Dans une dixième étape très casse-pattes dans sa seconde moitié, il n’aura pas manqué grand-chose à Arnaud Démare pour pouvoir disputer la victoire à Jesi ce mardi sur le Giro. Le sprinteur picard n’a cédé qu’à un kilomètre du sommet de la dernière difficulté du jour, dont la proximité avec l’arrivée n’a pas rendu possible un regroupement. C’est alors Biniam Girmay qui a écrit l’histoire en devenant le premier coureur d’Afrique noire à s’imposer sur un Grand Tour. Arnaud Démare ne compte de fait plus que trois points d’avance au maillot cyclamen sur son jeune rival alors que se profile mercredi une étape pour purs sprinteurs.

C’est sur les flancs de la mer Adriatique que le peloton du Tour d’Italie a lundi observé un repos mérité. Et c’est également en bord de mer que l’épreuve a repris son cours, ce mardi, entre Pescara et Jesi. Avant d’aller chercher quelques reliefs sur la deuxième partie du parcours, le peloton s’est donc avancé sur une longue ligne droite toute plate à l’occasion de laquelle l’échappée du jour, composée de trois hommes, s’est constituée. Alessandro De Marchi (Israel-Premier Tech), Mattia Bais (Drone Hopper-Androni-Giocattoli) et Lawrence Naesen (AG2R-Citröen) ont été autorisés à prendre jusqu’à cinq minutes d’avance, puis les équipes des coureurs favoris, Biniam Girmay et Mathieu van der Poel, sont venues assumer la responsabilité de la chasse. Cette poursuite, relativement soutenue, a assez tôt écarté Caleb Ewan ou encore Mark Cavendish. À l’entrée dans les soixante-dix derniers kilomètres, une trentaine de coureurs avait déjà lâché prise au sein du peloton. Arnaud Démare, pour sa part, demeurait extrêmement attentif. « C’était une grosse étape, une étape piège pour le maillot cyclamen, donc il fallait tenter », confiait le Picard. « Nos gars ont eu un très bon comportement, commentait Sébastien Joly. Le vent de 3/4 face nous a plutôt favorisé pendant l’étape. Il ralentissait à la fois les échappés et la poursuite, et éteignait un peu les offensives. Arnaud semblait vraiment à l’aise, notamment vis à vis du placement. Il est aussi intéressant de voir que l’ensemble de l’équipe était autour de lui et que beaucoup n’ont craqué que dans le final. Il y a eu une très bonne implication et un vrai engagement de chacun ». À travers les diverses montées-descentes, le peloton a progressivement fait son retard sur l’échappée, dont il a repris le dernier membre à vingt kilomètres du terme.

« Il ne manque vraiment pas grand-chose », Arnaud Démare

Il ne restait alors plus qu’une réelle difficulté à franchir, à Monsano, où les 1700 derniers mètres affichaient un pourcentage moyen de 6%. Extrêmement bien replacé par Tobias Ludvigsson et Jacopo Guarnieri au pied, Arnaud Démare s’est donné les moyens de jouer sa carte pleinement. « Physiquement, j’étais vraiment bien, soutenait-il. On s’est accrochés pendant longtemps. Dans le dernier talus, ça a vissé fort et il ne manque vraiment pas grand-chose… Il doit me manquer 30 secondes pour espérer basculer avec le peloton ». À la suite d’un énorme tempo de la formation Ineos Grenadiers mais aussi de diverses attaques, le paquet a finalement atteint le sommet avec une petite trentaine de coureurs seulement en son sein. Arnaud Démare, décroché à un kilomètre de ce même sommet, a basculé quelques instants plus tard, mais la course n’a plus offert un moment de répit. « On ne s’est pas relevés, on a tenté de revenir et on a roulé jusqu’au dernier kilomètre, disait-il. On n’a rien lâché jusqu’à la ligne, on ne savait pas si ça pouvait se relever devant. On ne finit qu’à une minute, ce qui n’est pas très loin. Je suis un peu déçu, mais les jambes étaient bonnes malgré tout. Ça allait bien aujourd’hui. Il n’a pas manqué grand-chose ». En tête de course, c’est l’Erythréen Biniam Girmay qui a alors réglé un groupe un peloton très réduit, devant Mathieu van der Poel. Grâce aux vingt-cinq points récoltés, il s’est rapproché à trois unités du maillot cyclamen toujours porté par Arnaud Démare ce mardi soir. « On sait que Girmay se rapproche vraiment très fort, ajoutait Arnaud. Ça va être un beau challenge et un beau spectacle. Il va être un gros client pour le maillot, mais notre objectif était surtout l’étape de demain ». « Comme on se le disait ce matin encore, l’objectif principal reste les victoires d’étapes, ponctuait Sébastien Joly. Si on gagne, le maillot viendra naturellement ». Mercredi, le Giro se rendra à Reggio Emilia au terme de 203 kilomètres sans une once de relief.

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