Ce dimanche, c’est encore une échappée qui s’est disputée la victoire sur les routes du Giro. Entre Grado et Gorizia, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ y était représentée par l’intermédiaire de Lars van den Berg, à la suite d’un début de course par ailleurs déroutant. Si le jeune Néerlandais a bien géré sa journée à l’avant, il n’a toutefois pu accompagner les tous meilleurs pour espérer la victoire. Il a ainsi rejoint la ligne au sein d’un groupe de contre et s’est alors octroyé la 14e place. Lundi, une grande étape de montagne attend les coureurs.

« Coup de chapeau à Lars », Sébastien Joly

À la veille d’une grande explication en direction de Cortina D’Ampezzo, c’est l’une des étapes les plus courtes du Giro qui était à parcourir ce dimanche, à travers l’Italie … et la Slovénie. Seulement 147 kilomètres au programme, mais un départ sous très haute tension qui a très vite tourné au « carnage » avec de nombreux coureurs envoyés au sol après un accrochage. « C’est un très gros accident, témoignait Sébastien Joly. Le départ était donné sur une baie, avec un vent 3/4 dos et c’est parti super vite. Ça roulait à 60 km/h, un coureur a dû toucher une roue et il y a donc eu strike. Plusieurs de nos coureurs sont tombés dans l’affaire, Matteo se plaignait un peu du poignet mais ça avait néanmoins l’air d’aller. Au premier abord, il y a eu plus de casse mécanique que de casse physique de notre côté ». D’autres équipes ont été davantage touchées, et quatre coureurs ont d’ailleurs très vite quitté les routes du Giro, dont le sixième du classement général Emanuel Buchmann. Afin de pouvoir secourir chaque blessé et remettre tout en ordre, la course a été neutralisée l’espace de trente minutes puis un second départ a été donné. Les attaques ont alors repris de plus belle. « On voulait absolument être devant. On imaginait que Sagan pourrait essayer de rouler avec son équipe, mais en cas de très gros départ, on se demandait qui allait bien pouvoir les aider, restituait Sébastien. En plus, ils ont perdu Buchmann, et ça les a évidemment déstabilisés ».

Au terme d’une lutte de quelques minutes, c’est un groupe de quinze hommes qui s’est extirpé et Lars van den Berg parvenait à accrocher le wagon. « C’était difficile de se remettre en marche, mais j’étais très concentré sur le fait de prendre l’échappée, expliquait le jeune homme. J’ai sprinté dès le départ et j’ai intégré le bon groupe. On a roulé hyper vite pendant une demi-heure, on a obtenu un bel avantage et j’ai compris que l’échappée allait se jouer la victoire ». « Coup de chapeau à Lars, qui a eu la vista pour frotter de nouveau et repartir de l’avant après ce qui s’est passé, saluait Sébastien. Ça démontre une grosse envie de sa part. Il y a encore quatre semaines, il ne savait même pas qu’il allait faire le Giro. C’est un peu l’invité de dernière minute, et c’est une belle surprise. Au bout de quinze jours de course, il est toujours dans le coup, avec le bon état d’esprit, et c’est le bon enseignement du jour ». À l’avant, face à quatorze coureurs plus âgés que lui, l’ancien pensionnaire de la Conti a tenté de manœuvrer du mieux possible, « mais c’était difficile car certaines équipes avaient deux ou trois gars », complétait-il. « On se doutait que Campenaerts allait attaquer sur le plat, c’est ce qu’il a fait, mais il a attaqué vraiment fort », relatait Sébastien Joly.

« Dans une échappée de 15, on ne veut pas faire 14e », Lars van den Berg

À environ vingt kilomètres du but, l’ancien champion d’Europe du chrono s’est fait la malle en compagnie d’Oscar Riesebeek et Albert Torres, les deux premiers cités n’ont jamais été revus par le reste de l’échappée et le Belge s’est imposé. « Dans la dernière montée, quatre coureurs sont sortis pour revenir sur la tête de la course, et il m’en a manqué un peu, ajoutait Lars. L’écart était de 20 à 30 mètres mais je n’ai pas pu le boucher. J’étais tout près, mais pas assez. C’est un peu dommage car je me suis ensuite retrouvé avec des sprinteurs ou des mecs qui avaient un gars à l’avant, donc j’ai dû rouler seul dans les derniers kilomètres. Dans le petit talus avant l’arrivée, j’ai essayé de faire la différence mais je n’ai pas pu creuser et ils sont revenus sur moi. Ensuite, j’ai perdu face à eux au sprint. Je n’étais pas trop mal, mais ce n’est pas une journée parfaite à l’arrivée. Quand on est dans une échappée de quinze, on ne veut pas terminer quatorzième ». « Il a essayé de se battre pour rentrer, mais ça ne l’a pas fait, disait Sébastien. Son résultat brut est anecdotique, le principal était d’être dans cette échappée. Il a couru juste et c’est le plus important. À l’arrivée, il était un peu déçu mais on lui a dit qu’il ne devait pas l’être. Il va prendre de l’expérience, de la force, et d’ici quelques années, il pourra jouer avec les meilleurs dans ce genre d’échappées ». « J’ai besoin de gagner en force et j’espère que je reviendrai à l’avenir pour jouer un résultat », concluait le jeune homme.

Attila Valter, pour sa part, a sereinement terminé au sein du peloton, à dix-sept minutes de l’échappée, et se retrouve désormais onzième du classement général à la suite de l’abandon de Buchmann. Demain, le Hongrois aura fort à faire pour conserver son rang en direction de Cortina D’Ampezzo à travers le Passo Giau et le Passo Pordoi, notamment. « Ça fait partie des plus belles étapes de ce Giro, préfigurait Sébastien. C’est aussi la première très grosse étape de montagne. On rentre vraiment dans une configuration de haute montagne avec trois cols de 1ère catégorie, un col Hors Catégorie et plus de 200 kilomètres au compteur. On annonce aussi une météo extrême. On va se battre avec nos moyens. Rudy, Seb et Matteo marchent bien en montagne, Attila est toujours là au classement général, et on fera en sorte de le protéger de la meilleure manière possible ».