Un peu plus de deux mois après sa chute dans Les Trois Vallées Varésines, Sébastien Reichenbach est de retour. Compte tenu de ses blessures, sa présence durant le stage de Calpe et ses états de service sur son vélo constituent un bel exploit. Le sympathique Suisse du Trèfle revient sur cet accident avec sang-froid et en profite pour dessiner les contours de la prochaine saison. Sébastien sera parfaitement dans la philosophie sportive de son équipe.

Sébastien, deux mois après une terrible chute en Italie, tu as déjà bouclé un stage avec l’équipe FDJ en Espagne. Tu es satisfait ?

Cela s’est très bien passé. Du fait de mes blessures, j’ai repris plus en douceur que d’habitude bien sûr, mais à Calpe j’ai pu monter mes charges d’entraînement en récupérant bien, sans avoir de douleurs. J’ai fait de bonnes sorties, c’est un peu inespéré. Je n’ai pas eu de souci pour enchainer des sorties de 3–4 heures. Il est vrai que j’avais repris sur home trainer assez vite. Je souffrais d’une fracture du bassin mais dans ce type de blessures, la rééducation c’est le vélo. J’ai commencé par de petites séances de 15 à 20 minutes sur vélo d’appartement deux semaines après mon accident. Puis j’ai reçu le feu vert du médecin pour rouler sur la route.

De cet accident, comme tu dis, tu en conserves des images ?

J’ai toujours les mêmes images en tête. J’ai tourné la page mais comme je dois monter mon dossier pour la justice et pour l’UCI, j’ai dû me remémorer les causes exactes de l’accident. Nous avions fait deux heures de courses dans les Trois Vallées Varésines. Dans une descente, je n’ai rien vu venir. Il n’avait pas de danger, je n’étais pas crispé, j’étais même détendu parce qu’il n’y avait aucune pression dans le peloton, ça roulait gentiment. Moi, j’étais seul. Ce n’était pas dangereux et puis j’ai ressenti un choc à mon épaule gauche. Je ne me souviens plus trop, j’ai dû tomber la tête sur le trottoir. Par terre, j’ai dit immédiatement à Jacky Maillot, le médecin de l’équipe FDJ, qu’un coureur m’a poussé. J’ai souffert d’une fracture du bassin, d’une fracture ouverte du coude très importante. J’ai eu la chance d’être opéré 48 heures après parce que quand les médecins ont vu l’état de mon coude, ils ne pensaient pas opérer. Au réveil, tout avait été fait, plaques et broches avaient été posées.

Vu les circonstances de la chute, il aurait été facile de sombrer moralement…

J’ai été bien entouré par mes proches et par mon équipe, je me suis surpris de ne pas être plus dépressif. J’ai passé le cap dans la tête mais physiquement, la coupure hivernale, je ne l’ai pas eue. J’ai passé des semaines dans un centre de rééducation, à dix minutes de chez moi avec des spécialistes à la pointe.

Où en est-on des suites de cette affaire aujourd’hui ?

L’UCI a reçu mon témoignage il n’y a pas longtemps, ceux de coureurs témoins de l’accident il y a deux ou trois semaines. Il y a également une action devant le tribunal civil. Evidemment, Moscon ne m’a pas appelé.


Comment envisages-tu la suite pour ta reprise ?

Le stage de Calpe m’a vraiment rassuré. Je pense reprendre la compétition fin février en Drôme-Ardèche, ma reprise est repoussée d’un mois par rapport à ce que je fais d’habitude. Le programme du début de saison est axé sur le Giro normalement mais ce n’est pas encore sûr à 100%. Je sais aussi que je ne vais pas disputer Tirreno-Adriatico mais le Tour de Catalogne et celui du Trentin après un stage en montagne. Le but est d’arriver moins vite au top en début de saison. Depuis quelques années, les camps d’entraînement de l’équipe FDJ sont poussés en décembre et janvier et on arrive vite en forme. Nous faisons un gros début de saison mais on le paie tous un peu au moment des grandes courses World Tour du mois d’avril. En général, en 2018, on ne va pas viser le début de saison.

Ne pas avoir un gros programme de courses ne te dérange pas ?

J’aime bien ne pas trop courir. Je sais revenir en forme en roulant seul. La compétition est nécessaire pour le rythme mais ce n’est pas la peine de tout courir à bloc. L’idée est d’être bien frais dans le Giro.

Quel bilan fais-tu de ton années 2017 ?

Mitigé. En mars je me suis cassé le pied dans un accident domestique mais j’ai fait un bon début de saison jusqu’au Giro. Puis j’ai été malade et je n’étais vraiment pas top en juillet. Je pensais me racheter sur la fin de saison après les courses World Tour du Canada où j’étais bien. J’avais le Tour de Lombardie en tête, mais il y a eu cet accident…

Alors comment vois-tu 2018 ?

Je suis revanchard. Je veux avoir le moins de pépins possibles. Mon job c’est d’être le lieutenant de Thibaut Pinot mais aussi d’être consistant en montagne. Cette année, j’étais vraiment très bien en troisième semaine du Giro. Si j’avais ce niveau en 2018, je serais ravi !

Le stage de Calpe terminé, comment as-tu programmé tes séances de travail ?

Il y a beaucoup de neige en Suisse, je vais donc m’entretenir physiquement en pratiquant le ski de fond et le ski de randonnée. J’habite dans la vallée dans les Alpes, il y a sans doute moyen de rouler sur route mais je vais attendre le stage du mois de janvier de l’équipe FDJ pour taper dedans. D’ici là, si je n’arrive pas à rouler convenablement, je vais partir sur la cote ligure, près de Gênes pour trouver de bonnes conditions.

Que penses-tu de l’effectif de la future équipe Groupama-FDJ ?

Marc Madiot a vraiment fait de bons renforts avec les coureurs étrangers Georg Preidler et Ramon Sinkeldam qui ont des profils recherchés par toutes les équipes. Il y a aussi et comme toujours des jeunes prometteurs. Au dernier stage, Thibaut Pinot était relax. Les années précédentes, il était déjà bien à bloc avec les courses de début de saison, pour le Grand Prix La Marseillaise notamment mais là, vu qu’il ne fera pas le même programme, j’ai senti qu’il était relax. De toute façon, la pression de décembre à octobre, ce n’est pas possible durant toute la carrière.

 

Par Gilles Le Roc’h

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