Thibaut Pinot a ce lundi soir changé de tunique sur le Tour d’Italie, mais ceci pour la bonne cause. Grâce à deux brèves accélérations dans la dernière heure de course, le grimpeur franc-comtois a pu franchir en tête les deux ascensions de la deuxième étape, récolter douze points au classement de la montagne, et de fait enfiler le maillot « azur » à l’arrivée. Une première pour lui. Le leader de la Groupama-FDJ a par ailleurs terminé dans un petit peloton, aux côtés de Lars van den Berg, Bruno Armirail et Stefan Küng, qui demeure pour sa part quatrième du général avant la première arrivée au sommet mardi.

Pour la deuxième journée consécutive, le Tour d’Italie affichait ce lundi un kilométrage supérieur à 200 kilomètres. Deux-cent-treize bornes composaient très exactement le troisième acte de la « Corsa Rosa » entre les Abruzzes et la Basilicate en passant par le Molisé. Un nouveau sprint était attendu, mais bien moins massif que la veille en raison des deux montées situées dans la dernière heure de course. L’échappée du jour, en revanche, a suscité encore moins d’intérêt que dimanche puisque les coéquipiers Alexander Konychev et Veljko Stojnić (Corratec-Selle Italia) n’ont pas été accompagnés dans leur entreprise après quelques hectomètres. Une longue journée s’est ainsi profilée pour l’ensemble des coureurs sur un terrain sans difficulté dans sa première partie. Le peloton a facilement contrôlé le duo de fuite, et malgré l’apparition de la pluie à la mi-parcours, la course est demeurée relativement calme jusqu’à quarante bornes du terme, soit au pied de la première et avant-dernière difficulté de la journée. L’échappée y a rendu les armes, le peloton a dégrossi en un clin d’œil, et à l’approche du sommet, la silhouette de Thibaut Pinot est apparue à l’avant du paquet.

« Un petit bonus », Thibaut Pinot

Quelques instants plus tard, le Franc-Comtois s’est dressé sur les pédales et a fourni une accélération brève mais suffisante pour passer en tête au sommet. Il a remis ça dans la bosse suivante et a pu s’octroyer douze points au classement de la montagne en l’espace de dix kilomètres, s’assurant dès lors la prise du maillot bleu de meilleur grimpeur. « Aller chercher ce maillot n’était pas dans les plans, assurait-il ensuite. C’est parti d’une discussion avec Rudy durant l’étape qui était, il est vrai, très longue. C’est devenu possible lorsque l’échappée a été reprise, et ça ne m’a pas coûté d’énergie. Il fallait aussi être placé pour aborder les descentes, c’était donc un effort utile ». Une soixantaine d’hommes a survécu aux deux bosses au sein du peloton, et Michael Matthews s’est un peu plus loin imposé au sprint. Jake Stewart, ambitieux pour l’étape du jour, a vu s’envoler ses espoirs relativement tôt après une crevaison dans la première montée. « Cela l’a clairement pénalisé, indiquait Sébastien Joly. C’était ensuite difficile de pouvoir rentrer. Kono était avec lui, a bien bossé pour limiter l’écart, mais ça allait trop vite devant ». Lars van den Berg, Bruno Armirail, Stefan Küng et Thibaut Pinot ont pu maintenir leur place à l’avant jusqu’au terme de l’étape, et le rouleur suisse a conservé sa quatrième place au classement général.

Thibaut Pinot a quant à lui pu goûter au podium protocolaire pour la première fois sur ce Tour d’Italie et s’est paré de bleu ciel. « C’est toujours bien de porter un maillot distinctif, glissait-il. Pour l’instant, ce n’est pas un objectif. Je suis focalisé sur le général. C’est un petit bonus et ça me fait plaisir d’avoir ce maillot pour la première fois. C’est également mon premier maillot distinctif sur le Giro, et ça ne m’a rien coûté. Ça permet aussi de casser un peu la spirale négative, avec la chute de Rudy, le chrono où on espérait un peu mieux et la cassure d’hier. Ça permet de repartir du bon pied et c’est une bonne chose ». « Thibaut a pris le maillot de façon assez naturelle, et c’est bien pour le moral, complétait Sébastien. On a aussi réussi à courir davantage groupé aujourd’hui, et c’était le plus important pour nous. Les objectifs initiaux restent les mêmes, on est focalisé là-dessus ». Mardi, le classement général pourrait largement évoluer puisque 3600 mètres de dénivelé et une arrivée au sommet de Lago Laceno seront au menu de la quatrième étape. « Je ne pense pas qu’il y aura la grande bagarre demain mais certains vont essayer de se tester, ponctuait Thibaut. Il y aura tout de même des écarts car l’arrivée est dure, mais il y aura surtout une grosse bataille pour l’échappée car je pense que le maillot rose changera d’épaule demain ».

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