La « Corsa Rosa » 106ème du nom est désormais ouverte. Sur la côte des Abruzzes ce samedi, tout a commencé avec un contre-la-montre de près de vingt kilomètres. Parmi les favoris de l’épreuve chronométrique, Stefan Küng n’a, comme le reste du plateau, pu rivaliser avec Remco Evenepoel dans cet acte d’ouverture, mais il s’est néanmoins doté d’un solide top-5 à l’arrivée. Paré de son maillot de champion de France, Bruno Armirail (11e) a lui échoué à seulement deux secondes du top-10. C’est parti pour trois semaines !

« C’est de bon augure pour la suite », Bruno Armirail

La saison 2023 des Grands Tours débutait donc ce samedi 6 mai, sur le littoral transalpin, entre Fossacesia Marina et Ortona. C’était un circuit quasi-intégralement tracé en bord de mer qui faisait office de théâtre pour la première bataille au maillot rose. Dix-neuf kilomètres six-cents composaient le contre-la-montre individuel d’ouverture, dont 16,5 plats comme la main avant une bosse de 1200 mètres à 5% puis un dernier morceau pour rallier la ligne d’arrivée. Dès cette première journée de course, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ était grandement concernée. « On a abordé ce chrono de manière très sérieuse et appliquée, expliquait Julien Pinot. On avait surtout trois coureurs qui devaient le faire à 100% : Bruno, Thibaut et Stefan. On avait fait de bonnes reconnaissances, tout le matériel était au top, et le plan de gestion était adapté à chacun pour essayer de viser la meilleure performance possible ». Avant que le trio ne s’élance, ce sont tour à tour Fabian Lienhard, Ignatas Konovalovas, Jake Stewart, Lars van den Berg et Rudy Molard qui ont complété le parcours en un peu plus de vingt-quatre minutes. Bruno Armirail s’est présenté sur la rampe à 15h52, et a tout suite été dans l’allure. Le champion de France de l’exercice est passé en deuxième position aux premier et second intermédiaires, avant d’hériter de la troisième place provisoire à l’arrivée. « Je pense que j’ai fait un bon chrono jusqu’au pied de la bosse, mais la bosse est quand même dure quand on fait tout à bloc, indiquait-il. J’ai un peu coincé dans la montée finale, mais les jambes sont plutôt correctes, c’est de bon augure pour la suite du Giro ».

En 22’15, le rouleur occitan s’est complètement rassuré, puis Thibaut Pinot a lui complété son étape en 23 minutes et une seconde. « C’était très dur et ça allait très très vite, indiquait le grimpeur de Melisey. C’était pour les coureurs puissants, il fallait emmener du braquet. C’est toujours compliqué pour moi quand il y a un chrono le premier jour, mais je suis très content que ce Giro ait enfin débuté et j’espère avoir de bonnes jambes pour faire quelque chose en montagne ». Dernier représentant de l’équipe en course, et forcément la meilleure carte, Stefan Küng s’est élancé entre Remco Evenepoel, Primoz Roglic et Filippo Ganna. Si le Suisse a pu se rapprocher des marques précédemment établies, il n’a en revanche pu tenir le rythme du prodige belge, qui n’a laissé aucune chance à la concurrence ce samedi. Ce dernier a établi un chrono de 21’18, vingt-deux secondes devant son dauphin du jour Ganna, et quatre-trois secondes devant Stefan Küng finalement cinquième de cet acte d’ouverture. « J’ai essayé de me préparer comme il faut pour ce Giro après les Classiques, glissait le coureur helvète à l’arrivée. J’ai fait mon maximum aujourd’hui, mais Remco a montré qu’il était le patron sur un parcours qui lui convenait très bien. Je termine trop loin pour avoir eu un impact sur la bataille pour l’étape. J’ai eu deux ou trois soucis durant ma préparation, mais ce n’est pas ça qui fait perdre toutes ces secondes. Dimanche prochain, le parcours du deuxième chrono me conviendra mieux. C’est une nouvelle opportunité, et d’ici là il y a aussi plein d’étapes. En tout cas, le Giro est lancé ».

« Evenepoel était difficilement battable aujourd’hui », Julien Pinot

La Groupama-FDJ a donc achevé ce solide premier acte avec une cinquième place pour son ancien double champion d’Europe, et une onzième place pour Bruno Armirail. « Pour Stefan, l’objectif était la gagne face à un plateau type championnat du monde, ajoutait Julien Pinot. Sur les 3-4 dernières années, un coup il les bat, un coup c’est eux. Aujourd’hui, Evenepoel a affiché un très haut niveau et il était difficilement battable même avec un Stefan au top de sa forme. Le fait qu’Evenepoel écrase à ce point le chrono atténue un peu la déception. On visait évidemment mieux qu’une cinquième place, mais ça reste un effort intéressant. Il y avait un gros plateau, et il y a encore une belle chance pour Stefan dans neuf jours. La préparation pour le Giro a été en elle-même une course contre-la-montre pour lui après Roubaix. Ça allait bien, mais il fallait être à 100% pour ne serait-ce qu’être sur le podium. Bruno a lui réalisé une excellente performance. Il est un peu frustré de ne pas entrer dans le top-10 (11e à deux secondes, ndlr) et n’est pas non plus si loin du top-5. C’est un gros chrono de sa part, qui augure un bon Tour d’Italie, où il aura un rôle important auprès de nos leaders. Quant à Thibaut, il a fait un chrono correct, voire un peu mieux que certains qu’il a faits ces deux-trois dernières saisons. Pour le général, Almeida, Geoghegan Hart et Roglic ont pris une petite avance aussi, mais on savait qu’on allait perdre du temps sur les deux premiers chronos. Il est en revanche plus proche des autres grimpeurs comme Caruso, Uran, Arensman ou Haig ».

Après cette première empoignade entre rouleurs et prétendants au général, ce sont les sprinteurs qui sont attendus dimanche à San Salvo, après 202 kilomètres.

Aucun commentaire