L’étape de Crans-Montana restera, de par sa singularité, dans les annales du Giro. Et Thibaut Pinot en demeurera le personnage principal. Dans un treizième acte réduit aux seuls 75 derniers kilomètres en raison des conditions météorologiques, le grimpeur français a animé la journée de bout en bout. Du pied de la Croix de Cœur jusqu’au sommet de Crans-Montana. Après s’être porté à l’avant en compagnie de Bruno Armirail, le coureur de Melisey n’a pas compté ses efforts pour espérer accrocher une victoire tant espérée. Dans l’ultime ascension, il a finalement bataillé avec deux hommes, tenté de les distancer à d’innombrables reprises, mais sans succès. La décision s’est faite au sprint, et le Franc-Comtois a dû se « contenter » d’une deuxième place amère et rageante. En revanche, il a profité de sa belle journée pour reprendre le maillot bleu de meilleur grimpeur et remonter au dixième rang du général.

Cette fameuse treizième étape du Tour d’Italie faisait parler depuis quelques semaines, encore davantage depuis quelques jours, et elle a réalimenté les discussions ces dernières vingt-quatre heures. D’abord privée du sommet du Col du Grand Saint-Bernard en raison de la neige, et donc censée traverser le tunnel reliant l’Italie à la Suisse, l’étape a au final tout bonnement été rabotée de 125 kilomètres. La pluie et le froid attendus dans les premières heures de course, et notamment à plus de 2000 mètres d’altitude, ont conduit coureurs et organisateurs à s’entendre sur un nouvel itinéraire. Après des réunions matinales ce vendredi, il a donc été décidé que le peloton disputerait les 75 derniers kilomètres, soit les deux dernières ascensions en territoire helvète. « C’était une étape très particulière, confirmait Sébastien Joly. Thibaut aurait voulu disputer toute l’étape, mais durant le transfert, on sentait que plus on approchait du nouveau départ, plus il avait d’énergie. Il avait besoin de faire la course ». Le départ officiel et définitif de l’étape a été donné sur les coups de 15 heures, au Châble, au pied même de la montée de la Croix de Cœur (15,5 km à 8,6%). Il n’a alors fallu que quelques hectomètres pour voir Thibaut Pinot sortir de sa réserve, dans l’ombre de Bruno Armirail. « Quand j’ai vu qu’Ineos voulait laisser partir l’échappée, que personne ne bougeait, je me suis dit que ce n’était pas possible, confiait l’intéressé. Je n’en pouvais plus d’attendre. Ça fait 15 jours que je ronge mon frein, j’ai été malade, et j’ai enfin des jambes. J’ai dit à Bruno « on y va, et on fera le point là-haut ». Je me moquais de perdre le général, je voulais l’étape. Je n’en ai fait qu’à ma tête, mais j’ai envie de profiter ».

« Il fallait que je force un peu mon destin », Thibaut Pinot

Après un premier essai infructueux, le coureur de Melisey a finalement réussi à sortir en compagnie du champion de France du contre-la-montre et à prendre part à une échappée de sept hommes. En tête, il a retrouvé Derek Gee, Matthew Riccitello (Israel-Premier Tech), Einer Rubio (Movistar), Jefferson Alexander Cepeda (EF Edcuation Easy-Post) ainsi que Valentin Paret-Peintre (AG2R Citroën). Bruno Armirail a été distancé après quelques gros relais, puis Thibaut Pinot a pris les rênes dans la deuxième partie de l’ascension et permis à l’écart d’atteindre deux minutes sur un peloton très maigre. Il a naturellement profité de sa présence à l’avant pour prendre le maximum de points au sommet de la Croix de Cœur. « Je ne voulais pas avoir de regrets aujourd’hui, confiait encore Thibaut. C’était une étape courte mais très très dure. Ce sont les étapes que j’aime, où il n’y a pas de calculs. C’est à fond du départ jusqu’à l’arrivée, et il fallait que je force un peu mon destin aujourd’hui, notamment dans le premier col pour prendre du temps. Je ne pouvais pas me permettre de rouler tranquillement ». Mais c’est aussi dans la descente que l’échappée, réduite à cinq hommes, a accru son avantage. Au moment d’entamer la vingtaine de kilomètres de vallée menant au pied de Crans-Montana, Thibaut Pinot bénéficiait ainsi d’une marge de quatre minutes en tête de course. Toutefois, la collaboration a commencé à prendre du plomb dans l’aile au sein du groupe de tête. « Cela nous a fait perdre presque une minute, indiquait Thibaut. On avait vraiment une grosse épine dans le pied ».

