En clôture de la deuxième semaine de course sur le Tour de France, et dans la lignée des derniers jours, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a fait preuve d’une belle dose d’orgueil en direction d’Andorre-la-Vieille. À l’occasion du premier acte pyrénéen, David Gaudu, Valentin Madouas et Bruno Armirail se sont tous trois glissés dans l’échappée du jour. Les deux derniers ont dès lors ardemment tenté de favoriser les desseins du premier, mais le leader breton a simplement trouvé plus fort sur sa route ce dimanche. David Gaudu a ainsi pris la septième place de l’étape, mais a d’ores et déjà donné rendez-vous pour la semaine prochaine.

« On ne voulait vraiment pas que David se fasse piéger », Valentin Madouas

Il restait 191 kilomètres à boucler avant de voir la deuxième journée de repos, et il ne s’agissait pas des plus simples de cette Grande Boucle 2021. Entre Céret et Andorre-la-Vieille, le peloton s’en allait affronter les premiers massifs pyrénéens et tutoyer les nuages, à plus de 2400 mètres d’altitude. Néanmoins, et comme le soulignait Thierry Bricaud au soir de la quatorzième étape, il fallait bien négocier la première cinquantaine de kilomètres avant de se présenter dans les vrais cols. Et l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a parfaitement négocié son départ, réussissant à placer trois hommes dans une grosse échappée au sortir de vingt premiers kilomètres légèrement en pente. « C’est parti très vite et on s’est retrouvés à trois devant, relatait Bruno Armirail. C’est bête à dire, mais il s’agissait des trois cartes de l’équipe pour l’étape du jour, avec Valentin, David et moi-même ». Dans un groupe de tête toutefois garni de trente-deux unités, parmi lesquelles de vraies références, la confusion a quelque peu régné avant les premières ascensions répertoriées. « On a vite compris que ce serait le bazar car ils étaient trop nombreux, plusieurs équipes avaient plusieurs coureurs, il y avait des intérêts divers, et ça roulait vite avec le vent de dos, reprenait Thierry Bricaud. On a décidé de temporiser et de calmer un peu l’échappée et c’est alors Bruno qui a pris le manche ». Le premier intéressé complétait : « On s’est beaucoup fait attaquer dans la vallée. Du coup, on a décidé que j’allais commencer à rouler et faire en sorte de limiter les attaques. Ça nous fatiguait bien plus de suivre les coups et de boucher les trous que de rouler. On a alors imprimé un tempo ».

La locomotive occitane, quelque peu enrayée ces derniers jours en raison d’un coup de froid, s’est alors complètement remise sur les rails et a mené l’échappée, seule, pendant plus de 85 kilomètres ! Après avoir escaladé la longue montée vers Font-Romeu puis le Col de Puymorens, et permis à l’échappée de capitaliser dix minutes d’avance sur le peloton, Bruno Armirail s’est écarté au pied du Port d’Envalira. « On fait notre course, assurait Thierry. Aujourd’hui, c’était une vraie occasion pour nous. Alors, quand on a trois coureurs devant dont notre leader, on veut évidemment essayer de lui offrir un final où il peut s’exprimer. On avait toutes les raisons de penser que ça pouvait bien se passer. Bruno, qui n’était pas impérial depuis plusieurs jours, s’est retrouvé. On en a donc profité. Valentin a pu prendre la suite et ça a permis à David de se retrouver dans le final pour jouer la gagne ». « On ne voulait vraiment pas que David se fasse avoir, car c’était notre seule carte, poursuivait Valentin, qui a pris le relais dans la troisième bosse du parcours, ensuite soutenu par la Trek-Segafredo. Il avait coché cette étape depuis sa défaillance. On se devait donc de tout faire pour le mettre dans les meilleures conditions ». Et Bruno Armirail de marteler : « David est un leader, et dès lors qu’on est échappé avec lui, on lui fait entièrement confiance ».

« Les gars ont été de vrais acteurs du Tour », Thierry Bricaud

Au sein du groupe de tête, une première sélection s’est effectuée à l’approche du toit du Tour, le sommet du Port d’Enlivera (2406m), balayé par un fort vent de face. C’est alors un groupe d’une quinzaine d’unités, dont David Gaudu, qui a plongé vers l’ultime difficulté du jour : l’abrupt Col de Beixalis (6km à 8,5). S’il s’est montré en jambes au pied, et a même déclenché une petite accélération, David Gaudu n’a en revanche pu tenir la roue de Sepp Kuss lorsque ce dernier a attaqué. L’Américain s’est envolé vers un succès en solitaire, après une descente vers Andorre-la-Vieille, tandis que le Breton est arrivé pour la troisième place à une minute. Il a finalement hérité de la septième de l’étape, à la veille du second jour de repos. « Il est tombé sur plus fort, expliquait simplement Thierry Bricaud, mais il y a zéro regret de notre côté. Si c’était à refaire, on referait exactement la même chose. Aujourd’hui, les gars ont été de vrais acteurs du Tour sur une étape très difficile, ce qui en dit long sur leur envie. Et quand on a de l’envie en dernière semaine, c’est bon signe ». « On s’est fait plaisir, lançait Valentin. Ça n’a pas marché pour nous aujourd’hui, mais ce n’est pas pour autant qu’on ne réessaiera pas. C’était une bonne journée, même si les jambes sont logiquement lourdes ce soir ». En forme ascendante avant d’arriver sur ses terres, Bruno Armirail concluait sur la même tonalité : « Sur la Vuelta l’an passé, on l’a fait deux fois, ça a gagné à chaque fois. Aujourd’hui, David ne gagne pas, mais on ne peut pas toujours mettre au fond. On va retenter, et les arrivées au sommet la semaine prochaine pourraient davantage lui convenir ».