C’est désormais une règle : Thibaut ne dispute plus jamais une course par étapes majeure sans en tirer profit. Après un début de semaine difficile mais très explicable, le leader de l’équipe FDJ s’est imposé samedi dans l’étape-reine du Critérium du Dauphiné après une très longue échappée qui lui a permis, aussi, de s’emparer du maillot à pois.

Manquant de rythme dans le prologue des Gets, distancé vendredi dans l’ascension de Vaujany, Thibaut était un peu triste, n’étant plus habitué à ne pas peser sur le déroulement d’une course, mais forcément il n’acceptait pas de ‘’quitter cette course dans l’anonymat’’. C’est donc au terme d’une échappée menée en grande partie avec Jérémy Roy qu’il s’est imposé, se jouant pour finir de Romain Bardet qu’il a devancé au sprint.

A-t-il entendu les cris d’encouragement de Marc Madiot devant sa télé ? A-t-il perçu le stress dans la voiture de son directeur sportif ? Non sans doute, trop occupé à sa réaction de champion, à aller chercher cette nouvelle victoire dans l’étape reine d’une course majeure comme dans les Tours de Romandie, de Suisse et de France en 2015.

« Thibaut a de l’amour-propre, disait en souriant Yvon Madiot. Physiquement, il est un peu comme prévu. Il arrive, il monte en pression. Hier il était un peu dans le doute mais l’objectif de départ était de sortir bien du Dauphiné. C’est une victoire importante pour lui et pour nous. »

Personne, toutefois, ne pouvait mieux parler de cette victoire que lui-même…

« Cette journée a été compliquée. Je suis allé chercher cette victoire au mental parce que je n’étais pas dans une très grande journée. Je me suis battu pour ne pas quitter le Critérium du Dauphiné sans résultat, sans certitude. J’étais obligé de passer à l’attaque parce que ce n’était pas possible de quitter le Critérium du Dauphiné dans l’anonymat. Franchement, je pensais être mieux cette semaine. Ce matin, j’étais un peu stressé dans le bus parce qu’il fallait absolument que je prenne la première échappée. La tactique était de le faire avec un équipier, et c’est de nouveau Jérémy Roy qui était là. Il est mon porte-bonheur parce qu’on a déjà connu ça. Notamment quand j’ai gagné à Porrentruy.

Mon palmarès se construit et c’est bien de mettre au fond quand l’occasion se présente. J’ai connu des années creuses mais depuis l’an dernier je gagne.

J’aime  ces arrivées au sommet, je m’entraîne pour ça et c’est pour ça que j’aime le vélo.

A dix kilomètres de l’arrivée, Bardet sentait le peloton revenir, il a attaqué et c’était bien joué de sa part. Moi, j’étais limite mais nous étions tous fatigués. Dans les premiers kilomètres des cols, j’ai toujours du mal à me mettre dans le rythme, c’est un défaut que j’aimerais gommer. Je dois m’adapter avant de gérer mon ascension. Après son attaque, Romain m’a attendu parce que je n’étais qu’à 5 secondes et que nous étions au même niveau mais il m’a fait mal aux jambes.

A trois kilomètres de l’arrivée, il a attaqué de nouveau et ça m’a surpris. J’aurais roulé avec lui jusqu’à la dernière ligne droite. J’étais à fond, je n’ai pas bluffé. J’étais plus usé que lui parce que j’étais échappé depuis le départ. Quand tu peux gagner le Critérium du Dauphiné il faut tout mettre et je l’aurais aidé s’il n’avait pas attaqué. Il voulait tout gagner, ce n’est pas la tactique que j’aurais adoptée. Ce fut un beau sprint et je suis content d’avoir joué la gagne avec lui dans une belle étape du Dauphiné. J’aime les étapes où c’est dur toute la journée, où on finit cramé.

En plus de la victoire, je prends le maillot à pois mais demain il faudra encore marquer des points puisque désormais je suis placé au général. Ça va me limiter, mais de toute façon, l’objectif est atteint. Je vais récupérer parce que j’ai mal aux jambes. Le maillot à pois c’est bien à prendre et j’aimerais rester dans le Top 10.

Cette victoire d’étape me donne raison d’avoir choisi cette course. L’équipe FDJ me donne carte blanche pour mon programme et je voulais revenir dans le Critérium du Dauphiné parce que je n’avais pas eu trop de chance les  deux fois où je l’avais disputé. A Vaujany, je me suis dit que ce n’était décidément pas pour moi mais aujourd’hui je suis heureux de briser la malédiction. Maintenant l’objectif est rempli. Je voulais gagner plus que terminer 6e au général parce que ça, ça ne me fait pas vibrer. » 

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