et c’est bon signe pour la suite ».
Vingt-et-unième sur la ligne ce jeudi, Romain Grégoire demeure à la dixième place du général avant deux étapes décisives pour le classement final.