À l’issue d’une troisième étape complètement déroutante, de bout en bout, Romain Grégoire a ce mercredi hérité de la deuxième place sur le Tour du Pays Basque. Parmi les plus costauds dans le groupe des favoris, le puncheur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a réglé un groupe de poursuite à Beasain. Un moment déclaré vainqueur après déclassement d’Alex Aranburu, le jeune Bisontin a finalement été reclassé à la deuxième place d’une étape où lui et ses collègues ont offert une performance collective de premier plan.
Comme le confiait Romain Grégoire lui-même au départ de Zarautz, le peloton du Tour du Pays Basque entrait « dans le vif du sujet » ce mercredi. Plus de 3000 mètres de dénivelé positif étaient répertoriés sur les 156 kilomètres à couvrir, avec quelques ascensions relativement longues et d’autres beaucoup plus raides et explosives. Du fait d’un terrain de jeu très accidenté, les tentatives d’échappée n’ont pas manqué au départ, sur les coups de 13h30. Rudy Molard, Clément Braz Afonso et Brieuc Rolland ont notamment tenté leur chance dans une première heure et demie couverte à toute allure, mais au pied de la montée de Santa Ageda (9 km à 6,7), après soixante kilomètres, aucun groupe n’était encore parvenu à s’extirper. « On se doutait que ça allait être rapide au départ mais on ne pensait pas que ça n’allait jamais s’arrêter, et c’est pourtant ce qu’il s’est produit, expliquait Benoît Vaugrenard. C’était impressionnant. Il y a eu de la course d’entrée, et ça a pété de partout ». À l’issue de la plus longue difficulté du jour, le peloton a explosé en plusieurs morceaux et une sérieuse sélection s’est effectuée alors que la mi-course venait tout juste d’être atteinte.
« C’était très tactique », Benoît Vaugrenard
Ce n’est qu’à une soixantaine de kilomètres du but qu’un léger moment de temporisation a permis à certains d’attaquer. Parmi eux : Rudy Molard, qui s’est glissé à l’avant avec Marc Soler et Clément Berthet. « C’était bien joué de la part de Rudy, car il a pris un coup d’avance avant l’avant-dernière montée, soufflait Benoît. Notre crainte était que Romain n’ait plus beaucoup d’équipiers pour l’aider après cette bosse. Au final, ils sont passés, car ils marchaient fort, tout simplement ». Après le Mur de Gainza (2,3 km à 11%), à 37 kilomètres du but, Clément Berthet est parti seul en tête tandis que Romain Grégoire s’est retrouvé dans un groupe d’une quarantaine d’unités en compagnie de Brieuc Rolland, Guillaume Martin-Guyonnet, Clément Braz Afonso et Rudy Molard, repris. À une vingtaine de kilomètres de la ligne, le grimpeur normand s’est glissé dans un mouvement incluant également Florian Lipowitz, ce qui a donné lieu à un mano à mano jusqu’au pied de la montée finale entre deux groupes de favoris. « C’était assez particulier, reprenait Benoît. On a dit à Guillaume de ne pas rouler devant et on regardait un peu ce qu’il se passait derrière. Si personne n’avait roulé, on aurait été obligés de le faire car c’était tout pour Romain aujourd’hui. On a eu un petit coup de chaud mais on s’en est bien sortis ».
La jonction entre les deux groupes s’est opérée au pied de l’ultime montée (1,4 km à 9,7%), où Romain Grégoire a été déposé parfaitement alors que Clément Berthet était revu. Le puncheur bisontin s’est alors installé dans les premières positions du peloton, a répondu aux premières accélérations des favoris, et a lui-même lancé deux offensives à l’approche du sommet. « On lui avait aussi dit de se méfier du petit taquet de 500 mètres juste après, et il a été vigilant », reprenait Benoît Vaugrenard. Dix hommes à peine ont alors basculé vers l’arrivée sept kilomètres plus bas, tandis que de mini cassures s’opéraient dans la descente. « C’était très tactique ensuite, disait Benoît. On savait que Romain avait une pointe de vitesse mais il ne fallait laisser personne sortir ». Alex Aranburu et Joao Almeida ont pu atteindre les deux derniers kilomètres tout plats avec quelques mètres d’avance, puis l’Espagnol a emprunté un rond-point sur la droite aux environs de la flamme rouge tandis que le reste des coureurs le contournait par la gauche. « J’ai suivi la roue d’Almeida et Lipowitz qui étaient devant moi, expliquait Romain. On était en train de revenir sur lui mais on a pris à gauche et il a repris trois secondes d’un coup. Je pense que ce moment a été décisif ».
« Je retiens surtout la force collective », Benoît Vaugrenard
Le champion d’Espagne s’est ainsi clairement détaché à partir de cet instant, et a profité d’une mésentente entre ses concurrents pour s’imposer. Trois secondes plus tard, Romain Grégoire a gagné le sprint pour la deuxième place. Après quelques minutes, le jeune Français s’est vu accorder la victoire après déclassement d’Aranburu, qui n’avait pas suivi la direction indiquée par les signaleurs. Romain Grégoire a ainsi reçu les honneurs du podium protocolaire, mais la décision a été revue près de deux heures plus tard, réattribuant finalement la victoire à Aranburu. « On va maintenant essayer d’aller gagner à la pédale, soulignait Benoît Vaugrenard. De l’étape d’aujourd’hui, je retiens surtout la force collective. C’était vraiment excellent. Être là en nombre, à ce niveau, dans une course comme celle-ci : chapeau ! C’était beau à voir ».« Je suis venu sur ce Tour du Pays Basque en pensant aux victoires d’étapes, disait Romain. Ça a été une journée super difficile aujourd’hui, mais j’étais là même sur les cols un peu plus longs en début d’étape. Ce sera difficile demain, mais je vais me battre, et vendredi de nouveau ».