Au sortir d’un début de saison tonitruant, comme elle n’en avait jamais connu depuis sa création, la « Conti » Groupama-FDJ s’est présentée confiante au départ du Giro Ciclistico d’Italia, communément surnommé « Baby Giro », le 3 juin dernier. Au terme des dix jours de courses, le bilan n’est néanmoins, pour des raisons diverses, pas celui espéré. Le directeur sportif du groupe en Italie, Jérôme Gannat, revient sur ce séjour transalpin au goût d’inachevé.

« L’abandon d’Alexandre laisse des regrets », Jérôme Gannat

Tout a débuté au pays de Marco Pantani, sur la côte adriatique, le 3 juin dernier. L’un des plus grands rendez-vous du calendrier Espoirs représentait aussi l’un des objectifs majeurs de la Conti pour cette saison 2021. Or, la première étape du Baby Giro a immédiatement donné une tendance qui n’était pas pour favoriser l’équipe de Jérôme Gannat, pour rappel composée d’Alexandre Balmer, Laurence Pithie, Reuben Thompson, Antoine Raugel et Marijn van den Berg. Cette première étape, plutôt plate, aurait en effet pu sourire aux sprinteurs, et donc à un Van den Berg en verve depuis le début d’année. Mais comme toutes les étapes de « plat » de l’épreuve, elle a finalement été enlevée par l’échappée. « Il y avait en effet trois possibilités de sprints, racontait Jérôme. Dans la première étape, l’échappée a pris dix minutes et est allée au bout. Avec des équipes de cinq coureurs, personne ne voulait contrôler. Lors de la troisième étape, Marijn tombe dans le final, Laurence fait onzième, mais l’échappée l’emporte à nouveau. Le dernier jour, Marijn remporte le sprint du peloton mais il y avait encore une échappée devant et nous n’étions plus que trois… Il n’y a pas eu un vrai sprint pour la victoire. C’était plus décousu que ce qu’on avait connu jusque là. Peu d’équipes voulaient des arrivées au sprint hormis nous, Lotto-Soudal voire SEG Racing. Mais c’est tout… sur 35 équipes ! » Difficile, de fait, d’aspirer à mieux qu’à des places d’honneur pour Marijn van den Berg (5e) et Laurence Pithie (11e et 12e).

Comme chaque année, l’épreuve était donc clairement destinée aux puncheurs/grimpeurs. Si le prodige espagnol Juan Ayuso a régné sur le classement général, la « Conti » a également tenté de faire valoir ses cartes dans cette perspective. « On avait l’ambition, avec Alexandre et/ou Reuben, d’intégrer le top 10, rappelait Jérôme. Alexandre avait bien démarré et avait répondu présent partout, notamment dans le final à Imola sur la deuxième étape. Malheureusement, il a chuté lors de la troisième étape et subi un choc assez violent avec une barrière. Malgré tout, il avait réalisé un bon chrono (9e), ce qui le plaçait 7e du général après quatre étapes. On espérait que les effets de la chute allaient s’estomper, mais un hématome à la cuisse l’handicapait vraiment à l’effort. Il a souffert au lendemain du chrono, perdu beaucoup de temps, et ça ne servait plus à rien de continuer. Il était en souffrance et ne pouvait pas s’exprimer à 100%. Ça laisse des regrets. Quand on voit comme il marchait, il aurait certainement pu intégrer le top 10 final, mais c’est la course… » Reuben Thompson a dès lors pris le relais dans l’optique d’un classement général. « Il a été régulier, mais ce n’était pas assez pour accompagner les meilleurs, ajoutait Jérôme. Je pense qu’il avait moyen de faire beaucoup mieux, mais c’était aussi une première pour lui sur une course de dix jours à ce niveau. Il était douzième du général à deux jours de l’arrivée mais perd cinq minutes à cause d’une chute au pied d’un col. Cela lui coûte cinq places au général ».

« Une petite déception qui nous servira pour le futur », Jérôme Gannat

La « Conti » Groupama-FDJ a donc achevé son troisième Baby Giro avec trois top-10 d’étape et un top-20 final. « On était partis avec pas mal d’ambitions, concluait Jérôme. En termes de résultats bruts, il y a certes des places d’honneur mais pas de performances marquantes. Nous n’avons pas réussi à trouver la bonne dynamique d’entrée. Du coup, on était toujours un peu en retrait et on a, il est vrai, un peu subi. Pour autant, cette expérience reste intéressante pour l’avenir. C’est aussi ma première fois au Baby Giro et j’ai appris de son fonctionnement et de son déroulé. Il faudra peut-être revoir notre préparation pour ce genre d’épreuve. Par rapport à d’autres équipes du plateau, nous avions davantage de routiers/sprinteurs. Cela nous aurait été bénéfique si nous avions eu des arrivées au sprint, mais ça n’a pas été le cas. C’est un sentiment partagé car on n’est pas allés au bout de notre démarche, mais on ne va pas refaire l’histoire. Il y a tout de même eu des choses intéressantes, ne serait-ce que d’enchaîner dix jours de course sans repos. Pour des coureurs comme Marijn et Laurence, qui ne sont pas des grimpeurs, passer des cols fait aussi partie de leur formation et cela leur servira pour leur carrière pro. Je veux aussi retenir que l’équipe est restée soudée jusqu’au bout, même lorsqu’on n’était plus que trois, à la fois pour essayer d’encadrer Marijn au mieux, ou pour placer Reuben sur les étapes de montagne. On a effectué notre rôle d’équipe de formation jusqu’au bout. On a connu une petite déception sur ce Giro U23, mais ça nous servira pour le futur et pour notre manière d’appréhender cette course ».

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