En ouverture du Tour de Suisse ce dimanche, Stefan Küng s’est offert un succès particulier à plus d’un titre. Avant toute chose, le rouleur helvète s’est imposé chez lui, à seulement un kilomètre de son domicile, dans le contre-la-montre d’environ onze kilomètres tracé autour de Frauenfeld. Qui plus est, le champion d’Europe de la discipline s’est adjugé sa toute première victoire dans un chrono au niveau WorldTour depuis son arrivée au sein de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ. Une nouvelle case cochée, et sa troisième victoire personnelle de l’année.

« Je me suis toujours senti en contrôle », Stefan Küng

À l’inverse du Critérium du Dauphiné, qui s’est ce dimanche conclu sous le soleil, le Tour de Suisse s’est élancé sous un temps quelque peu maussade dans le canton de Thurgovie, au nord du pays. De fait, les conditions météorologiques pouvaient potentiellement influencer le classement d’un contre-la-montre relativement technique, comprenant une bonne dizaine de virages. « Il y avait une petite ouverture au niveau de la météo, selon les prévisions, et beaucoup d’équipes avaient choisi le même créneau pour leur coureur protégé, indiquait Franck Pineau. Au final, néanmoins, quasiment tout le monde a disputé le chrono sous la pluie et sur une chaussée mouillée ». Naturellement désigné comme l’un des favoris pour l’épreuve, Stefan Küng s’est élancé peu avant 16 heures. Le meilleur temps appartenait alors à son compatriote Stefan Bissegger, lauréat du chrono de Paris-Nice et auteur d’une marque de 12’04. La barre était certes haute, mais pas inatteignable. Aussi fallait-il fructifier toutes les portions possibles du parcours. « Stefan est passé tellement vite dans les virages, s’exclamait Franck Pineau. J’ai rarement été aussi vite sous la pluie. Vraiment, c’était super rapide. Il m’a fait un peu peur, mais il semblait vraiment en maitrise. On avait l’impression que le vélo était collé à la route pour ne pas glisser ».

« Honnêtement, je n’ai pas l’impression d’avoir pris beaucoup de risques aujourd’hui, assurait Stefan. Je me suis toujours senti en contrôle. Je n’ai jamais eu l’impression de dépasser les limites. J’avais bien analysé le parcours. Je savais exactement où il y avait une plaque d’égout, où je pouvais passer les lignes blanches plus vite… J’étais en contrôle, je me sentais lié à mon vélo et j’ai pu me concentrer à appuyer sur les pédales. Dans un chrono de dix kilomètres avec tellement de virages, on sait que ça va se jouer à peu ». Extrêmement fluide dans ses trajectoires et très véloce dans son coup de pédale, le champion d’Europe a semblé tel un poisson dans l’eau. « En temps normal, il ne laisse déjà rien au hasard, poursuivait Franck. Il est toujours très méticuleux dans la reconnaissance. Il regarde tout, il passe et repasse… Il a fait exactement pareil cette fois-ci, sauf qu’il avait une petite motivation supplémentaire : il était chez lui ». Une somme de nombreux facteurs a ainsi conduit Stefan Küng à s’emparer du meilleur temps, pour quatre secondes, à l’arrivée. Il a ensuite dû patienter une bonne heure avant de pouvoir célébrer son succès. « Aujourd’hui, j’avais un plan et je l’ai parfaitement exécuté, se félicitait l’intéressé. Evidemment je connaissais les routes, mais on ne passe pas les ronds-points à gauche quand il y a du trafic… J’étais confiant dans mes forces, à la fois physiquement et techniquement. J’ai fait exactement ce que je voulais faire, et j’ai pu faire la différence comme ça ».

« On est libérés, on ne va pas calculer », Franck Pineau

Sa troisième victoire de la saison, après le chrono et le général du Tour de Valence, avait une saveur toute particulière. « Je suis vraiment content de gagner aujourd’hui, car je suis à la maison, j’habite à tout juste un kilomètre d’ici, commentait-il. Ce sont les routes sur lesquelles je m’entraîne tous les jours. Je connaissais toutes les personnes de l’organisation, mes amis et ma famille étaient là le long de la route. Cela rend cette victoire très spéciale. De plus, je n’aurais jamais imaginé être assis ici (dans le siège de leader) il y a deux semaines. Je commençais à bâtir ma forme et je n’étais pas au top sur mes premières sorties de chrono. Néanmoins, j’ai senti que je m’améliorais au fil des jours et j’étais finalement plutôt confiant au départ ». Non seulement prophète en son pays, Stefan Küng s’est aussi imposé pour la toute première fois dans sa discipline de prédilection, au niveau WorldTour, depuis son arrivée dans l’équipe en 2019. « C’est une vraie performance, soulignait Franck Pineau. Ce n’est pas une surprise de le voir gagner, mais ce n’était pas du tout joué d’avance avec ces nombreux virages et la pluie. Je veux aussi saluer la performance des mécanos. Quand ça se joue à la seconde, un grain de sable peut tout mettre à terre. Tous les clignotants étaient au vert et je veux féliciter l’ensemble du staff ».

Qui dit première étape dit forcément maillot jaune. Un paletot que Stefan Küng avait déjà pu endosser il y a trois ans. « Je pense que ça va être dur de le garder demain, indiquait le Suisse. Tout dépend si les autres coureurs mettent le feu dans la dernière ascension, assez raide. Je pense que ma forme est bonne et on verra ce que ça donne. Le plus important était néanmoins de gagner une étape. Si je ne garde le maillot jaune qu’un jour, qu’il en soit ainsi, mais je ferai de mon mieux pour le défendre ». Avec une victoire d’étape en poche, le Tour de Suisse de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ est quoiqu’il en soit parfaitement lancé. « Sur le papier, notre plus grande chance se situait sur ce chrono, concluait Franck. On a concrétisé, et tant mieux. Maintenant, on a une très belle équipe qui veut aussi se montrer tous les jours. On est libérés, on ne va pas calculer, on va se faire plaisir et aller de l’avant. Quand on démarre une course WorldTour de cette manière, on est forcément plus serein pour la suite. Je veux qu’on saisisse toutes les opportunités qui se présenteront ».

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