La tunique de champion de Suisse reste dans la maison Groupama-FDJ. Après Steve Morabito en 2018 et Sébastien Reichenbach en 2019, c’est Stefan Küng qui l’a décrochée en cette toute fin de saison 2020. Déjà couronné à l’échelon national et européen sur le contre-la-montre, le coureur de 26 ans a remporté son tout premier titre dans la course en ligne samedi, à Märwil, mettant donc un terme à sa saison de la plus belle des manières.

« Je me suis dit que cette situation pourrait ne plus se reproduire », Stefan Küng

Ils étaient soixante-dix pour un titre, et l’Équipe Groupama-FDJ pouvait elle compter sur quatre hommes lors du championnat de suisse de la course en ligne samedi. En plus de Sébastien Reichenbach, qui remettait son titre en jeu, Stefan Küng, Fabian Lienhard et Kilian Frankiny étaient également en lice pour le sacre national. Dans une course comme de coutume assez ouverte, de par l’absence d’une armada capable de tout contrôler, il était important de ne pas courir à contretemps. « Pour ma part, la tactique de rester plutôt tranquille dans la première partie de course et de laisser faire les autres, exposait Stefan Küng. C’est ce que j’ai bien réussi à faire. Les toutes premières attaques ont été suivies par Fabian et Sébastien. Par conséquent, les autres équipes ont dû faire le travail pour les récupérer, car il s’agissait tout de même d’attaques dangereuses ».

Dans les cinquante premiers kilomètres, le champion sortant Sébastien Reichenbach a d’abord accompagné un coup de trois hommes avec Simon Pellaud et Danilo Wyss avant de voir son compère Fabian Lienhard revenir autour de la mi-course. Le peloton est néanmoins toujours resté sur les talons des fuyards et un regroupement s’est finalement opéré après environ 110 kilomètres de course. « J’ai vu que tout le monde était un peu à la limite à ce moment-là, relatait Stefan. Ça avait vraiment beaucoup bagarré jusque là, c’était vraiment dur. Alors je suis sorti de ma réserve un peu plus tôt que prévu, et j’ai mis mon attaque à cet instant car je me suis dit que cette situation pourrait ne plus se reproduire, qu’il serait plus compliqué de faire la différence physiquement plus tard. J’ai tenté ma chance et une fois que j’ai pris 50 mètres, je me suis dit « c’est à toi de jouer, si tu es assez fort, tu ramènes ce maillot ». J’ai aussi pu bien compter sur le soutien de mes coéquipiers derrière. Ils ont couvert toutes les attaques des autres concurrents et ça m’a permis de creuser l’écart. Ça a alors été un long chrono de 70 kilomètres ».

« J’ai gagné ma toute première course ici, en 2004 », Stefan Küng

Parti dans un raid solitaire, Stefan Küng a dès lors constamment augmenté son avantage tandis que Kilian Frankiny, Sébastien Reichenbach et Fabien Lienhard défendaient ses intérêts dans un contre d’une quinzaine d’hommes. Le champion de Suisse et d’Europe du chrono, qui cumulait trois minutes d’avance à trente kilomètres de la ligne, a finalement sereinement rejoint la ligne en vainqueur, avec une marge conséquente de cinq minutes. Ils étaient soixante-dix au départ, mais il y avait donc Stefan Küng et les autres ce samedi. « Je connaissais très bien le parcours, rappelait le coureur helvète de 26 ans. Il y a toujours eu des courses ici et j’y ai d’ailleurs gagné ma toute première en 2004, à l’âge de 10 ans. Ça fait forcément plaisir de gagner ce titre sur ce parcours-là, d’autant que c’est à 10-15 kilomètres de la maison ». Dans une saison courte mais intense, Stefan Küng aura ainsi décroché trois titres, auxquels il convient d’ajouter une médaille de bronze aux Mondiaux du chrono mais aussi un podium sur le BinckBank Tour, une cinquième place sur Gand-Wevelgem, une huitième sur les 3 Jours de Bruges-La Panne et une quinzième, il y a maintenant près de trois mois, sur les Strade Bianche.

« Je suis très content que le monde du cyclisme ait réussi à organiser presque toutes les courses, glissait-il. À l’exception de Paris-Roubaix, nous avons pu faire toutes les grandes courses comme prévu. Je veux d’ailleurs dire un grand merci et tirer mon chapeau aux organisateurs de ce championnat de Suisse. Quand ils ont pris l’initiative d’organiser cette course il y a quelques semaines, on n’était sûrs de rien, mais elle a bien eu lieu, et dans de bonnes conditions sanitaires. Cela m’a donné d’autant plus envie de faire honneur à cette course, à ce maillot mais aussi à l’organisateur qui a investi autant de temps et d’implication ». Désormais paré de tuniques distinctives dans la course en ligne et le chrono, Stefan Küng concluait dans un sourire : « Je peux me débarrasser de tous les maillots Groupama-FDJ qui sont dans mon armoire. Je me réjouis en tout cas de pouvoir porter ce maillot de champion de Suisse dès l’an prochain ».