avec Joseph Berlin-Sémon

« Tout le monde est prêt ! »

La Conti

Alors que la saison 2023 a démarré il y a bientôt un mois pour l’Équipe cycliste WorldTour Groupama-FDJ, sa petite sœur, « la Conti », est à l’aube de sa cinquième année d’existence. Largement renouvelée durant l’hiver, l’écurie basée à Besançon vient tout juste de terminer un stage à Calpe, et se dirige vers ses premières courses de l’année. L’occasion de faire le point avec Joseph Berlin-Sémon, l’un des entraîneurs de l’équipe.

Joseph, le stage de la « Conti » vient de s’achever. Comment s’est-il passé ?

C’était un super stage de manière générale. Il y avait vraiment une bonne dynamique de groupe. À la Conti, on ne fait qu’un seul stage collectif durant l’hiver, et on n’avait donc pas vu certains coureurs depuis un long moment. Cela a été très utile de ce point de vue, et l’idée était aussi de faire le point sur le niveau global du groupe. Dans l’ensemble, ça a été un très bon stage car ils ont pu rouler tous les jours, comme prévu. Ils ont fait une quarantaine d’heures de selle sur dix jours, ce qui est très bien.

« Un stage relativement chargé pour les coureurs »

Quel a été le programme de ce stage ?

Il se décompose en deux parties. Lors des quatre premiers jours, c’était davantage du travail individuel et spécifique, axé sur l’endurance et avec des tests sur le terrain. On en a aussi profité pour travailler les positions sur les vélos de chrono avec les mécaniciens, car certains coureurs n’avaient pas encore récupéré leur monture. Marc et quelques personnes du Service Course sont passés en début de semaine, et c’était l’occasion pour les coureurs de les rencontrer. Il y a bien sûr eu le petit discours de Marc, qui est toujours un moment important pour les coureurs, et qui permet de mettre tout le monde en phase sur la suite des opérations et la philosophie de l’équipe. On a ensuite observé une journée repos, lors de laquelle notre photographe Nico Götz est venu faire quelques clichés. Dans la deuxième partie du stage, on était davantage tourné sur du travail collectif, avec du travail spécifique pour les grimpeurs, pour les sprinteurs, mais aussi le chrono individuel, par équipes, et des belles sorties assez longues pour profiter du beau temps. Au-delà de l’aspect sportif, on a aussi organisé quelques entretiens avec certains coureurs qu’on n’avait pas pu voir lors de la période hivernale. Cela a permis de faire un point sur le calendrier du début de saison avec chacun. C’était tout de même un stage relativement chargé pour les coureurs, mais ça s’est très bien passé.

Comment as-tu retrouvé les coureurs physiquement ?

Le groupe est homogène, même si certains sont un peu plus en avance que d’autres. Lewis Bower a par exemple déjà couru en Nouvelle-Zélande, et Noah Hobbs a lui déjà fait de la piste en début d’année. Néanmoins, dans l’ensemble, tout le monde est prêt ! C’était vraiment le dernier gros bloc de préparation, à la fois en termes de volume et de travail spécifique. Ils vont tous reprendre d’ici les quinze prochains jours. Globalement, ils sont tous au niveau, et même s’il y a de petits écarts, le fait d’avoir un collectif soudé devrait gommer ces petites disparités. Je ne me fais aucun souci de ce point de vue. On a un collectif jeune, mais ils sont déjà relativement matures et il y a une bonne communication entre eux.

Justement, c’est un groupe tout neuf. A-t-il été difficile de rebâtir une cohésion ?

Il est vrai que le groupe a été renouvelé à plus de 90%, car seul Eddy était présent l’année passée, mais les coureurs ont eux-mêmes créé la cohésion dès le mois d’octobre, lorsqu’ils se sont rencontrés pour la première fois lors des entretiens à Besançon. Ils sont ensuite restés en contact pendant toute la période hivernale, et certains sont partis ensemble en stage « perso ». Tout s’est fait de manière naturelle, entre eux, et on n’a pas eu besoin d’intervenir plus que ça. En arrivant à Calpe, certains n’avaient pas encore rencontré tout le monde, notamment les Océaniens, mais la cohésion s’est créée très rapidement.

« Un challenge, mais aussi une motivation »

Les as-tu sentis heureux d’être là ?

Je les ai surtout sentis motivés. C’est vraiment la sensation que je retiens de ce stage. Ils ont tous envie d’apprendre, de progresser, et d’arriver au niveau de leurs collègues désormais dans la WorldTour après être passés dans la Conti. Ils veulent bien faire et conserver cette image de meilleure équipe de développement. On sait que le niveau global de l’équipe l’an passé était très très élevé par rapport à celui de cette année, mais c’est déjà une bonne chose de les voir motivés et impatients d’accrocher un dossard.

Y a-t-il des différences notables avec la promotion 2022 ?

