C’est une découverte dont il se souviendra un moment. Ce samedi, Lenny Martinez a pour la première fois goûté aux Strade Bianche, et il n’est pas passé inaperçu. Quelques jours après son deuxième succès de la saison sur le Trofeo Laigueglia, le grimpeur tricolore a joué les premiers rôles en Toscane, bien que loin derrière Tadej Pogacar, vainqueur après un long raid solitaire. En poursuite, le jeune homme de 20 ans a d’abord pu composer avec la présence de Valentin Madouas avant de s’octroyer la huitième place du jour. Le champion de France a lui passé la ligne en quinzième position et tous les membres de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ ont achevé cette édition 2024, plus longue que les précédentes. 

« J’avais l’impression d’être sur une Classique belge », Lenny Martinez

Une véritable nouveauté accompagnait ce samedi matin le lancement de la 18ème édition des Strade Bianche. Pour la première fois dans la – courte – histoire de l’épreuve, le kilométrage dépassait la barre des 200 kilomètres, du fait de la répétition d’un circuit à l’approche de Sienne. En lieu et place des 185 kilomètres effectués précédemment, les coureurs en avaient 215 à parcourir, avec un passage supplémentaire par le Colle Pinzuto et Le Tolfe dans les vingt dernières bornes, le tout ayant pour conséquence de repousser le décisif secteur de Monte Sante Marie à près de 80 kilomètres du terme. Et si la course s’est allongée, cela n’a pourtant créé aucune temporisation, et c’est un peloton très nerveux qui a couvert la première heure de course à 45 km/h de moyenne. « C’est parti sur des bases très élevées, sans vraie échappée, confiait Yvon Caër. Le rythme était fou ». « Au début j’avais l’impression d’être sur une Classique belge ou Paris-Roubaix, témoignait Lenny Martinez. Il y avait beaucoup de tension ». Cinq coureurs ont tout de même fini par se frayer un chemin en tête, à savoir Dion Smith, Mark Donovan, Nils Brun, Lawson Craddock et Anders Halland Johannessen, mais leur avance a péniblement atteint les deux minutes. Le peloton n’a pas tardé à mettre en marche, et après quasiment vingt kilomètres consécutifs de « Strade Bianche » à travers les cinquième et sixième secteurs, l’échappée était déjà sur le point d’être avalée. La barre des 100 kilomètres venait alors à peine d’être franchie, tandis que Romain Grégoire était victime d’une chute au sein d’un paquet déjà bien amoindri.

S’est ensuite présenté, sous la pluie, le secteur de San Martino in Grania, où le regroupement s’est opéré et où de nouvelles offensives ont fusé. Très vite, il n’est plus restée qu’une cinquantaine d’unités dans le peloton, auquel Valentin Madouas, Lenny Martinez et Romain Grégoire sont parvenus à s’accrocher. Dans la foulée, les coureurs ont abordé le mythique secteur de Monte Sante Marie, où la course a complètement explosé. Le peloton s’est scindé en plusieurs morceaux, puis Tadej Pogacar est parti seul, à 81 kilomètres du but. À l’issue du secteur, le Slovène comptait déjà plus d’une minute d’avance sur ses poursuivants, réduits à une petite dizaine. D’abord en difficulté, Lenny Martinez est parvenu à opérer la jonction sur la poursuite. « J’ai beaucoup subi dans les premiers secteurs, confiait le jeune homme. J’avais du mal à me replacer, puis j’ai remonté groupe par groupe, c’était vraiment un chantier ». Une dizaine de kilomètres plus loin, le champion de France Valentin Madouas a également pu faire son retour dans une chasse alors composée d’une vingtaine d’hommes. « Suite à sa chute, Romain s’est sacrifié pour faire rentrer Valentin, relatait Yvon. Sans lui, Valentin ne serait probablement pas revenu devant ». En revanche, les espoirs de victoire se sont rapidement volatilisés pour la concurrence ce samedi. « À l’oreillette, j’entendais deux minutes, trois minutes, alors que ça roulait fort, disait Lenny. Pogacar évoluait à un niveau incroyable. Honnêtement, quand on s’est retrouvé en chasse avec Valentin, j’avais abandonné l’idée de gagner ».

« Je suis content de ce que j’ai fait », Lenny Martinez

Alors que le Slovène s’envolait vers la victoire, la bataille pour les places d’honneur a donc fait rage en contre. « Ça se regardait, ça roulait, ça s’attaquait, expliquait encore Lenny. Avec Valentin, on devait chacun suivre les attaques pour se répartir un peu la tâche ». À force d’à-coups, le groupe s’est légèrement réduit, puis Maxim Van Gils est parvenu à s’extirper, avant que Toms Skujins n’en fasse de même après la première boucle du circuit final. Tom Pidcock a lui aussi réussi à ouvrir une brèche alors que Lenny Martinez s’est installé à l’échelon suivant avec cinq concurrents. Il a, à son tour, tenté d’accélérer lors de l’avant-dernier secteur à dix-sept kilomètres du terme, mais n’a pu se défaire de ses rivaux, qu’il s’est par la suite attaché à suivre dans l’ultime chemin blanc de « Le Tolfe ». Les dix derniers kilomètres sur l’asphalte n’ont créé aucun bouleversement, et le jeune homme de la Groupama-FDJ s’est donc présenté au pied de la Via Santa Caterina (700m à 9%) avec la cinquième place en jeu. Au bout d’un dernier effort, c’est la huitième qu’il a finalement récoltée sur la Piazza del Campo de Sienne, près de cinq minutes après le vainqueur. « Je n’avais plus de jambes dans la dernière bosse, confiait-il. C’était une journée très, très dure, quasiment tout le temps à bloc. C’est une très belle expérience, et je suis content de ce que j’ai fait. C’est une belle récompense finir huitième de mes premières Strade Bianche. C’était vraiment différent de ce que je connaissais. Je suis content de toucher un peu à tout et de me tester un peu sur ce terrain-là ».

« Valentin est désormais opérationnel à 100% », Yvon Caër

À 20 ans, Lenny Martinez poursuit son début de saison fulgurant, désormais fait de deux victoires, d’une deuxième place sur O Gran Camiño et d’un top-10 sur les Strade Bianche. « Lenny est hyper surprenant, encore une fois, confiait Yvon Caër. Ce sont des courses qu’il n’a pas l’habitude de faire, et il découvre cette dynamique et ce profil de course avec brio. C’est une vraie satisfaction ». Un an après son podium à Sienne, Valentin Madouas a lui obtenu la quinzième place du jour. « On peut toujours avoir un sentiment d’inachevé, mais à partir du moment où Pogacar est parti, on courait pour la deuxième place, complétait Yvon. Je pense que Valentin manquait un peu de confiance. Il vient juste de se défaire de sa chute en Algarve. Il manquait de repères, peut-être de certains efforts, mais je suis sûr qu’il est désormais opérationnel à 100% et c’est de très bon augure pour la suite. Un coup de chapeau aussi aux autres coureurs qui se sont sacrifiés pour Lenny et Valentin. Lewis est tombé également, et il aurait pu aller plus loin, même si c’est le lot de toutes les équipes sur cette course. Quoi qu’il en soit, c’était une course extrêmement violente, et tous nos coureurs l’ont terminée. C’est satisfaisant ».

1 commentaire

marc

marc

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Le 2 mars 2024 à 21:10

impressionnant le coco, pas souvenir d un jeune de 20ans français, réaliser un tel résultat….
Si il progresse jusqu’à 27ans……il pourra se construire un sacré Palmarès !