Le Giro entrait ce mercredi dans la vraie montagne, au cœur des Alpes italiennes, et Kilian Frankiny en a profité pour de nouveau exhiber ses qualités de grimpeur. Le Suisse de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a su saisir sa chance en intégrant la bonne échappée du jour, et en se montrant parmi les tous meilleurs de celle-ci dans l’ascension finale de la Madonna di Campiglio. Il s’est ainsi flanqué d’une belle cinquième place, son second top 5 sur ce Giro, tandis que ses coéquipiers en ont terminé près de 40 minutes plus tard au sein du gruppetto.

« Je voulais saisir ma chance », Kilian Frankiny

Entre Bassano del Grappa et la Madonna di Campiglio, 200 kilomètres et trois grands cols composaient la première très grande étape de montagne du Giro, ce mercredi. Le menu particulièrement corsé n’a pourtant pas freiné les ardeurs des audacieux sur les coups de 10h30. La bataille pour l’échappée a ainsi été particulièrement rude durant la première heure de course, entièrement disputée sur le plat. Il a ainsi fallu attendre le premier col du jour, le Passo Durone  (21 km à 6,7%) pour qu’un groupe parvienne à se détacher devant le peloton. Parmi les attaquants figurait alors le Suisse de l’Équipe Groupama-FDJ, Kilian Frankiny. « C’est la deuxième fois que j’avais carte blanche sur ce Giro, et je voulais saisir cette chance, expliquait le grimpeur helvète. Je voulais vraiment être dans l’échappée et j’ai donc donné mon maximum pour y arriver ». « Ça n’a pas été facile, rappelait Benoit Vaugrenard. C’est sorti en costaud dans la première ascension ». Car si dix-neuf coureurs ont dans un premier temps réussi à ouvrir une brèche, le peloton ne s’est pas immédiatement décidé à laisser partir, et il a donc fallu lutter pendant de longues minutes pour gagner sa présence à l’avant. Ce n’est que lorsque le peloton s’est réduit à une quarantaine d’unités que la formation Deceuninck-Quick Step a stoppé la poursuite, permettant donc à l’échappée du jour de se développer.

Dès lors, l’écart a progressivement augmenté pour se stabiliser autour de huit minutes. « Au début ça tournait bien, malgré la présence de quatre Movistar et de 3 NTT, indiquait Kilian. On savait qu’ils allaient essayer quelque chose ». Après la deuxième ascension du jour, le Monte Bondone (20 km à 6,6 %), Dario Cataldo s’est en effet extrait de l’échappée en solitaire. « J’ai dit à Kilian de ne pas s’affoler, et de ne pas trop en faire, racontait Benoit Vaugrenard, qui le suivait en voiture. Kilian est tellement gentil qu’il en donne parfois trop, et qu’il se fait avoir ensuite. Il faut qu’il apprenne à être un peu moins généreux et à observer plus attentivement qui se trouve autour de lui ». En tête de course, dans la plaine menant au Passo Durone, Cataldo a finalement vu le retour d’un groupe de contre de neuf hommes au sein duquel ne figurait pas le représentant de la Groupama-FDJ. « C’est le bémol du jour, expliquait Benoit. Il a manqué ce contre, et ça lui a coûté un peu cher. Il a fini par revenir sur le groupe de tête, après quinze kilomètres de chasse, mais cela lui a requis de vrais efforts, qui étaient superflus. On sait qu’à ce niveau-là, il faut courir le plus juste possible ».  

« C’est bien pour Kilian », Benoit Vaugrenard

À environ 30 kilomètres du but, après avoir franchi l’avant-dernière bosse du jour – la moins difficile -, Kilian Frankiny a donc opéré son retour en tête de course. « C’était presque inespéré, disait-il. Je m’étais même dit que c’était fini pour aujourd’hui, mais j’ai finalement réussi à rentrer ». C’est donc avec quatorze autres coureurs, et la possibilité d’un beau résultat, qu’il a entamé l’ascension finale de la Madonna di Campiglio (9,5 km à 6,7%). « Du pied jusqu’en haut, j’ai pris mon rythme, expliquait-il. J’ai eu vraiment mal aux jambes, mais heureusement, il n’y avait pas que moi dans ce cas. En début d’étape, je me suis dit que ça allait vraiment être une journée très compliquée. Alors si on m’avait dit que je finirais cinquième, je ne l’aurais pas forcément cru ». « Dans le dernier col ça s’est fait à la pédale, jugeait Benoît. On sait que Kilian n’aime pas trop les à-coups, donc il est vraiment monté à son train et a été chercher une belle cinquième place. C’est bien pour lui. Lors des deux étapes où on lui a accordé de la liberté, il a été faire quatrième et cinquième. Cela prouve qu’il sait saisir sa chance, c’est ce qui est intéressant, même s’il y avait de nouveau plus fort pour la victoire ». Ce mercredi, c’est l’Australien Ben O’Connor, deuxième la veille, qui s’est imposé. Paré de son maillot cyclamen, Arnaud Démare a lui franchi la ligne avec ses quatre autres équipiers plus d’un quart d’heure avant les délais autorisés. « Ils ont très bien géré leur étape, dans la bonne humeur, concluait Sébastien Joly. Malgré les deux cols de vingt kilomètres, ils ne se sont jamais affolés. Sagan était d’ailleurs avec eux dans un gruppetto d’une trentaine, et il n’y eu aucun souci ».

Rebelote jeudi sur le Giro avec une nouvelle grande étape de montagne qui, si les conditions le permettent, emmènera les coureurs au sommet du Passo dello Stelvio (2746m) avant une arrivée aux Lacs de Cancano.

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