Depuis plusieurs jours, Stefan Küng ne pensait qu’au dernier contre-la-montre du Tour de France. Le champion d’Europe a donc tout donné à travers les vignes du Bordelais, mais cela n’a pas suffi ce samedi pour accrocher la seule place qui l’intéressait : la première. Dauphin de Pogacar à Laval, le rouleur suisse a finalement achevé ce vingtième acte à la quatrième place, un peu plus de trente secondes derrière le vainqueur Wout Van Aert. À la veille de l’arrivée finale à Paris, et avant de s’envoler pour Tokyo, Stefan Küng apporte à l’Équipe cycliste Groupama-FDJ son huitième top-10 dans cette édition 2021 de la Grande Boucle.

Dès l’issue, défavorable, du premier contre-la-montre à Laval, Stefan Küng avait pris rendez-vous pour le second chrono du Tour entre Libourne et Saint-Émilion, prévu à la veille des Champs Élysées. Au sortir d’une solide traversée des Pyrénées, le champion de Suisse abordait cette échéance dans de bonnes dispositions, sur un parcours de 30,8 kilomètres très roulant et favorable aux purs spécialistes. Avant que le champion d’Europe ne s’élance, aux alentours de 15h30, c’est d’abord le médaillé d’argent des derniers championnats de France de la discipline qui a pris le départ. Bien en jambes, Bruno Armirail est allé réaliser un très solide temps qui l’a installé à la troisième place provisoire à son arrivée. Au bout du compte, l’Occitan a hérité d’une honorable douzième place en troisième semaine de son premier Tour de France. « J’ai fait un chrono correct, expliquait-il. Mais du fait d’avoir été malade dernièrement, je n’avais pas autant de force que d’habitude. Je l’ai ressenti aujourd’hui. J’aurais bien aimé faire ce contre-la-montre en pleine possession de mes moyens, mais j’espère que j’aurai l’occasion de le faire ces prochaines années ».

« Je reviendrai », Stefan Küng

Une petite heure après Bruno Armirail, Stefan Küng s’est donc élancé à son tour. Désigné par beaucoup comme l’un des favoris du jour, le champion d’Europe a démarré en trombe et comptait même dix secondes d’avance au premier intermédiaire. « Je voulais absolument gagner aujourd’hui, racontait plus tard le rouleur helvète. Je me sentais très bien et j’étais super motivé au départ. Peut-être trop, en fait, car je suis parti trop fort et je l’ai payé ensuite. Je suis un spécialiste et je sais ce qu’il faut faire, mais on est sur le Tour, et j’étais extrêmement motivé. Je pensais que ça pouvait être mon jour. J’avais une grosse envie de bien faire. Je me sentais vraiment confiant, et ayant déjà fait deux fois deuxième sur le Tour, je voulais absolument cette victoire. Je me suis peut-être un peu enflammé, et une fois qu’on se met dans le rouge, on ne parvient plus à récupérer sur un tel chrono. Alors, tout devient très compliqué et c’est juste de la pure souffrance ». Au second pointage intermédiaire, le rouleur suisse perdait ainsi son pécule d’avance et se voyait finalement reléguer à treize secondes de Kasper Asgreen à son arrivée sur la ligne. Finalement, Jonas Vingegaard, mais surtout le vainqueur Wout van Aert, l’ont également devancé et le champion de Suisse a donc dû se contenter de la quatrième place du jour.

« Stefan attendait ce contre-la-montre avec impatience, pour faire du mieux possible, mais il y avait meilleurs que nous aujourd’hui », glissait simplement Marc Madiot. « La déception l’emporte clairement, reprenait le médaillé de bronze des derniers Mondiaux. Quand on veut absolument gagner, on peut aussi commettre des erreurs, mais il y aura d’autres opportunités. Ceci étant dit, le temps de Wout remet tout en perspective. Il a fait ce que je voulais faire : écraser tout le monde. Mais je reviendrai ». Aussi, la dynamique du coureur suisse, auteur de trois top-5 sur ce Tour de France, ne s’interrompra pas demain à Paris puisqu’il ambitionnera une médaille lors du contre-la-montre des Jeux Olympiques. « Je sais que la condition est là, et j’ai la sensation de bien récupérer car j’avais de super jambes aujourd’hui, assurait-il. Je suis confiant pour Tokyo ». David Gaudu prendra lui aussi la direction du Japon à l’issue de cette Grande Boucle, dont il s’est assuré la onzième place finale ce samedi lors du contre-la-montre. Place désormais à une dernière étape réservée aux sprinteurs dans la capitale hexagonale. « C’est toujours un moment spécial d’arriver sur les Champs Elysées, préfigurait David. Je pense à Bruno, pour qui ce sera une première. De mon côté, j’ai déjà la tête tournée vers les Jeux Olympiques dans une semaine ».

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