Sur les hauteurs de Bologne, et au pied de la basilique San Luca, Rudy Molard a ce samedi livré une performance de haut-niveau sur le Giro dell’Emilia. En grande condition, le puncheur français a même pu entamer, après une subtile attaque, la dernière des cinq ascensions de San Luca en tête. Si les favoris du jour l’ont repris au plus dur de la pente, le coureur de la Groupama-FDJ s’est malgré tout octroyé une très solide douzième place face à un plateau digne du WorldTour.
À travers les 200 kilomètres au programme du Giro dell’Emilia, pas moins de 3000 mètres de dénivelé positif étaient à engloutir ce samedi vers Bologne, où cinq ascensions de la fameuse montée de San Luca (2,1 Km à 9,4%) attendaient les coureurs. Dès la mi-course, le peloton a franchi les premiers reliefs de la journée, une poignée de minutes derrière une échappée de cinq coureurs parfaitement contrôlée par les formations de leaders. L’Équipe cycliste Groupama-FDJ était quant à elle regroupée autour de Rudy Molard. « On lui faisait confiance car il maîtrise bien ces courses-là et il est sorti en bonne condition de la Vuelta, exposait Yvon Caër. On sait que ces parcours lui conviennent à merveille quand il est en forme. C’était par ailleurs une découverte pour Clément et Brieuc, également de retour à la compétition après leur premier Grand Tour ». Avant l’arrivée sur le circuit final, l’échappée a pu franchir le Monte Calvo en tête, mais elle a été réintégrée quelques minutes plus tard. « Il y a eu quelques montées avant d’arriver à San Luca, mais rien de très important, précisait Yvon. L’idée était d’arriver avec de la fraîcheur dans le final, et on savait que ça allait se faire à la patte. C’est monté très vite dès le premier passage, et après le deuxième, il n’y avait plus qu’une trentaine de coureurs. Il y a eu un écrémage naturel immédiat en raison du gros tempo d’UAE Team Emirates ».
« Je suis content de ma performance », Rudy Molard
Après deux des cinq ascensions, Clément Braz Afonso et Rudy Molard figuraient encore dans le peloton de tête. Lors du troisième passage par San Luca, le groupe a continué de se désagréger, mais Rudy Molard parvenait à tenir son rang dans une grappe d’à peine treize coureurs ! Puis, quelques minutes plus tard, dans l’avant-dernière ascension, les favoris ont commencé à se faire la guerre. « Ça s’est attaqué sans cesse, ça ne s’est jamais vraiment posé, insistait Yvon. Les cinq montées ont été faites à un rythme très soutenu ». Un temps décroché après les accélérations de Pidcock, Del Toro & co, Rudy Molard a pu opérer la jonction dans l’ultime descente du jour. Dans cette portion de transition, il a par deux fois tenté d’anticiper ses rivaux, mais c’est finalement quelques hectomètres avant l’ultime montée de San Luca qu’il a pu légèrement se détacher. « Il a toujours couru au millimètre pour suivre les meilleurs, et à la fin, il n’avait strictement rien à perdre donc il a tenté de surprendre le groupe des favoris pour aborder la dernière montée avec un petit temps d’avance, expliquait Yvon. Ça n’a pas fonctionné, mais il n’y a aucun regret ». Le Rhodanien a bien eu l’opportunité d’ouvrir la route dans cette ascension finale, mais Tom Pidcock et les cadors n’ont pas tardé à le rattraper.
Dès lors à l’arrachée, le puncheur tricolore s’est battu jusqu’au sommet, où il a coupé la ligne en douzième position, vingt-quatre secondes après Del Toro, vainqueur. « Je suis content de ma performance, assurait-il. J’étais quand même avec les meilleurs jusqu’à la fin. Je suis content d’avoir pu les suivre vu le rythme auquel c’est monté à chaque tour. Je pense que j’ai laissé un peu trop de forces dans ma tentative au bas de la dernière montée, mais je n’avais rien à perdre. Sans ça, le top 10 était envisageable, mais j’ai préféré tenter que rester à l’abri. Il n’y a pas de regret, ça lance bien notre semaine italienne ». « Rudy a répondu présent et a fait une très belle course, soulignait Yvon. C’est un bon résultat, sur une course certes ProSeries mais avec un niveau WorldTour. Généralement, quand il est performant sur le Giro dell’Emilia, il l’est également sur le Tour de Lombardie. C’est de bon augure pour la suite ! Demain, des coureurs frais arrivent pour la Coppa Agostoni et on va pouvoir s’orienter sur une autre dynamique de course ».