À plus de trente kilomètres de la ligne, certains ont fait le choix de ne plus collaborer au sein de l’échappée, mais Thibaut Pinot a fait pour permettre à cette dernière de poursuivre son avancée. À l’arrivée, l’écart était légèrement inférieur aux trois minutes avant les treize kilomètres à 7% de moyenne menant au sommet de Crans-Montana. Le coureur de la Groupama-FDJ a déclenché sa première offensive de bonne heure, puis a enchaîné avec une deuxième, une troisième, une quatrième, et une cinquième. À chaque fois, Alexander Cepeda et Einer Rubio, auparavant peu enclins à collaborer, sont malheureusement parvenus à recoller. « Ce n’est pas une montée spécialement difficile dans les roues, dans l’aspiration, et je ne luttais pas contre n’importe qui non plus, témoignait Thibaut. J’avais déjà fait beaucoup d’efforts dans le col précédent. C’est une belle montée mais c’est vraiment compliqué de lâcher des mecs sur des pentes à 7%, surtout quand on te laisse faire tout le travail. C’était compliqué à gérer et il n’y avait rien d’autre à faire. Si je ne roule pas, on se fait reprendre par le groupe maillot rose et on ne fait rien ». Malgré ses innombrables efforts, et une véritable volonté d’aller de l’avant, l’ancien vainqueur du Tour de Lombardie n’a pu se défaire des deux sangsues sud-américaines, bien décidées à lui laisser toute la responsabilité. Après avoir répondu à l’unique contre de Cepeda à quatre kilomètres du but, Thibaut Pinot a bien retenté sa chance, mais le trio s’est reformé pour les deux dernières bornes, moins difficiles.

« J’ai mis mes tripes sur la route », Thibaut Pinot

Un sprint à trois s’est donc profilé, et si le coureur haut-saônois est parvenu à suivre l’accélération de Cepeda, il a en revanche dû laisser Einer Rubio lui filer entre les doigts dans les 200 derniers mètres. C’est donc une deuxième place très frustrante qui a conclu une journée pourtant spectaculaire de sa part. « J’avais la rage durant toute la montée, confiait Thibaut, naturellement déçu. Malheureusement, j’ai peut-être payé mes efforts dans le sprint. C’est une très grosse déception. C’est un coup dur. Je voulais vraiment gagner, c’est le grand objectif de mon Giro. J’échoue de peu mais je ne peux pas avoir de regrets. J’ai tout donné aujourd’hui, j’ai mis mes tripes sur la route. Je suis souvent généreux dans l’effort et ils n’ont fait qu’en profiter. J’espère qu’ils me remercieront au moins d’avoir eu l’opportunité de jouer la victoire… » Ce vendredi, outre passer tout proche de sa septième victoire sur un Grand Tour, Thibaut Pinot a récupéré le maillot bleu de meilleur grimpeur et a grignoté cinq places au classement général pour rentrer dans le top-10. Dixième, il pointe désormais à 3’13 du maillot rose Geraint Thomas. « Le maillot bleu n’est pas le grand objectif pour l’heure, certifiait Sébastien. Ce qu’on veut vraiment, c’est une victoire d’étape et revenir au général. Le maillot est le troisième objectif, mais parti comme il est parti, je pense qu’il est capable de tout faire ». « J’espère qu’il y aura d’autres occasions, mais la montagne commence seulement et je suis pressé d’être en troisième semaine, ponctuait Thibaut. Dans huit jours, je quitte le Giro pour toujours, donc ce serait merveilleux de pouvoir lever les bras ».

4 commentaires

Pichon

Pichon

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Le 29 mai 2023 à 08:03

👍 C est dans la bataille que l’on préfère et retrouve le super grimpeur qui se donne et fini par user les autres juste rester astucieux pour garder dans le final un peu d énergie ou comme la si bien dit Thibaut Pinot un peu de patience avant de lancer le sprint oui sans doute lancer de un peut loin mais L analyse à été faite pas Thibaut Pinot il à vue l’erreur mais aussi bien dit avec des si on mes Paris en bouteille 👍génial Giro oui une victoire manque mais L essentiel c’est que la forme est la et le plaisir pour le coureur et aussi les supporters. Et que les surprises soient nombreuses pour l anniversaire du lundi 29 mai 2023 joyeux et bon anniversaire Thibaut Pinot profite de ta journée et que les victoires soient toujours là pour les prochaines courses voir un maillot à pois pour le tour de France cycliste 🚴 et une équipe soudée pour que la fête 🥂 soit magnifique et magique heureux anniversaire 🎂 bravo 👏 👏 👏 🍀 🐞 🚴 🎉💪. Avec toute l’équipe Groupama-FDJ supporter depuis Poitiers 👌🍾

Boudin philippe

Boudin philippe

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Le 20 mai 2023 à 10:50

Felicitation Thibaud tu as de la classe

Girard Bernard

Girard Bernard

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Le 20 mai 2023 à 10:29

Bravo Thibaut

PIERRE Francis.

PIERRE Francis.

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Le 20 mai 2023 à 08:24

Bravo Thibaut, la patience est une vertue et tout arrive à qui s’est attendre. Un petit coucou à Sébastien joly que j’ai connu sur les routes Drôme Ardèche quand j’étais dirigeant à l’UCA Aubenas. Courage à vous tous et bonne fin de giro.