C’était l’étape que Thibaut Pinot et l’équipe FDJ.fr craignaient le plus et en quittant Wallers sous la pluie battante qui avait accompagné le peloton toute la journée, le Trèfle était partagé entre soulagement et satisfaction. Thibaut et ses équipiers ont signé une étape parfaite, restant au contact des meilleurs et remontant à la quinzième place du classement général.

Sur le parking des équipes, à Ypres, il n’était pas besoin de parler longtemps aux coureurs ou directeurs sportifs de chaque équipe, leur visage, fermé, en disait long sur leurs craintes, sur leur sentiment d’avoir à disputer une étape empruntant les pavés de Paris-Roubaix, à prendre les risques nécessaires à leur survie sans compromettre l’avenir. C’était le paradoxe.

Le vainqueur sortant du Tour, Christopher Froome (Team Sky) n’a pas eu le temps de voir les pavés. Victime de deux chutes, coup sur coup, après celle de la veille, il a baissé les bras et a abandonné. Les chutes, sur les routes détrempées, n’ont pas cessé, à l’image de celles de Cédric Pineau à deux reprises ou d’Arnaud Démare en début d’étape.

« Après sa chute, dit Yvon Madiot, Arnaud est reparti complètement sonné, il ne savait plus où il était. Il roulait à 20 kilomètres/heure et je peux dire que j’étais très inquiet. Il s’est alimenté, a repris ses esprits et a réussi à reprendre un Grupetto. Plus de peur que de mal… »

A l’approche du premier secteur pavé, les équipes Belkin et Cannondale ont nettement accéléré. Ce fut pour Thibaut le moment le plus compliqué.

« Dans les 10 kilomètres précédant ce secteur pavé, dit Thibaut, c’était vraiment tendu mais j’avais Arthur Vichot et Matthieu Ladagnous en permanence à mes côtés, puis William Bonnet. Une fois sur les pavés, je me suis détendu un peu, j’étais serein. Je savais que Nibali était devant mais ayant Contador et Valverde avec moi, je n’ai pas été inquiet parce que je savais que leurs équipiers allaient rouler. Finalement, je suis satisfait de mon étape. J’aime beaucoup le cyclo-cross et le VTT, j’en fais beaucoup l’hiver, et ça y ressemblait pas mal. Je me suis un peu surpris. J’ai passé l’Angleterre, maintenant l’étape des pavés. Je pense que j’ai fait le plus dur même s’il reste deux étapes de sprinteurs et que tout peut arriver, le vent, les chutes… Je suis content. »

Thibaut est désormais quinzième du classement général à un peu plus de deux minutes du maillot jaune Vincenzo Nibali (Astana) qui a fait forte impression.

« Nous sommes tous soulagés, dit Yvon Madiot, et cette étape est très importante pour Thibaut, pour sa confiance, pour son moral. Une nouvelle fois, l’équipe a fait du très bon travail. Nous avons passé deux échéances, l’Angleterre, les pavés, et c’est très bien si Thibaut atteint les Vosges dans cette position d’attente. Nous avions bien préparé cette étape, nous étions présents sur tous les secteurs pavés, notamment avec Martial Gayant et Franck Pineau. Et niveau matériel, on était très bien… »

Dans le bus, sur la route de l’hôtel, c’était le temps de la rigolade et de la décontraction. Thibaut souriait en entendant ses équipiers lui dire qu’il avait sa place pour le prochain Paris-Roubaix.

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