Cent-dix kilomètres, et dix-sept secteurs pavés. Tel était le menu de l’édition juniors de Paris-Roubaix dimanche. Si la Trouée d’Arenberg ne figurait évidemment pas sur le tracé, quelques-uns des secteurs les plus iconiques, tels Mons-en-Pévèle et le Carrefour de l’Arbre, étaient eux bel et bien à couvrir. « Le briefing était assez clair, expliquait Jimmy Turgis, à la tête du groupe. C’est une course qui est ancrée dans l’ADN de l’équipe. C’est donc une course où on était vraiment attendu et où on se devait d’avoir un état d’esprit conquérant. Ils ont vraiment saisi le message car c’est la démarche qu’ils ont adoptée sur l’ensemble de la semaine et lors de la course ». Côté course, justement, Augustin Fahy et Timéo Louison ont respectivement essuyé une chute et une crevaison dans les trente premiers kilomètres, mais la suite s’est avérée moins perturbée jusqu’à Mons-en-Pévèle, où la course s’est décantée. « Alban avait pour consigne de sortir à ce moment-là, et c’est ce qu’il a fait », confiait Jimmy. « J’étais très mal placé sur le début de course, je tombais sans cesse, confiait l’intéressé. C’était un chantier monumental. J’ai commencé à revenir petit à petit, et à la sortie de Mons-en-Pévèle, j’étais bien placé. Une grosse chute a scindé le peloton et j’étais devant. Je suis sorti un peu en facteur, c’est revenu, mais j’ai insisté et je suis parti comme ça ».

À plus de quarante kilomètres du terme, Alban Picard a donc pris les commandes de la course et a par la suite continué sa route en compagnie d’Arthur Alexandre (France). « Derrière, on avait quatre coureurs dans un peloton de quarante, soulignait Jimmy. Seul Timéo manquait à l’appel. Malheureusement, c’est là que la course a mal tourné pour nous, car ils ont tous crevé sur les secteurs 7 et 6. Nous n’avions donc plus qu’Alban devant, et les autres étaient éparpillés dans des groupes retardés. Malgré tout, ils se sont battus pour aller chercher le meilleur résultat possible ». En tête, Alban Picard et son compère de fuite ont vu leur avance osciller entre dix et trente secondes dans cette dernière heure de course, et c’est bien avec une marge très mince qu’ils ont attaqué l’ultime gros morceau du jour : le Carrefour de l’Arbre. « On devait entrer dans ce secteur avec un coup d’avance, et c’est ce que j’ai fait, donc je suis content, confiait-il. Arthur Alexandre est tombé, je n’ai pas voulu prendre trop de risques et six mecs sont revenus sur moi à la fin du secteur. J’ai réussi à accrocher les roues, mais je n’en pouvais plus. J’étais mort ».

Après plus de trente bornes d’efforts, le jeune homme n’a donc pu se mêler à la victoire jusqu’au bout. « Il a coincé dans le dernier faux plat, à trois kilomètres de l’arrivée », précisait Jimmy. « Je n’avais plus les jambes pour suivre, j’ai eu des crampes, mais j’ai pu limiter la casse pour éviter le retour du peloton », ajoutait Alban. Sur la ligne, cela lui a donc valu une très belle septième place.  « L’objectif est toujours de gagner, mais je suis déjà très content de ce top 10 et surtout de la manière avec laquelle je l’ai obtenu, certifiait Alban. Si on m’avait dit cet hiver que je terminerais septième de Paris-Roubaix, j’aurais signé immédiatement ». « Il termine premier Français et premier junior 1, détaillait Jimmy. Il remporte aussi le Trophée John Degenkolb qui récompense le coureur le plus combatif de la journée. Globalement, l’équipe a vraiment répondu présent et on a marqué de notre empreinte ce Paris-Roubaix Junior. Physiquement, les coureurs étaient tous au rendez-vous, et mention spéciale à Alban, qui était vraiment très impressionnant sur le pavé. C’est de bon augure pour la suite. C’est un très gros résultat pour lui, et un très bon résultat aussi pour l’équipe. On venait bien sûr dans l’espoir de remporter cette épreuve ou d’accéder au podium mais la performance d’Alban demeure vraiment très satisfaisante ».

Aussi, le coordinateur du programme Juniors tenait à conserver une vue d’ensemble de cette belle journée. « Sur le comportement, c’était très bien, il n’y a rien à leur reprocher, concluait-il. L’état d’esprit était celui que l’on voulait. Ils ont été offensifs, collectifs et se sont battus jusqu’au bout malgré le lot de problèmes inhérents à Paris-Roubaix. Ils ont respecté cette course et sont allés au bout d’eux même pour n’avoir aucun regret. C’était vraiment important pour nous. Malgré la frustration pour certains à l’arrivée, tous avaient des étoiles plein les yeux. De la reconnaissance avec l’équipe WorldTour jusqu’aux mythiques douches de Paris-Roubaix, ils ont vécu de grands moments cette semaine. Il nous faut aussi remercier les quatre parents de coureurs présents, qui nous ont filé un coup de main pour faire le dépannage et le ravitaillement. On a pu disputer un Paris-Roubaix dans de super conditions du point de vue logistique. Il faut enfin souligner tout le travail du staff, qui a vraiment été parfait. Cet esprit de famille qui règne dans notre équipe juniors est vraiment remarquable et appréciable ».