La grande fête attendue sur les routes bretonnes ce samedi, pour le lancement de la 108ème édition du Tour de France, a été quelque peu gâchée par des chutes en pagaille. L’entrée en matière sur la Grande Boucle a comme de coutume été très nerveuse et d’innombrables coureurs se sont ainsi retrouvés à terre. Parmi eux, et après un gros travail pour ses leaders, le récent champion de Lituanie Ignatas Konovalovas a été dans l’incapacité de repartir, étant contraint de se retirer dès cette première journée de course. David Gaudu est lui passé au travers des accidents et a parfaitement répondu présent dans la bosse finale de la Fosse-aux-Loups pour s’octroyer la septième place sur la ligne, aux côtés des principaux favoris.

« C’est triste pour Kono, l’équipe et le train d’Arnaud », David Gaudu

Il était environ onze heures ce samedi lorsque le plus grand événement cycliste de la planète a démarré du port de Brest. Un peloton de 184 coureurs s’est alors élancé dans un premier acte de près de 200 kilomètres, et parmi eux un « local » en la personne de Valentin Madouas. Au terme d’un long défilé devant une foule de retour et présente en nombre, la course a repris ses droits et la première échappée du Tour a logiquement été très disputée. Il aura fallu une vingtaine de minutes à six coureurs pour créer l’ouverture, toutefois rapidement maîtrisée par les équipes aspirant à la victoire d’étape. Le peloton n’a donc pas joué dans cette première étape et l’écart n’a jamais passé la barre des quatre minutes. Peu après la mi-course, la différence était déjà réduite à deux minutes sur un unique homme rescapé, Ide Schelling, alors qu’Arnaud Démare s’en allait prendre la sixième place du sprint intermédiaire. « C’était prévu, indiquait Yvon Madiot. L’idée était de marquer des points et de rester au contact au classement. C’est aussi une façon pour lui de rentrer dans le Tour. Quand on vise à être performant, il ne faut pas être derrière à attendre. Tous les sprinteurs ont d’ailleurs participé à ce sprint. C’est important pour lui de rentrer dans le match ». À l’instar de l’ancien champion de France, l’équipe toute entière s’est montrée active en se maintenant constamment dans la première partie du peloton.

« On connaissait les difficultés et les pièges, assurait Yvon. David et Valentin nous avaient prévenus et on avait aussi effectué une reconnaissance vendredi. Les routes n’étaient pas très larges et on savait qu’il y aurait du public, ce qui réduirait encore la chaussée. On savait également que la dernière descente serait un point sensible. Comme toujours sur le Tour, l’entame est très tendue et il y a eu deux chutes massives vraiment importantes, qui ont concerné cinquante mecs à chaque fois ». Provoquée par la pancarte d’une spectatrice à 45 kilomètres de l’arrivée, la première n’a pas affecté l’Équipe cycliste Groupama-FDJ. La seconde, en revanche, à l’approche de la montée finale, a embarqué Ignatas Konovalovas et Valentin Madouas. Le régional de l’étape a pu repartir mais le champion de Lituanie, victime d’une très lourde chute, n’a malheureusement pu reprendre la route. « Kono avait fait un excellent travail, il avait l’air d’être vraiment fort, confiait David Gaudu. C’est triste pour lui, pour l’équipe et pour le train d’Arnaud. On espère surtout qu’il ressorte indemne de cette chute ».

« Je m’en souviendrai toute ma vie », Valentin Madouas

Grâce au travail de ses collègues, dont Ignatas Konovalovas, David Gaudu a pu aborder la montée finale de la Fosse-aux-Loups en bonne position. S’il n’a pas accompagné Julian Alaphilippe lorsque le champion du monde a démarré à plus de deux kilomètres du but, le grimpeur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a bien suivi le petit groupe des favoris jusqu’à la ligne. Il a même initié le sprint pour la deuxième place avant de se classer septième. « David est avec les favoris, mais il a surtout été très bien entouré, notamment par le malheureux Kono, commentait Yvon. Il a été vraiment bien soutenu par toute l’équipe ». « Stefan a fait un gros travail, Jacopo a aussi bien bossé, poursuivait le jeune Breton. Les sensations étaient quand même correctes pour une mise en route. D’un point de vue personnel, je suis passé à travers les deux grosses chutes, c’est déjà une bonne chose. D’un point de vue collectif, c’était parfait jusqu’à l’arrivée. Le seul bémol aujourd’hui est de perdre Kono sur chute… » Grâce à sa belle montée, David Gaudu permet par ailleurs à l’équipe de débuter son Tour de France par un top-10, ce qui ne lui était plus arrivé depuis 2010. Il pointe également au deuxième rang du classement du meilleur jeune, derrière le vainqueur sortant Tadej Pogacar.

Arrivé sur la ligne avec quelques minutes de retard en raison de sa chute, Valentin Madouas aspirait évidemment à davantage sur ses terres, mais tentait malgré tout de positiver. « L’objectif principal était que David et Arnaud ne tombent pas, rappelait-il. David est devant et finit dans le top 10, ce qui est très très bien. Personnellement, je suis un peu déçu car je me sentais vraiment bien, mais c’est comme ça. Malgré la chute, c’était une super journée pour moi. Je m’en souviendrai toute ma vie. Il y avait beaucoup de public et nous avons eu des encouragements toute la journée. C’était vraiment dingue ! » « Ça fait chaud au cœur d’entendre tous ces gens scander son nom, confirmait l’autre régional, David Gaudu. Ça fait du bien de voir ses supporters et sa famille au bord de la route et ça donne encore plus envie pour la suite. Et malgré tout ça, j’ai réussi à me concentrer sur la course et c’est le gros point positif. Je suis déjà focalisé sur demain et l’étape de Mûr-de-Bretagne qui peut s’avérer piégeuse, même si le final est un peu moins technique qu’aujourd’hui ». Et Yvon Madiot de conclure : « Ce sera la même configuration demain : de la nervosité et tout sur une montée ».