On fait évidemment des comparaisons, pas seulement avec la promo de l’an passé mais aussi avec celles des années précédentes. Quand on est en stage à Calpe, où on connaît le terrain, on réalise certains tests et on a nos temps de référence. On voit les différences qui peuvent exister. C’est peut-être davantage sur la globalité du groupe qu’on peut noter un changement. L’an passé, on avait beaucoup de coureurs qui se tenaient sur un niveau très élevé. Cette année, on en a peut-être un peu moins, mais tout le monde va progresser et on va essayer d’amener le groupe au plus haut niveau dans tous les cas.

C’est aussi une équipe plus jeune, la plus jeune aussi au niveau continental cette année. Cela se ressent-il ?

On le ressent plus pour certains que pour d’autres. On a une équipe très jeune c’est vrai, et beaucoup sortent à peine des rangs juniors. C’est peut-être à ce niveau-là qu’on observe le plus de différences. Ils sont peut-être moins formatés sur certains aspects. On va avoir pas mal de travail de formation, et c’est une bonne chose, concernant l’entraînement ou les à-côtés comme la nutrition, la communication. Je pense qu’on va pouvoir beaucoup leur apporter. Les années précédentes, on avait peut-être des coureurs davantage formés, avec un petit peu d’expérience. L’équipe est certes un peu plus jeune, mais dans la globalité, ils restent très matures mentalement. C’est en tout cas un challenge, mais aussi une motivation pour nous, de repartir sur un cycle de deux ans, voire de trois avec certains. Cela permet de travailler sur une période un peu plus longue, de les former différemment, et d’y aller étape par étape, même si cela a toujours été notre philosophie.

« Le groupe va vite trouver ses marques »

Faut-il avoir des attentes plus mesurées avec ce nouveau groupe ?

On est conscients qu’on ne peut pas nourrir les mêmes objectifs qu’en 2022, mais il faut aussi que ça nous motive, et que ça les motive, à prouver ce qu’on vaut. Il ne faut pas se cacher, et continuer à se battre pour aller chercher des résultats. Peut-être que ce sera un peu plus compliqué en début de saison, mais je pense que le groupe va vite trouver ses marques. Pour certains coureurs, il faudra sans doute un peu de patience, mais certains sont déjà prêts et ont d’ores et déjà le niveau continental Espoirs.

L’équipe va aussi bénéficier d’invitations automatiques cette saison.

Le fait d’avoir terminé dans les trois meilleures équipes du classement continental est un vrai plus, et ça nous permet d’avoir cette assurance de participer aux courses qu’on souhaite. Cela nous permet aussi à nous, staff de la Conti, d’être plus détendus quant à l’élaboration du calendrier qu’on propose aux jeunes. C’était un peu plus compliqué lors des 2-3 premières années, même si en bénéficiant de l’image de l’équipe WorldTour, on n’a globalement jamais eu vraiment de soucis. Cela nous permet d’être plus sereins à l’amorce de la saison, mais aussi en vue de potentiels recrutements.

Quel va être le programme des jeunes prochainement ?

Ça va aller assez vite car on attaque les courses le 1er mars en Croatie. Les coureurs sortent du stage, ils vont donc observer un repos de quelques jours et ce sera ensuite assez léger afin d’assimiler tout le travail effectué à Calpe. Six coureurs de l’équipe vont partir en Croatie sur quinze jours, avec deux courses d’un jour et une course par étapes, et le reste du groupe reprendra les 4 et 5 mars dans le Nord, avec deux courses d’un jour. Au final, l’ensemble des coureurs va reprendre assez rapidement. C’est une bonne chose pour rester dans la dynamique du stage. Ils vont également tous se retrouver à Besançon ces prochains jours, et la répartition des habitations s’est finalisée lors du stage. Les premiers coureurs, à savoir Dylan et Trym, étaient déjà arrivés avant le stage, et les autres vont débarquer sur Besançon cette semaine.

Pour conclure, quel est ton sentiment quand tu vois les ex-Conti déjà performants au sein de la WorldTour en ce début d’année ?

Je ne suis pas du tout étonné, et je pense que personne ne l’est. On les attendait à ce niveau-là. C’est une bonne chose, et je pense qu’ils sont restés dans leur dynamique de la saison passée. Ils ne regardent pas les autres, ils font leur course et sont offensifs tout en étant à l’écoute des consignes. S’ils sont passés au niveau WorldTour, c’est qu’ils avaient le niveau. Maintenant, on va en attendre un peu plus, on espère les voir lever les bras, et ça ne saurait tarder. Ce sont de bons exemples, c’est certain. On a eu de bons exemples chaque saison, et ce dès la première année avec Kevin Geniets, qui est maintenant un pilier dans l’équipe WorldTour. Il est clair que tout cela motive les jeunes qui arrivent derrière dans la Conti.

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1 commentaire

CORLAY

CORLAY

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Le 23 février 2023 à 19:42

Belle formation, à voir cette saison sur les différentes courses. Au plaisir de vous suivre. Sportivement Albert